Quelques jours après la visite d’une délégation israélienne à Washington pour rencontrer les autorités américaines, Yossi Melman, journaliste et analyste israélien, a assimilé cette réunion à une cérémonie de funérailles, disant qu’Israël jouait le rôle d’une veuve éplorée.
La chaîne de télévision libanaise al-Mayadeen a publié le dimanche 27 août sur son site web officiel un article portant sur cette analyse du journaliste israélien Yossi Melman.
Voici une partie de l’article d’al-Mayadeen :
« Personne d’autre que le régime israélien ne semble aussi perdant dans le dossier syrien. Cette déconfiture est visible dans l’ambiance médiatique d’Israël, où l’on voit poindre des préoccupations jamais éprouvées par Tel-Aviv depuis le début de la crise en Syrie. Ces préoccupations ne concernent nullement le feu vert de l’Occident au maintien de Bachar al-Assad au pouvoir ni l’initiative de Moscou de mettre en place des zones de désescalade en Syrie. Elles puisent, en effet, dans la déception d’un espoir raté. Dès le début de la crise en Syrie, Israël s’attendait à voir l’axe de la Résistance s’affaiblir au fur et à mesure, mais maintenant, après sept ans de conflit, la Résistance semble plus puissante que jamais grâce à sa persévérance et elle pose à Israël un défi encore plus tangible et compliqué. Le grand complot qui a largement pris pour cible la Syrie a poussé les alliés de Damas à voler à son secours et ils ont même noué leur destin à celui de la Syrie. Du coup, l’occasion pour laquelle Israël se frottait les mains s’est finalement transformée en un danger pesant sur lui. Cette menace apparaissait tellement grande à Israël qu’il ne s’est même pas donné la peine de cacher son inquiétude vis-à-vis de l’influence grandissante de l’Iran dans la région et du renforcement des capacités du Hezbollah. En effet, la donne qui règne actuellement en Syrie au profit de Damas et ses alliés est à l’origine du revirement de l’Occident, qui vient de renoncer à son ancienne exigence portant sur le départ de Bachar al-Assad. La Jordanie, même, parle de la reprise de ses relations diplomatiques avec la Syrie. Deux autres facteurs qui ont fait d’Israël un des grands perdants dans le dossier syrien sont la bataille d’Alep et les affrontements en cours aux frontières irako-syriennes. L’amer échec qu’avait vécu le régime israélien dans la guerre de juillet 2006 contre le Liban a totalement exclu l’idée du déclenchement d’un nouveau conflit militaire sans pouvoir compter sur le soutien des États-Unis, d’autant plus que la Russie reste en faveur d’une solution diplomatique parallèlement à une option militaire.
En 2006, année où Israël n’a pas réussi à atteindre ses objectifs au cours de la guerre contre le Liban, c’est le Hezbollah qui a annoncé sa victoire. Idem pour le gouvernement syrien, dont la position n’a pas été affaiblie par les conflits. Ce dont il a probablement besoin pour obtenir cette victoire est une réforme politique et un redressement économique.
Pendant les années suivant sa défaite au Liban, Tel-Aviv a commencé à consolider ses relations avec l’Asie du Sud-Est, notamment avec la Chine et l’Inde. C’est ainsi que s’explique sa décision d’élargir ses relations avec la Russie. En réalité, cela fait des années que les responsables israéliens se préoccupent de l’affaiblissement du rôle des États-Unis au Moyen-Orient et dans le monde entier et qu’ils cherchent une alternative.
Reste à savoir comment Tel-Aviv pourra faire face à un Moyen-Orient où les États-Unis n’exercent plus une grande influence, d’autant plus que l’on ne sait pas si Tel-Aviv restera, à l’avenir, un allié stratégique pour la Maison-Blanche, étant donné la transformation du système unipolaire du monde en un système multipolaire, ce qui aboutira, sans aucun doute, à une importante modification des coalitions et alliances régionales et internationales. »
Syrie: l’Iran, grand vainqueur?https://t.co/EiT1m5I8z7 pic.twitter.com/iVjUqFgCeU
— Presstv Francais (@PresstvFr) August 27, 2017