Par leurs bombardements, les États-Unis et leurs alliés dans la soi-disant coalition anti-Daech ont réduit en ruine la ville de Raqqa, juste pour se vanter d'une victoire ultime contre Daech en Syrie, écrit un journal russe.
"Il ne reste presque rien de Raqqa où des milliers de civils ont été victimes des raids aériens de la coalition américaine; c'est la triste réalité que les responsables américains préfèrent ignorer", a écrit ce lundi 23 octobre le journal russe La Pravda. C'est avec une parfaite indifférence envers toutes ces pertes et ruines que les Américains se targuent d'une "victoire impressionnante" dans la lutte contre Daech, ajoute le journal.
Mais ce n'est pas tout. Un sénateur russe évoque l'arrière-plan politique et les objectifs séparatistes qui se cachent derrière cette annonce.
Selon le Premier vice-président du comité du Conseil de la Fédération de la Russie pour la défense et la sécurité, Frants Klintsevich, les États-Unis et leurs alliés cherchent maintenant, à travers leurs aides humanitaires, à faire de Raqqa une ville syrienne hors du contrôle du président syrien Bachar al-Assad.
Cité par l'agence de presse Sputnik, Frants Klintsevich dénonce ainsi le double standard de l'Occident auquel même la question sensible des aides humanitaires ne fait pas exception:
"À mon avis, il y a des tentatives séparatistes visant à transformer Raqqa en capitale d'une autre Syrie, qui serait hors du contrôle du président Bachar al-Assad."
Selon lui, c'est à ces fins que Paris, Washington et Berlin ont récemment annoncé débloquer une aide financière à destination des habitants de Raqqa.
"L'aide de millions de dollars et d'euros apportée en urgence à Raqqa est encore un exemple de la politique ambivalente de la coalition internationale en Syrie, un exemple de division en ami-ennemi."
Les opérations des Forces démocratiques syriennes, soutenues par les États-Unis, contre la ville de Raqqa ont commencé le 6 juin 2017. Les terroristes se sont trouvés le 21 septembre sérieusement encerclés, mais ils continuaient de résister. La dernière phase des opérations marquées par les raids aériens de la coalition était de sorte que la population civile s'est vue obligée de fuir la ville; de nombreux civils ont ainsi trouvé la mort dans les bombardements, avant que les FDS n'annoncent officiellement le 20 octobre la libération de Raqqa.
Par ailleurs, le vice-président de la fraction Russie Unie et membre du Comité pour les Affaires internationales de la Douma russe évoque lui aussi l'empressement des chefs de la coalition internationale d'annoncer une victoire écrasante face à Daech en Syrie, comme quoi ils auraient devancé l'armée syrienne soutenue par les Russes et les Iraniens. C'est pourquoi les Américains et leurs alliés ne sont pas préoccupés du lourd bilan des pertes civiles, a aussi déclaré le parlementaire russe au journal La Pravda.
Ce que la soi-disant coalition internationale a commis à Raqqa, était un acte barbare politico-militaire. Alors que la fin de Daech en Syrie est proche, ladite coalition se focalise sur un objectif: créer un dénouement qui assure ses intérêts et devancer les forces gouvernementales syriennes soutenues par Téhéran et Moscou.
Le cri de victoire des Américains à Raqqa suscite plutôt un sentiment de colère et d'indignation, d'après le parlementaire russe qui, pour compléter son analyse, établit une comparaison entre l'attitude de la coalition et celle des forces syriennes: "(...) Et ce, alors que plus de 90% du territoire syrien a été libéré millimètre par millimètre par l'armée syrienne. Or, l'aviation russe a employé tous ses moyens pour que les frappes aériennes soient précises. Mais Washington et ses alliés ont mené des opérations barbares et sacrifié les civils pour atteindre leurs objectifs politiques."