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Afghanistan/MOAB : la Russie, l’Iran et la Chine visés

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La MOAB, « Mère de toutes les bombes ». (Photo d’illustration)

La MOAB américaine, larguée dans la province afghane de Nangarhâr, visait moins Daech que les intérêts de l’axe Iran/Russie/Chine, estime Alexandre Kniazev, expert russe pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient. Dans une tribune publiée par l’agence de presse iranienne Fars, le spécialiste revient sur les objectifs qui ont motivé les États-Unis à faire usage de la « Mère de toutes les bombes » en Afghanistan, pays situé aux portes de la Russie, de l’Iran et de la Chine. 

« En termes militaires, l’attaque contre la province afghane, tout comme la frappe balistique perpétrée une semaine plus tôt par les navires de guerre US contre la base aérienne de Shayrat dans la province de Homs en Syrie, est presque insignifiante. Dans l’un comme l’autre cas, les États-Unis ont cherché à étaler devant les yeux du monde entier leur puissance militaire. En ce sens, l’étiquette “antiterroriste” est impropre à qualifier ces deux attaques qui n’ont été en réalité que des stratagèmes grossiers qu’utilise la Maison-Blanche pour faire échec à toute “initiative politique” en Syrie et ailleurs qui ne tiendrait pas compte de ses exigences. 

À Shayrat, le Pentagone a visé les pourparlers d’Astana et à Achin, dans la province de Nangarhâr, les efforts politiques censés mettre un terme à plus de 38 ans de guerre. Car comme l’ont annoncé les terroristes de Daech eux-mêmes, ils n’ont pas tellement pâti de la MOAB, qui a au contraire miné les efforts de Moscou pour “intégrer les Talibans au processus politique en cours en Afghanistan”. La frappe s’est d’ailleurs produite au seuil de la conférence de Moscou consacrée à la guerre en Afghanistan. L’initiative russe de convier à ladite conférence à la fois la Chine et le Pakistan a profondément déplu à Washington, qui s’est ensuite mis réellement en colère quand Poutine a décidé d’allonger la liste de ses convives en invitant à sa conférence l’Iran, l’Inde et l’Ouzbékistan. 

C’est en ce sens que le largage de la MOAB américaine le jeudi 13 avril a déclenché une campagne anti-russe dans les médias afghans. Après la frappe, Kaboul a été contraint de se positionner et, au regard de ses accords militaires avec Washington, il a préféré accorder son violon avec celui de Washington. Kaboul a approuvé la frappe. Mais cette approbation n’a rien d’un acte de politesse diplomatique. Il s’agit surtout d’une tentative visant droit au cœur tout “projet anti-américain visant à résoudre la crise afghane” et deux de ces projets sont effectivement “l’accord sécuritaire quadripartite Chine/Tadjikistan/Pakistan/Afghanistan” et la conférence de Moscou. 

En frappant Achin à coup de méga-bombe, les États-Unis ont cherché aussi un autre effet de propagande : l’Afghanistan a brillé par son absence dans la campagne électorale de Trump, mais ce pays est bien de retour dans l’ordre du jour de la Maison-Blanche puisqu’il est d’une façon ou d’une autre lié à l’Iran et à la Chine. Trump, dont la rhétorique anti-irakienne et anti-chinoise est de notoriété publique, entend ainsi défier ces deux pays, ainsi que la Russie, en Asie centrale. Le président chinois, qui croit avoir eu l’aval de Washington pour son projet de Route de la soie, va devoir sortir de son optimisme et se rendre à l’évidence : l’armée américaine est bien de retour en Afghanistan et c’est l’Asie centrale, cette bombe à retardement, qu’elle vise à faire exploser sous le nez des Russes, des Chinois et des Iraniens. »  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV