Le site russe RBK fait publier un article où il revient sur le référendum du 25 septembre sur l’indépendance du Kurdistan irakien : « Cette démarche ne vise qu’à faire pression sur Bagdad. Les autorités d’Erbil savent bien que le projet d’un État kurde est un projet mort-né ».
Reuters a établi à 72 % le taux de participation à ce référendum, dont le résultat officiel, à annoncer 72 heures plus tard, ne fait aucun doute. Une majeure partie des Kurdes qui se sont rendus aux urnes auraient voté en faveur de l’indépendance soit 5 millions sur une population de 5,5 millions.
Le vote a eu lieu en dépit des appels de la Turquie et de l’Iran à éviter de tenir le référendum. Quant à Bagdad il n’a cessé de souligner le caractère « non constitutionnel » de ce référendum. Même les régimes arabes du golfe Persique s’y sont opposés. La seule partie à avoir ardemment pris faits et causes des indépendantistes kurdes a été Israël.
Et la position russe dans tout ça ?
Par la voie de son ministre des Affaires étrangères, la Russie a annoncé être partisane du maintien de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Irak tout en appelant Bagdad et Erbil à résoudre le litige via le dialogue.
Leondid Issaev, orientaliste et professeur à l’école supérieure d’économie de Moscou, explique plus en détail les politiques russes au Kurdistan irakien:
« Ce qui inquiète surtout la Russie c’est la question de l’énergie. Moscou ne veut pas d’une crise de plus en Irak vu qu’il a signé des contrats pétroliers aussi bien avec Erbil qu’avec Bagdad. Les tensions des relations d’Erbil avec Bagdad placent Moscou dans une situation difficile et le poussent à faire un choix entre l’une ou l’autre partie ».
Leondid Issaev a du mal à voir, dans le vote de lundi, autre chose qu’un simple jeu politique : « le référendum du 25 septembre n’est qu’un jeu politique ou une démonstration de force de Barzani et de sa famille. Car ce dernier sait très bien que la scission avec Bagdad ne va guère dans l’intérêt des Kurdes surtout que l’économie est bien en jeu et c’est elle qui risque de gravement souffrir. À vrai dire, le statu quo a largement bénéficié à Erbil : les Kurdes disposent d’une large autonomie dont ne dispose aucune autre région irakienne ; le Kurdistan d’Irak a son armée et elle est en droit de signer des contrats économiques sans avoir à demander au préalable la permission de Bagdad ».
Or, qu'est ce que Barzani veut de plus ?
En effet ce qu’il cherche est moins une indépendance que le fait de convaincre les électeurs kurdes de voter pour lui et sa famille aux élections de novembre 2017. En tout état de cause, Barzani n’a pas envie de « ghettoïser » le Kurdistan irakien. Surtout que le président turc vient de menacer le Kurdistan irakien de la plus violente des manières qu’il soit, annonçant la perspective d’un blocus total de la région : « tout sera fini quand nous fermerons les robinets à hydrocarbures. Tous leurs revenus s’évanouiront et les Kurdes n’auront plus de nourriture quand nos camions s’arrêteront à la frontière avec le nord de l’Irak. Si le gouvernement régional kurde ne revient pas sur sa décision erronée aussi vite que possible, il restera dans l’Histoire avec la honte d’avoir entraîné la région dans une guerre ethnique et sectaire ».