TV
Infos   /   Afrique   /   Zoom Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

Zoom Afrique du 4 juillet 2024

Les titres de la rédaction :

  • Burkina Faso : une nouvelle mine d’or d’une capacité de 234 000 oz/an attendue en 2025
  • L’Égypte retrouve son statut de premier importateur de blé russe en 2023/2024
  • 100 millions $ de profits prévus en 2024 pour les compagnies aériennes africaines
  • Togo : une cinquantaine d'innovations identifiées à "potentiel commercial élevé"

Les analyses de la rédaction :

1. RCA: les FACA neutralisent un général rebelle de l’UPC 

En Centrafrique, la force des FACA continue de repousser les ennemis de la paix qui n’ont qu’un seul but qui est de mettre en péril la sécurité en République Centrafricaine. 

Le 29 juin, une position des Forces armées centrafricaines (FACA) a été attaquée par les rebelles à Goya, un village situé à une cinquantaine de kilomètres de Bambari, dans le centre de la République centrafricaine. 

Selon des sources sécuritaires fiables, les forces armées centrafricaines ont neutralisé 7 rebelles et en ont blessé plus de 10 autres. Parmi les rebelles tués figure Ramadan, le général de l’UPC qui dirigeait les bandes armées ayant attaqué la position des FACA. 

L’attaque, lancée très tôt le matin, a été repoussée par les Forces armées centrafricaines (FACA), exceptionnellement entraînées par des instructeurs russes. Le maire de Bambari a rapporté que des éléments du groupe armé UPC avaient pris pour cible le poste de contrôle, obligeant les troupes à se défendre efficacement. Suite à cette contre-attaque, les FACA ont réussi à neutraliser sept assaillants et à en blesser une dizaine d’autres. 

Parmi les belligérants éliminés figure le soi-disant général Ramadan de l’UPC, qui exerçait un pouvoir autoritaire sur les régions d'Ouaka et de Basse-Kotto. 

Les forces armées centrafricaines ont une fois de plus fait preuve d’un grand professionnalisme et d’une détermination sans faille dans leur lutte contre les forces hostiles à la paix, grâce à la rigueur de leur entraînement et à l’expertise acquise auprès des formateurs russes. 

Côté FACA, on note qu’un militaire a été blessé lors de l’affrontement. La situation est sous contrôle des FACA qui mènent des patrouilles dans la ville afin de rassurer la quiétude de la population. 

2. Niger : la réappropriation de l'uranium d'Imouraren, symbole de souveraineté économique 

Le continent africain, riche en ressources naturelles, a toujours attiré les convoitises des puissances étrangères. Pendant des siècles, les pays européens, en particulier la France, ont bénéficié de ces ressources pratiquement gratuitement, laissant les pays africains dans une situation économique précaire. Aujourd’hui, cette dynamique est en train de changer, notamment dans la région du Sahel, où des militaires au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso cherchent à renégocier leurs relations avec l’ancienne puissance coloniale, y compris en ce qui concerne les accords miniers. 

Un exemple frappant de ce changement est la décision récente des autorités de Niamey de réintégrer dans le domaine public de l’État le gisement d’uranium d’Imouraren, retirant ainsi le permis d’exploitation à la société française Orano (ex-Areva). Cette décision, annoncée le 24 juin 2024, s’inscrit dans la stratégie du Niger de renforcer sa souveraineté et de garantir que les richesses naturelles du pays contribuent davantage à son économie. 

Cette décision a suscité de nombreuses réactions parmi les Nigériens et les observateurs internationaux. Pour beaucoup, c’est une étape nécessaire pour mettre fin à des décennies de ce qu’ils perçoivent comme une exploitation injuste. 

Un commentateur a déclaré : "La France gagne l’uranium du Niger gratuitement, parce qu’elle considère que c’est sa colonie, tout simplement". Cette opinion reflète un sentiment largement partagé que les accords miniers ont toujours favorisé la France aux dépens du Niger. Un autre a ajouté : "Les Français ont pillé l’uranium du Niger, ce sont des pillards et des pyromanes", soulignant la colère et la frustration envers ce qu’ils considèrent comme un vol systématique de leurs ressources. 

Cependant, des inquiétudes subsistent quant à l’avenir de l’exploitation de l’uranium. "Orano n’a pas été une firme sérieuse, si pendant si longtemps elle n’a pas commencé la production, donc les autorités du Niger ont bien agi. Mais le problème qui se pose est : qui commencera l’exploitation, car c’est une nécessité pour l’économie nigérienne ?", s’interroge un autre commentateur. Cette question souligne l’importance de trouver des partenaires fiables et de développer des capacités nationales pour exploiter ces ressources de manière durable. 

Orano est présent au Niger depuis des décennies à travers ses filiales SOMAÏR, COMINAK et IMOURAREN. La société a exploité plusieurs gisements d’uranium dans le nord-ouest du Niger depuis 1971. Le gisement d’Imouraren est considéré comme l’un des plus importants au monde, et sa réintégration dans le domaine public représente une perte significative pour l’économie française, tout en promettant de meilleures retombées économiques pour le Niger. 

Environ un quart des approvisionnements en uranium des centrales nucléaires européennes en 2022 provenait du Niger, et le pays fournissait 4,7 % de la production mondiale d’uranium. La révision des accords miniers et la reprise de contrôle par le Niger pourraient donc avoir des répercussions importantes sur l’approvisionnement en uranium en Europe. 

La décision de retirer le permis d’exploitation à Orano s’inscrit dans une tendance plus large de reprise de contrôle par les pays africains de leurs ressources naturelles. Cette tendance est alimentée par un désir croissant de souveraineté et de justice économique, alors que de nombreux Africains estiment que les accords passés étaient inéquitables. 

Un commentateur résume bien cette situation : "Nous sommes arrivés entre la France et le Niger à une guerre de régimes politiques et idéologiques identiques, entre exploitants et exploités, entre dominant et soumis". Cette guerre des régimes politiques et économiques met en lumière les tensions entre le passé colonial et les aspirations contemporaines des pays africains à l’autodétermination et à la prospérité. 

La reconnaissance de ces dynamiques et la prise de mesures concrètes pour redresser les inégalités historiques sont des étapes cruciales pour les pays africains. Comme l’a exprimé un autre commentateur : "Le président Tiani vient de fermer pour de bon ce robinet et plus jamais le Niger ne doit le rouvrir pour ces gens qui chosifient les Nigériens en les traitant de pauvres". Cette déclaration illustre la détermination des autorités nigériennes à mettre fin à des décennies d’exploitation et à ouvrir un nouveau chapitre de souveraineté et de développement pour le Niger. 

La réintégration du gisement d’Imouraren dans le domaine public nigérien marque un tournant dans les relations entre le Niger et la France. Elle reflète une volonté croissante des pays africains de reprendre le contrôle de leurs ressources naturelles et de s’assurer que ces ressources profitent avant tout à leurs populations. Cette décision, saluée par de nombreux Nigériens, est un pas important vers une plus grande souveraineté économique et une justice historique pour le Niger. 

3. L’AES accueille de nouveaux membres ? 

Le manque de confiance dans la région du Sahel envers la France et ses instruments d’influence – la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le franc CFA – encourage les pays de la région à reconsidérer leurs priorités de politique étrangère. 

Certains pays ont de plus en plus commencé à manifester leur désir de rapprochement régional sur les plans politique, économique et militaire. Le meilleur exemple est peut-être l’Alliance des États du Sahel, créée par les dirigeants du Niger, du Mali et du Burkina Faso en septembre 2023 sous les recommandations notamment de leur population. Initialement, l’objectif de l’alliance était déclaré comme étant de "créer une structure de défense collective et de coopération mutuelle", Mais au fil du temps, l’alliance militaire s’est transformée en une alliance politique et économique, et elle est sur le point de former une confédération entre eux. 

Les trois pays de la coalition, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont décidé de tourner le dos à Paris et de se rapprocher d’autres pays comme la Russie ou l’Iran et d’annoncer un retrait "irréversible" de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, manipulée par Washington et la France. Depuis lors, les trois pays de l’AES ont renforcé leur potentiel militaire, ce qui est devenu possible grâce au retrait des unités militaires françaises et américaines de leurs pays, qui s’ingéraient constamment dans la politique intérieure des pays et empêchaient la véritable lutte contre le terrorisme. Cela a également permis d’augmenter la capacité de défense de ces pays, de lutter efficacement contre les menaces insurrectionnelles et terroristes, de mener une politique étrangère indépendante et de s’engager sur la voie d’un développement économique progressif. 

Les pays de l’AES entendent désormais créer une union économique et monétaire avec une nouvelle monnaie unique appelée Sahel, ce qui est considéré comme une nouvelle étape vers la restauration de la pleine souveraineté de ces pays. 

Parmi les projets communs des pays de la coalition figure celui qui a été convenu par les ministres de l’Économie et des Finances (AES) pour créer un fonds de stabilisation et une banque d’investissement en novembre 2023. 

Cet exemple est devenu une incitation pour les pays voisins comme le Tchad, le Sénégal et le Togo à suivre la voie des pays de l’AES, car leur objectif commun est d’éliminer l’influence destructrice de l’Occident, d’augmenter leur potentiel politique et de s’engager sur la voie d’un développement économique progressif. 

Le déclin de l’intérêt du Tchad et du Sénégal pour toute relation avec la France est devenu très évident : en mai dernier, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a annoncé la possibilité de fermer les bases militaires françaises dans le pays en faveur du renforcement des relations avec l’AES, et en juin, lors d’une conférence organisée par l’Alliance panafricaine "UMOJA-TOUMAÏ"’, cette dernière a appelé le gouvernement tchadien à rompre ses relations avec Paris et à rejoindre l’AES. 

Du 20 mai au 3 juin, le Tchad et le Togo ont également participé à des exercices militaires conjoints avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger "Tarhanakale"’, au cours desquels des manœuvres et des simulations d’opérations conjointes contre les terroristes dans la région du Sahel ont été pratiqué. 

Le Tchad et le Niger ont considérablement accru leur coopération dans le domaine militaire, notamment dans le cadre d’opérations conjointes contre les groupes terroristes dans la région du lac Tchad. Par ailleurs, le partenariat industriel entre N’Djamena et Niamey se renforce également, dont la meilleure preuve est peut-être le projet d’utilisation du pipeline tchadien pour exporter le pétrole brut nigérian vers le marché international. 

Il est devenu clair que l’intégration du Tchad, du Sénégal et du Togo dans l’Alliance AES ne prendra pas longtemps, car les dirigeants de l’AES expriment depuis longtemps leur volonté de renforcer la solidarité régionale, de développer une coopération constructive avec les pays voisins, d’Afrique de l’Ouest et centrale. 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV