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Syrie: Trump risque d'y laisser des plumes

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les États-Unis bombardent un convoi de l'armée syrienne le 19 mai dernier, près des frontières avec l'Irak (Photo d'illustration)

Le caractère impulsif de Trump et sa propension à improviser plutôt qu'à préméditer ont placé les États-Unis au seuil d'une confrontation militaire à multiples facettes en Syrie.

Dans un récent article, National Interest déplore les "vastes lacunes" du président américain "en termes d'histoire et de relations internationales", ignorances qui en dépit de "ses promesses électorales d'éviter des expéditions militaires hors des frontières américaines", semblent le pousser droit à une catastrophe.  

" Les gens que Trump a nommés aux différentes fonctions ne le savent peut-être pas, mais ils sont sur le point de précipiter les USA dans les affres d'une guerre fort complexe dont l'issue est totalement inconnue : le fait de s'engager militairement en Syrie fera des États-Unis, l'un des acteurs de la guerre, quitte à les faire entrer dans une logique de confrontation avec les acteurs traditionnels que sont l'Iran, la Turquie, et la Russie.  

Gouvernement Assad, seule partie qui refrène Daech

" Le gouvernement Assad n'est certes pas l'ami de Washington, mais de là à vouloir l'abattre, c'est une démarche parfaitement inutile, voire idiote, car l'armée syrienne est la seule partie qui endigue les terroristes de Daech et d'autres groupes extrémistes ". 

Écarter Assad du pouvoir revient à relancer le second round des violences en Syrie avec en perspective le risque de ramener au pouvoir les extrémistes. Ce qui signifie à terme, une prolongation de facto des combats et les risques d'une guerre totale aux multiples inconnus. Le commandement central US en Syrie semble d'ailleurs peu convaincant lorsqu'il évoque l'abattage d'un drone iranien et d'un Sukhoï syrien pour "détendre la situation", et ce, "loin de toute volonté de nuire au régime de Damas. 

Mais Trump est-il à même de résister à la vengeance de ses adversaires? 

Les chasseurs sont-ils à même de neutraliser la DCA syrienne ? Le Pentagone pourra-t-il protéger ses alliés kurdes s'ils venaient à être bombardés par la Turquie ou la Russie? Trump est-il prêt à tirer sur les Sukhoïs russes et syriens et en assumer les conséquences?

Une guerre opposant Washington à Damas est du coup plus que probable surtout si Damas, fort du soutien de Moscou, se sentait en sécurité. Idem pour l'Iran qui attend patiemment son heure et dit d’ores et déjà ne pas tolérer ad vitam aeternam les frappes US contre l'armée syrienne et le Hezbollah.

Et puis que dire d'Erdogan qui critique vertement le rapprochement des USA avec les Kurdes ? Ankara se dit prêt à intervenir dans le Nord syrien pour contrer les Kurdes qu'il a déjà commencé à attaquer. Ses liens de plus en plus étroits avec Moscou l'encouragent d'ailleurs à défier les USA sur le plan géopolitique. 

Dans le même temps, la Russie a menacé d'intercepter les avions de chasse US et rien ne dit qu'il ne se mette pas dans un proche avenir à bombarder les positions des forces de la coalition anti-Daech.

Le tir intentionnel ou par méprise contre l'aviation russe active dans le ciel syrien constitue un acte d'agression que ne peut justifier aucun droit international. La Russie serait dès lors en droit de riposter en visant soit la coalition soit les rebelles qui s'en revendiquent.

Devenir un acteur par entier en Syrie est sans nul doute la pire idée qui pourrait venir à l'esprit de Trump, idée qui mettrait les États-Unis dans une situation de guerre non nécessaire face à l'Iran, à la Turquie et pire encore à la Russie. Mieux vaudrait donc un retour à la raison qui présidait le discours de Trump pendant sa campagne électorale et qui lui faisait honnir toute intervention militaire américaine au Moyen-Orient....après tout sa victoire, il la doit à ce même raisonnement.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV