Pour la première fois dans l’histoire de l’OTAN, deux pays membres de cette organisation s’affrontent à Afrin.
Interviewé par l’agence de presse iranienne Tasnim, Farchid Baqerian, expert iranien des questions internationales, a déclaré que pour la première fois dans l’histoire de l’OTAN, deux pays membres de cette organisation s’affrontent à Afrin, en Syrie. « Il ne s’agit pas d’un conflit avec les Kurdes », a-t-il ajouté.
Farchid Baqerian a prévu que la Turquie n’élargirait pas le champ des conflits.
« Afrin est une région d’une grande importance géostratégique en raison de ses nombreux champs gaziers. Les États-Unis ont envoyé 4 000 camions chargés d’armes et de munitions à destination des Kurdes du nord de la Syrie. Les Américains ont fourni des formations militaires aux groupuscules opérant à Afrin, d’autant plus que le PKK, qui a lutté contre le gouvernement turc pendant une trentaine d’années, leur a également appris des techniques de combat. Lesdits groupuscules sont actuellement parfaitement disposé à entamer les combats. »
L’expert iranien a ensuite fait allusion aux prochaines élections en Turquie et aux restrictions dont souffrait l’AKP, le parti au pouvoir.
« L’AKP ne devra pas perdre son prestige politique s’il compte gagner les élections. Cela fait un an et demi que les forces turques sont présentes en Syrie. »
Farchid Baqerian a ensuite évoqué le bras de fer entre Washington et Ankara, en posant une question :
« Si la Turquie et les États-Unis s’affrontent et que l’OTAN a recours à l’article 5 de sa charte [Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles, survenant en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence, elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique-Nord, NDLR], quelle partie l’Organisation défendra-t-elle ? Ce sera finalement la Russie qui tirera profit de cette confrontation fratricide. Cette crise contribuerait très probablement à l’extension de l’OTAN vers l’est. Ce qui se passe à Afrin concerne plus l’OTAN que les Kurdes. »
L’expert iranien a exclu la possibilité qu’une intensification des conflits soit voulue par la Turquie.
« Je ne pense pas que les Turcs transformeront ces conflits en une guerre élargie, car ils ne pourraient pas payer en payer le coût faramineux, d’autant plus qu’ils ne veulent pas sortir de l’OTAN. De plus, les agissements de la Turquie risquent d’avoir un effet négatif sur le dossier de son adhésion à l’Union européenne. Cependant, ce qu’Ankara désire maintenant est de garantir la sécurité de ses frontières. »
Il a expliqué que les États-Unis et la Russie ne se laisseraient pas impliquer dans un conflit militaire à Afrin, car en Russie, les élections sont très attendues et Vladimir Poutine a déposé sa candidature en tant que candidat indépendant. « C’est la raison pour laquelle la Russie ne s’ingérera pas dans un conflit dont l’avenir reste très incertain. L’Iran, lui aussi, agit d’une manière prudente », a-t-il ajouté.