Les Américains disposent d’une dizaine de bases militaires dans le nord syrien. Ils ont signé des contrats politiques et militaires avec des autorités locales et ne souhaiteraient pas y perdre leur place.
Les États-Unis envisagent de maintenir leurs bases militaires dans le nord syrien, même après une victoire face à Daech. Or, le gouvernement syrien n’a autorisé que les Russes d’avoir des bases militaires sur le sol syrien, ajoute l’agence de presse iranienne Tasnim qui relate, à ce sujet, une analyse publiée par le site d’information russe Gazeta, sur l’avenir des forces étrangères en Syrie.
Le porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), Talal Selo, a déclaré à Reuters que le gouvernement américain a une approche conçue pour une durée de dix ans, concernant sa présence en Syrie. Des contrats politiques, militaires et économiques, seront signés à l’avenir, entre Washington et les autorités locales du nord syrien, ajoute ce porte-parole.
Les FDS (une alliance de forces kurdes et arabes) sont impliquées dans la lutte contre Daech à Raqqa.
Toujours selon ce porte-parole, les Américains ont récemment conclu avec les autorités locales de créer des aéroports militaires dans le nord de la Syrie. « Et ce n’est que le début de l’histoire ; ce n’est pas pour quitter facilement la Syrie que les Américains ont soutenu les FDS », a-t-il ajouté.
Talal Selo estime que les États-Unis chercheraient à se réserver une base militaire en Syrie en remplacement de la base aérienne d’Incirlik en Turquie, vu, notamment qu’un rapprochement Ankara-Moscou pourrait engendrer des impacts négatifs pour le gouvernement US.
Outre la Russie qui, suite à un accord officiel avec Damas, dispose d’une base aérienne à l’aéroport de Hmeimim, des forces militaires d’autres pays sont elles aussi présentes sur le territoire syrien. Les conseillers militaires iraniens et les forces du Hezbollah contribuent, activement, à la lutte contre Daech, précise le porte-parole des FDS. Pour sa part, Israël évoque des soucis sécuritaires, pour bombarder de façon sporadique les positions des forces de la Résistance.
À cela s’ajoutent les forces turques entrées depuis 2016 en territoire syrien, sous prétexte de combattre Daech. Malgré certaines victoires accumulées, elles sont restées dans les zones frontalières près de la Turquie. L’accord turco-irano-russe sur la création des zones de désescalade prévoyait que les forces turques assurent la sécurité de la province d’Idlib. La situation reste toujours très tendue dans cette zone toujours aux prises avec les affrontements entre le groupe Ahrar al-Cham, soutenu par la Turquie, et le Front al-Nosra (rebaptisé Front Fatah al-Cham), précise Talal Selo.
Les informations fournies par l’agence de presse turque Anadolu disent que les dix bases militaires américaines dans le nord syrien sont situées dans des zones à population kurde contrôlées par les FDS.
Cette région que certains appellent la « Fédération du nord de la Syrie » ne cache pas ses penchants séparatistes, ce que Damas ne va pas sans nul doute accepter, ajoute le porte-parole.
À ce propos, Farhat Patiev, membre du Conseil russe pour les questions nationales, estime que parmi tous les acteurs impliqués dans la crise syrienne, les Russes et les Américains sont les principaux acteurs qui doivent garantir une cessation des conflits en Syrie.
« Les Kurdes ne seraient pas contre une entente dans ce sens. Pourtant, le problème c’est que les Américains pourraient mettre les Kurdes sous pression afin qu’ils s’engagent dans une lutte avec pour but un renversement du gouvernement d’Assad, en Syrie de post-Daech. »
Toujours selon Farhat Patiev, membre du Conseil russe pour les questions nationales, bien que les Américains n’insistent pas pour l’instant sur un départ d’Assad, ils le voient toujours comme un ennemi.