La Russie se dit être en faveur d’un règlement politique de la crise au Yémen. Une prise de position faisant penser à un levier de pression contre les États-Unis et la coalition saoudienne.
Selon le quotidien Ray al-Youm, " le rôle que vient de jouer la Russie vis-à-vis de la crise au Yémen et son insistance sur une solution politique font penser à ce que Moscou pourrait user du dossier yéménite comme d’un atout destiné à faire pression sur les États-Unis et la coalition saoudienne".
Frustré par le soutien qu’apporte la Russie à l’ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, le président en fuite Abd Rabbo Mansour Hadi a commencé à s’approcher de Moscou, car il a aussitôt eu vent du faible soutien de Riyad et de la réticence de Washington.
En quête du soutien de la Russie, Abd Rabbo Mansour Hadi a nommé un nouvel ambassadeur à Moscou, poste vacant qui dure plus de six ans.
La Russie s’intéresse évidemment au dossier syrien plus qu’à celui du Yémen. Cependant, tout pas franchi en faveur du dénouement de la crise au Yémen pourrait se transformer en un atout pour Moscou, grâce auquel il aurait la possibilité d’arracher des concessions aux États-Unis et aux pétromonarchies du golfe Persique dans les dossiers syrien, libyen et ukrainien.
Au cas où un cessez-le-feu serait instauré au Yémen, tout comme le souhaite Moscou, la Russie pourrait y implanter une base navale revêtant une importance stratégique remarquable permettant à Moscou d’avoir accès aux points de passage maritimes en Méditerranée et à Bab el-Mandeb.
D’un autre côté, le soutien qu’apporte la Russie à Ali Abdallah Saleh exhorterait l’Arabie saoudite à pousser Mansour Hadi vers un dialogue direct avec le mouvement yéménite d’Ansarallah, en vue de mettre Saleh sous pression. Même cette initiative saoudienne pourrait rendre le terrain propice à l’instauration d’un cessez-le-feu au Yémen, ce qui aboutirait finalement au renforcement de la présence de Moscou et de Téhéran au détriment de la coalition saoudienne et de Washington.
À présent, la position prise par la Russie vis-à-vis du dossier yéménite semble bien impartiale, mais cela pourrait être de courte durée, car il se peut que le Kremlin décide d’en obtenir des concessions. C’est probablement cette hypothèse qui a incité la Maison Blanche à vouloir jouer un rôle plus actif dans le dossier yéménite. D’où les propos de l’ambassadeur américain au Yémen, selon lequel les États-Unis comptent exercer une influence croissante dans ce pays.