Le président Recep Tayyip Erdogan et son parti AKP ont tiré profit du coup d'État manqué de juillet 2016 pour poursuivre la vaste purge contre leurs opposants. Alors que le président veut consolider son pouvoir par un référendum constitutionnel, les tensions sont plus vives en Turquie, divisée par la reprise du conflit kurde, la contagion terroriste, la crise en Syrie et la dérive autoritaire du gouvernement.
Plus de 1000 personnes ont été arrêtées, et plus de 9100 policiers suspendus, dans de nouvelles purges contre les partisans présumés de l'opposant Fethullah Gülen.
Les autorités turques ont arrêté plus de 1000 personnes lors d'une nouvelle purge contre des partisans présumés du prédicateur Fethullah Gülen, dix jours après la victoire du président Recep Tayyip Erdogan au référendum renforçant ses pouvoirs.
Le coup de filet, d'une ampleur inégalée ces derniers mois, survient dix jours après la victoire étriquée du président Erdogan à un référendum constitutionnel sur l'élargissement de ses prérogatives, dont la légitimité est remise en cause par l'opposition. Le principal parti d'opposition en Turquie, le CHP, a annoncé mercredi qu'il allait saisir la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour contester le résultat du scrutin.
Avec ces arrestations et des bombardements menés mardi contre des combattants kurdes en Irak et en Syrie, le pouvoir turc semble vouloir montrer qu'il ne faiblira pas dans sa lutte contre le "terrorisme", à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières.
Cette nouvelle vague de purges se produit à trois semaines d'un déplacement de Recep Tayyip Erdogan aux États-Unis, lors duquel la demande d'extradition de Fethullah Gülen devrait être abordée. Le gouvernement turc a exhorté à plusieurs reprises Washington à lui renvoyer le prédicateur, qui vit reclus en Pennsylvanie (nord-est), mais ses demandes sont restées lettre morte.
Par ailleurs, l'aviation turque a mené ce mardi une série de frappes contre des positions kurdes dans le nord-est de la Syrie, tuant plusieurs combattants, ont indiqué une force kurde et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), proche de l’opposition syrienne.
Une autre attaque, en Syrie cette fois, a été lancée par la Turquie, contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans le nord-est du pays. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 18 personnes ont péri dans les frappes turques près de la ville syrienne d'Al-Malikiyah, proche de la frontière turque. "Quinze combattants des YPG et trois membres d'un centre de médias ont été tués", précise l’Observatoire. Il s’agit de l’une des plus meurtrières menées dans ce pays par la Turquie, qui qualifie de "terroriste" cette milice.
Philipe Hugon, reporter de guerre, et Bulent Ozcan, consultant franco-turc, s'expriment sur le sujet.