Les titres de la rédaction :
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1. Tentative de coup d’État déjouée au Bénin : l’ancien ministre Oswald Homeky et des proches de Patrice Talon mis en cause
Dans un point de presse mercredi à Cotonou, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques (Criet) a indiqué que les services de sécurités béninois ont déjoué une tentative de coup d’État.
Mario Elon’m Metonou a déclaré que l’ancien ministre des Sports Oswald Homeky a approché Djimon Dieudonné Tévoédjrè, le commandant de la garde républicaine en charge de la sécurité du président pour opérer un coup d’État dans la journée du 27 septembre. Un putsch qui d’après le magistrat devrait bénéficier à Olivier Boko, un homme d’affaires et ami de longue date du président Patrice Talon.
Le procureur spécial explique que les intéressés peaufinaient leur coup depuis longtemps. M. Metonou a détaillé que le premier acte concret de la tentative remonte au 06 août dernier avec l’ouverture d’un compte dans une banque en Côte d’Ivoire au nom du commandant de la garde républicaine. Un compte sur lequel, il a été retrouvé 105 millions de francs CFA.
« Pour achever de vaincre la résistance du Commandant de la garde républicaine, ils lui ont promis et remis le 24 septembre 2024, en espèce, une somme de 1,5 milliard de FCFA », précise le procureur spécial.
Le magistrat ajoute que Messieurs Homeky et Tévoédjrè ont été arrêtés au moment de la transaction et Olivier Boko a été arrêté à son tour, peu après.
Pour le moment, Mario Elon’m Metonou n’a pas qualifié les faits ni indiqué les charges qui pèsent sur les mis en cause il a juste signalé que l’enquête se poursuit pour identifier toutes les personnes impliquées.
Dans une conférence de presse mardi soir à Cotonou, les avocats de Olivier Boko ont dénoncé « l’enlèvement » de leur client. « Il a été intercepté par un véhicule banalisé, des individus armés, ces assaillants ont emmené monsieur Olivier Boko vers une destination inconnue », s’est offusqué Me Ayodélé Ahounou. La défense fustige la violation des droits de son client qui ne faisait l’objet d’aucune procédure judiciaire. Elle a exigé sa remise en liberté.
Ces faits interviennent à moins de deux ans de la fin du second mandat constitutionnel du président Patrice Talon. En 2026 il devra passer le pouvoir à un autre président et ses relations avec son ami Olivier Boko se sont dégradées autour de la course à la succession de Patrice Talon. Depuis plusieurs mois, des mouvements de soutien à la candidature d’Olivier Boko se multiplient.
Au cours d’un entretien télévisé, le président Talon a dénoncé ces actions estimant qu’il est encore trop tôt pour commencer à s’activer pour la présidentielle de 2026.
Même si jusqu’à présent, il n’y a aucune raison officielle sur le départ d’Oswald Homéky du gouvernement en octobre 2023, il est parti après avoir ouvertement apporté son soutien à la candidature de M. Boko pour succéder à Patrice Talon.
2. L’élection comme outil de domination
Dans leur dernier ouvrage, Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla lèvent le voile sur une facette méconnue de l’impérialisme en Afrique : le processus électoral comme instrument de domination. Cette analyse percutante offre un nouveau regard sur la démocratie et son application dans le contexte postcolonial africain.
Les auteurs, déjà connus pour leur travail sur le franc CFA, s’attaquent cette fois-ci à un sujet tout aussi crucial : comment les élections, symboles apparents de démocratie, ont été utilisées comme outils de contrôle et de maintien du pouvoir colonial, puis néocolonial.
L’ouvrage retrace l’évolution du concept de démocratie, rappelant que l’élection n’a pas toujours été considérée comme son expression naturelle. Des penseurs grecs aux philosophes des Lumières, l’élection était vue comme un mécanisme de sélection favorisant les élites, par opposition au tirage au sort, plus égalitaire.
Le livre explore ensuite l’introduction du système représentatif dans l’empire colonial français, révélant les stratégies mises en place pour limiter le pouvoir politique des colonisés :
- Création d’un droit colonial excluant de la citoyenneté (régime de l’indigénat)
- Mise en place de citoyennetés de seconde zone
- Manipulation et instrumentalisation d’élite locale
- Corruption et fraudes électorales
- Répression des mouvements d’opposition
Ces méthodes ont perduré lors des indépendances, permettant à la France de maintenir son influence en sélectionnant des dirigeants africains favorables à ses intérêts. L’ouvrage met en lumière des épisodes clés, comme le référendum de 1958 instaurant la communauté française.
La période post-indépendance est marquée par l’émergence de régimes à parti unique, suivie d’une ère de « démocratie de basse intensité » soutenue par la communauté internationale. Les auteurs analysent comment cette nouvelle forme de gouvernance, tout en offrant un vernis de légitimité, perpétue le statu quo néolibéral.
Pigeaud et Sylla examinent les ingérences électorales françaises récentes, avec un focus particulier sur la crise ivoirienne de 2011. Ils décortiquent également les nouvelles techniques d’ingénierie électorale, qualifiées d’« eugénisme électoral », utilisées notamment au Sénégal entre 2019 et 2023.
Cette histoire de discrédit de la démocratie éclaire d’un jour nouveau le soutien populaire aux récents coups d’État militaires au Sahel. Elle souligne également les limites d’une approche de solidarité avec les peuples africains qui se concentrerait uniquement sur le droit de vote formel.
L’ouvrage de Pigeaud et Sylla apporte une contribution essentielle à la compréhension des dynamiques politiques en Afrique. Il invite à repenser les notions de démocratie et de légitimité politique dans un contexte postcolonial, où les formes apparentes de gouvernance démocratique peuvent masquer des réalités plus complexes de domination et d’influence étrangère.
Cette analyse approfondie de l’impérialisme électoral ouvre de nouvelles perspectives sur les défis auxquels font face les démocraties africaines. Elle souligne la nécessité d’une réflexion critique sur les systèmes politiques hérités de la colonisation et sur les voies possibles vers une véritable autodétermination politique des peuples africains.
3. Mali : Diop dénonce le soutien de l’Ukraine au terrorisme au Sahel
Le 22 et 23 septembre 2024, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, a représenté son pays lors du Sommet de l’Avenir, tenu à New York. Cet événement international majeur a réuni des chefs d’État, des diplomates et des représentants d’organisations internationales, dans le but de définir de nouvelles orientations pour la coopération multilatérale. Le ministre Diop a prononcé un discours poignant, exprimant sans détour le point de vue du Mali sur les défis sécuritaires et les réformes nécessaires au niveau mondial.
Dans son discours, le ministre Abdoulaye Diop a mis en lumière le bilan mitigé des interventions internationales au Mali, soulignant que le pays avait placé beaucoup d’espoir dans ces forces déployées sous mandat des Nations Unies. Cependant, après une décennie de présence, le constat est amer : « Après 10 ans de présence, nous avons dû conclure à l’échec de l’intervention internationale », a-t-il déclaré. Cette évaluation cinglante traduit la frustration d’un pays qui a vu son territoire déstabilisé par les menaces terroristes malgré la présence d’une force multinationale.
Face à cet échec, le Mali a pris la décision de renforcer les capacités de ses forces de défense et de sécurité. Cette approche souveraine a permis des progrès notables dans la reconquête des territoires perdus et la préservation de l’intégrité nationale, a affirmé le ministre.
Le sommet a également été l’occasion pour Abdoulaye Diop de condamner fermement les récentes attaques terroristes perpétrées à Bamako le 17 septembre 2024. Il a appelé la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour traduire les auteurs, commanditaires et financiers de ces actes devant la justice. Dans une critique claire, le ministre a accusé certains États, dont l’Ukraine, de soutenir le terrorisme international, notamment au Sahel. « La Confédération des États du Sahel dénonce et condamne fermement le soutien assumé du Gouvernement de la République d’Ukraine au terrorisme international », a-t-il déclaré, appelant le Conseil de sécurité à réagir face à ces actes subversifs.
Le ministre malien a insisté sur la nécessité de réformer en profondeur les institutions multilatérales, notamment le Conseil de sécurité et les institutions financières internationales. Pour Abdoulaye Diop, ces réformes doivent refléter les réalités contemporaines et être plus inclusives, justes et représentatives. « Nous devons collectivement renouveler notre engagement en faveur de la transformation profonde du cadre multilatéral », a-t-il exhorté.
L’importance de donner une place centrale à la jeunesse dans les stratégies de développement a également été soulignée. Selon lui, cette nouvelle génération est la clé pour construire un avenir prospère et durable.
Le ministre Diop a également abordé les efforts du Mali pour réduire la fracture numérique et promouvoir la science et la technologie. Il a mentionné des initiatives récentes, telles que la création d’un centre de formation en intelligence artificielle et le lancement d’un ambitieux programme de digitalisation des services publics et privés. Le Mali entend ainsi jouer un rôle de premier plan dans la révolution technologique et offrir à ses citoyens un accès équitable aux outils numériques.
En conclusion, Abdoulaye Diop a réitéré l’engagement du Mali à respecter les principes d’égalité souveraine des États, le règlement pacifique des différends et la non-ingérence dans les affaires intérieures. « Le Mali est prêt à jouer sa partition dans la réalisation rapide des engagements du Pacte de l’avenir pour répondre aux aspirations des générations actuelles et futures », a-t-il conclu.