Le président turc, Recep Erdogan, passe des jours difficiles : pris entre le marteau américain et l’enclume russe, le « Sultan » a ouvert deux fronts où son armée risque de s’embourber : celui contre les Kurdes et celui contre les Russes et les Américains à Manbij. Saura-t-il cette fois se tirer du pétrin ?
Selon un journal russe, la Turquie va droit vers une confrontation avec les États-Unis. Le journal Izvestia confirme l’information selon laquelle Ankara aurait dépêché ses « commandos » dans le nord de la Syrie, tout en se disant pleinement disposé à « en découdre avec les Américains ». « Outre ces commandos, Ankara aurait aussi expédié ses unités de reconnaissance et de génie dans le nord de la Syrie », ajoute le journal.
Le déploiement de ces nouvelles forces en Syrie fait partie d’un plan visant à renforcer la présence militaire turque dans la région de Manbij et très probablement la ville en question sera dans les jours à venir le théâtre de règlements de compte « politiques et diplomatiques » à grande échelle.
Le journal évoque les images diffusées par les médias kurdes qui mettent en scène l’arrivée des véhicules blindés américains dans la ville de Manbij et ne cessent de diffuser en boucle les propos du porte-parole du Pentagone, Jeff Davis. Ce dernier a annoncé il y a quelques jours ne pas vouloir permettre à l’armée syrienne ou à l’armée turque de s’emparer de la ville de Manbij.
Izvestia reprend ensuite les propos d’Ivan Konovalov, directeur du centre stratégique russe. Ce dernier croit que « les affrontements vont éclater dans le nord de la Syrie, et ce, malgré les pourparlers tripartites Iran/Russie/Turquie. » Cet analyste qualifie la situation à Manbij « d’extrêmement compliquée », car « Erdogan ne devrait pas non plus perdre de vue la situation à l’intérieur de la Turquie. C’est un homme qui veut se faire valoir aux yeux de l’opinion turque surtout en ce qui concerne les Kurdes syriens et la lutte qu’il a engagée contre eux. Il existe un seul point délicat : ni la Russie ni les États-Unis ne lui permettront de s’emparer de Manbij et chaque partie pour des raisons différentes. Cela étant dit, Ankara ne peut pas voir à travers cette prise de position américaine, un couteau planté dans le dos de la Turquie ».
Konovalov prévoit de « très grands marchandages » dans le nord de la Syrie : « Dans ce contexte, le fait que la Turquie soit prise de panique et qu’elle élargisse le nombre de ses troupes dans le nord de la Syrie est une démarche parfaitement logique. Tout ce qui importe à Erdogan, c’est de montrer aux Turcs qu’il n’a lâché prise ni face aux Kurdes ni face aux Américains et aux Russes. Reste à savoir si son armée est capable oui ou non de tenir le coup sur un double front. »