Le Qatar, face à ses tentatives infructueuses, se voit obligé de prendre du recul sur la question syrienne.
Le Qatar, petit pays opulent, est difficile à repérer sur la carte de la région. Du fait de sa modeste superficie et de sa faible démographie, il ne semblait pas destiné à devenir un pays puissant et influent. Doha a donc été contraint de recourir à d’autres moyens pour renforcer son rôle d’acteur majeur dans la région. La Syrie a ainsi fini par être la victime des ambitions qataries. Inspiré par l’intervention militaire européenne en Libye, le plan élaboré par le Qatar afin de parvenir à ses fins en Syrie prévoyait de recourir à trois moyens : l’argent, les médias et la coopération militaires des Européens.
Le Qatar fut le premier pays à rappeler son ambassadeur en poste à Damas et à reconnaître l’opposition syrienne. Il a ainsi joué un rôle majeur dans la coalition de l’ensemble des pays arabes contre l’État syrien. Les mesures qui ont découlé en droite ligne de la volonté qatarie incluent la suspension de l’adhésion de Damas à la Ligue arabe et le déferrement du cas de la Syrie devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Favorable à une intervention militaire, Doha fut également le premier à proposer des sanctions contre Damas. Pour renverser Bachar al-Assad, le Qatar n’a en effet lésiné sur aucun moyen, établissant des liens avec des groupes palestiniens, fournissant des armes aux ennemis de l’État syrien et unissant l’ensemble des pays arabes contre la Syrie.
En plus de soutien financier aux terroristes, il a également chargé les médias, notamment l’influente chaîne d’actualité qatarie Al-Jazeera, d’exciter l’opinion publique contre l’État syrien. Dès le début des affrontements en Syrie, Al-Jazeera a choisi de couvrir les événements de la manière la plus partiale qui soit afin de manipuler l’opinion publique et de casser le moral des combattants syriens. Cela a pris la forme d’une campagne d’intoxication contre le gouvernement de Bachar al-Assad qui, du fait de sa position ferme contre Israël et de son soutien à la Résistance palestinienne, pesait lourd sur la carte du Moyen-Orient. Dans le cadre de sa stratégie, la chaîne est allée jusqu’à mentir effrontément en n’hésitant pas à accuser Bachar al-Assad d’utiliser des armes chimiques.
Toutefois, toutes les tentatives qataries ont fini par échouer. Bachar al-Assad est resté au pouvoir sans que les terroristes parviennent à leurs fins. Sur la question syrienne, le Qatar n’a donc fait que reculer. Sans oublier que la montée des tensions avec l’Arabie saoudite, au mois de juin, a accéléré le désengagement du Qatar en Syrie.
C’est ainsi que lors du sommet annuel des ministres des Affaires étrangères à Oslo, le cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, ministre qatari des Affaires étrangères, a déclaré qu’il fallait mettre un terme à la guerre en Syrie, en Libye, en Irak et au Yémen, en disant que le peuple du Moyen-Orient avait besoin des dirigeants capables de leur apporter la paix et la sécurité. Et le ministre qatari d’ajouter : « Plus la guerre dure au Moyen-Orient, plus les jeunes risquent de tomber dans la radicalisation. » Ces propos interviennent après le changement de position d’Ankara sur la crise syrienne, qui était jusque-là l’un des ennemis jurés de Bachar al-Assad et qui faisait du départ du président syrien une condition sine qua non dans le processus de paix.
Bachar al-Assad, dans son discours annuel au sein du bâtiment du ministère syrien des Affaires étrangères, a annoncé que le plan occidental avait échoué en Syrie et que celle-ci n’était pas loin de pouvoir fêter sa victoire. La chaîne d’actualité qatarie Al-Jazeera, dans un acte sans précédent depuis le début de la crise, a diffusé le discours du président syrien en direct. À cette occasion, pour la première fois depuis sept ans et le début du conflit en Syrie, la chaîne a écrit comme sous-titre « Bachar al-Assad, le président de la Syrie » et non « le président du régime syrien ».