Pékin profite des différends géopolitiques russo-américains pour accroître son influence dans le secteur énergétique de l’Europe et du Moyen-Orient.
À ce sujet, le numéro du 22 septembre de la revue National Interest a publié une note écrite par Mark Pfeifle, ex-conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis.
« Alors que les nations du monde s’étaient focalisées sur les tweets du président américain et les chaussures de la première dame des États-Unis, la Chine a su créer un changement géopolitique en Europe qui devrait nous effrayer. Sans que personne n’y prête attention, la Chine a considérablement élargi son pouvoir militaire et économique en Europe de l’Est, une région dont dépend dans une large mesure la vie commerciale des États-Unis ; d’autant plus que Washington compte beaucoup sur l’importance géopolitique des pays de l’Europe de l’Est pour contrer à la fois l’influence des Russes et des Chinois.
En Bulgarie, entre autres, après que l’ancienne secrétaire d’État US, Hillary Clinton, eut réussi à persuader les Bulgares d’annuler leur contrat avec la société Rosatom, les Chinois y ont vu l’occasion de remplacer les Russes dans le cadre du nouveau projet nucléaire Belene.
Pour sa part, Rosatom a gagné le dossier judiciaire sur la rupture du contrat et la Bulgarie s’est vue obligée de payer 660 millions de dollars d’indemnisation, une grosse somme d’argent pour un petit pays.
Pour compenser les dégâts, les Bulgares ont choisi de privatiser le projet. Selon les médias, la Chine a fait une offre “agressive” et s’impose comme un acteur incontournable. Si l’offre chinoise aboutit, ses entreprises nucléaires étatiques pourront utiliser des équipements fabriqués en Russie, tout en exerçant leur contrôle sur le nouveau projet nucléaire avec les Bulgares.
Contrairement aux Russes, dont les plans de développement nucléaire s’appuient généralement sur un schéma de financement intergouvernemental, en confiant la gestion des projets aux gouvernements locaux, la Chine a l’habitude de se réserver un contrôle opérationnel sur les projets de coopération énergétiques, qu’il s’agisse des travaux de construction ou des affaires financières.
Alors que l’industrie nucléaire américaine n’est pas loin de la faillite, avec des compagnies désormais incapables d’investir dans les infrastructures nucléaires en Europe, la Chine semble être capable de les remplacer sans aucune difficulté budgétaire. L’influence chinoise sur les infrastructures de l’Europe s’étend donc depuis la mer Baltique jusqu’à la mer Noire. »