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Qui va gagner la bataille du pétrole, Assad ou les Kurdes?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un champ pétro-gazier à Deir ez-Zor (Archives)

Le bras armé des États-Unis en Syrie, à savoir les FDS (Forces démocratiques syriennes) ont réussi à s'emparer du champ gazier "Konoko" dans l'est de Deir ez-Zor. Secondées par l'aviation américaine, les Kurdes des FDS sont parvenus à repousser Daech, retranché dans cette localité avant de s'y installer. Vendredi, l'armée syrienne se trouvait encore à Khusham, un quartier tout près du gisement en question. 

Quelques heures avant l'annonce de la reprise du gisement gazier en question par les Kurdes, Al Akhbar avait évoqué les informations faisant état des opérations héliportées des Américains dans l'est de la ville de Deir ez-Zor, soit tout près de Konoko qui représente le plus grand gisement gazier de l'est de la Syrie. Parallèlement, certaines sources, toujours citées par Deir ez-Zor, ont fait état de l'évacuation des chefs daechistes, retranchés dans l'est de la province, ce qui laisse entendre que les Américains auraient fait place nette à Konoko avant l'arrivée de leurs alliés kurdes.

Alors que l'armée syrienne et ses alliés comptaient hisser le drapeau syrien dans le site gazier en question, son désormais contrôle par les Kurdes des FDS risque de provoquer de nouvelles frictions. Certaines sources s'inquiètent même de voir Américains et Russes revenir sur leurs accords passés et finir par en découdre avec ces accords à Deir ez-Zor. Jeudi dernier, les tensions sont montées d'un cran. Les FDS et leurs alliés américains ont pris pour cible de leur artillerie les positions de l'armée syrienne dans l'est de l'Euphrate. Aussitôt après Moscou a menacé de viser les positions des FDS et des forces spéciales US, si ce coup se reproduisait à nouveau. La Russie a informé via le Qatar les Américains de sa détermination à riposter 

Deir ez-Zor est le théâtre de deux offensives parallèles qui visent toutes les deux Daech : l'une se déroule dans la ville de Deir ez-Zor ainsi que dans sa banlieue ouest et implique l'armée syrienne et ses alliés. L'autre opération menée par les FDS et sous l'auspice des Américains vise le nord et l'est de la province. Pour les experts, la concomitance de ces deux opérations renforce les risques du face-à-face de l'armée syrienne avec les États-Unis. Deir ez-Zor est de loin la province syrienne la plus riche en pétrole et en gaz, ce qui explique l'intérêt soudain des alliés kurdes des États-Unis pour la ville et sa périphérie. Mais les ressources naturelles sont loin d'être le seul enjeu : toute avancée militaire dans cette province pourrait se présenter comme un atout pour les US et les autres au cours des pourparlers politiques à venir. Mais il y a encore plus. 

A l'image de leurs congénères irakiens, les Kurdes de Syrie souhaitent étendre " le territoire sur lequel ils comptent ériger leur future région autonome". Dans ce cadre Deir ez-Zor serait le pendant de "Kirkouk". Vendredi, les Kurdes de Syrie ont organisé leur première élection locale dans les régions du nord de la Syrie, franchissant un premier pas dans le sens d'une fédéralisation de la Syrie. La région autonome dont rêvent les Kurdes devrait se dresser dans le nord syrien. Elle inclurait trois provinces à majorité kurdophone du nord soit six communes. Les Kurdes les ont même rebaptisés : la province de Hassaka, rebaptisée en Jazeera, Kobané au nord d'Alep et Tal Abyad à Raqqa rebaptisées en Euphrate et enfin la province de Afrin qui inclut les villes d'Afrin dans le nord d'Alep et d'Al Chahba dans le sud syrien. Le chef des Kurdes de Syrie, Saleh Barhoum qui n'a cessé depuis le début de la guerre contre l'État syrien de souffler le chaud et le froid, reconnait d'ailleurs que les élections en question dont deux autres étapes restent à organiser est "sont un pas destiné à créer en Syrie une démocratie fédérale". 

Et la position russe ?

Depuis le rattachement de la Crimée à la Russie, Moscou a du mal à s'opposer directement aux tentations séparatistes. Une autonome kurde dans le nord et sud est de la Syrie ne peut donc par définition susciter l'opposition de la Russie. Ce qui risque au contraire de se heurter au " niet russe”, c'est l'alliance américano-kurde en Syrie. Le Kremlin ne tolérera jamais un tas dans l'État syrien, qui plus est, est un "État aux ordres de Washington". 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV