Alors que l’armée libanaise vient de lancer une vaste opération militaire ce samedi contre Daech sur les frontières libanaises avec la Syrie, opération qui vise à nettoyer les régions d’al-Qaa et de Ras Baalbek, les Américains préparent une nouvelle phase de confrontation avec le Hezbollah. La récente visite du Premier ministre libanais aux États-Unis, où l’intéressé a reçu aide et soutien de son hôte, s’inscrit dans le sens de ce projet.
Le retrait des terroristes de Saraya Ahl al-Sham des hauteurs d’Ersal dans l’Est libanais a eu lieu au terme d’une difficile bataille que le Hezbollah a remportée haut la main et que l’armée libanaise est aujourd’hui sur le point de compléter. Après leur défaite, une partie des terroristes a accepté de se retirer de Wadi Hamid, mais le retrait n’a pas touché la totalité d’entre eux. L’offensive de ce samedi vise à chasser ces cellules terroristes qui risquent à chaque instant de se réactiver et de menacer la sécurité dans la zone allant de Ras Baalbek au Qalamoun.
À Washington, Saad Hariri a promis à Trump de faire tout son possible pour « désarmer le Hezbollah ». En est-il capable ? La question n’est pas tant la capacité des uns et des autres à désarmer le Hezbollah que l’intention de Washington de passer « à l’étape supérieure » dans ses agissements contre la Résistance.
La première étape du plan US contre le Hezbollah consiste à créer « une ceinture sécuritaire » dans le nord d’Israël qui s’étendra de Quneitra à Deraa dans le Sud syrien. Cette zone devrait accueillir une force d’élite composée de terroristes d’Ahrar al-Cham, d’al-Nosra (rebaptisé Front Fatah al-Cham), de Saraya Ahl al-Sham et de Jaysh al-Islam, lesquels se déploieront dans une vaste zone qui inclut les hauteurs du Golan occupé syrien et la province de Deraa.
D’où d’ailleurs le déploiement des marines et des forces spéciales américaines à al-Tanf, situé dans ce fameux triangle frontalier entre la Syrie, la Jordanie et l’Irak : à l’heure qu’il est, ces forces spéciales sont sur le point de former les terroristes qui devront se battre contre le Hezbollah. Il va sans dire que la Résistance s’opposera énergiquement au déploiement de ce « Corps d’élite terroriste » sur les frontières syriennes avec Israël, ce qui a poussé les Américains à déterrer la résolution 1701 et à contraindre Hariri à exiger le désarmement du Hezbollah.
Bien conscients des détails du plan US, certains membres de l’Alliance du 14-Mars, courant politique de Hariri, ont d’ailleurs demandé dès le retour de ce dernier de sa visite aux États-Unis la remise à l’ordre du jour de la question du désarmement du Hezbollah et surtout le renforcement de l’armée libanaise. Est-ce dans l’intérêt du Liban ? Dans la tête des stratèges américains, il s’agit surtout d’ériger l’armée libanaise en rival du Hezbollah. C’est en ce sens que l’Alliance du 14-Mars insiste pour que la sécurité d’Ersal soit assurée par l’armée et non pas par le Hezbollah.
Désormais incapable de changer quoi que ce soit à l’équation syrienne aussi bien sur le plan militaire qu’en termes politiques, Washington cherche désormais à « briser la puissance du Hezbollah » au Liban.
Mais quelles sont les chances de succès de ce plan ? Les images diffusées à l’antenne d’Al-Manar mettant en scène le commandant en chef de l’armée libanaise, Joseph Aoun, aux côtés du président Michel Aoun n’avaient rien d’un divorce... Michel Aoun a lancé le déclic d’une offensive antiterroriste qui ne pourrait se dérouler avec succès sans la participation effective du Hezbollah voire de l’armée syrienne. Pour Aoun, « la Résistance fait partie des forces de défense nationale » et son désarmement ne fera que mettre en danger « l’intégrité territoriale ainsi que la souveraineté » du Liban. De plus, l’armée libanaise a déjà payé le prix de sa confiance aux promesses d’aide étrangère et il n’est plus question aujourd’hui de recommencer...