Par Alireza Akbari
Dans le cadre d’un développement important signalant une convergence régionale croissante, l’Iran et Bahreïn sont sur le point de se réconcilier et de rétablir leurs relations diplomatiques après une interruption de huit ans.
Dans une déclaration commune dimanche, les ministères des Affaires étrangères des deux pays ont souligné les liens historiques, fraternels, religieux et géographiques profondément enracinés entre l'Iran et Bahreïn.
Cette déclaration fait suite à une réunion entre le ministre bahreïni des Affaires étrangères Abdullatif bin Rashid Al Zayani et le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim Ali Bagheri, en marge de la 19e réunion ministérielle du Dialogue de coopération asiatique (ACD) à Téhéran.
Les deux diplomates ont engagé des discussions approfondies pour jeter les bases de futurs dialogues visant à restaurer pleinement les relations politiques entre les deux pays riverains du golfe Persique.
30 délégations internationales ont pris part à la 19ème réunion ministérielle de l'ACD, qui s'est tenue lundi 24 juin, tout en mettant l’accent sur l'importance d'une coopération et d'une convergence renforcées.
Le changement diplomatique de Bahreïn vis-à-vis de l’Iran
Bahreïn a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran à la suite de l'escalade des tensions entre Téhéran et Riyad en 2016 suite à l'exécution d'un éminent religieux chiite, Cheikh Baqir Nimr, en Arabie saoudite.
Bahreïn faisait partie de nombreux États du golfe Persique qui se sont rangés du côté de Riyad et ont rompu leurs liens avec l’Iran.
Cependant, après le rétablissement des liens entre l’Iran et l’Arabie saoudite à la suite de pourparlers marathon négociés par l’Irak, Oman et la Chine en mars de l’année dernière, de nombreux pays du golfe persique ont emboîté le pas à Riyad et ont tendu un rameau d’olivier à la République islamique d’Iran.
Selon les observateurs régionaux, la politique étrangère favorable au voisinage et l’orientation vers l’Est du défunt président iranien Ebrahim Raïssi ont joué un rôle déterminant dans cette convergence entre les États du golfe Persique.
Avant Bahreïn, des pays comme le Koweït, le Soudan, l’Égypte ainsi que les Émirats arabes unis et la Jordanie avaient rétabli leurs liens avec l’Iran.
Dans une interview télévisée il y a deux semaines, Mohammad Jamshidi, chef de cabinet adjoint chargé des affaires politiques du président iranien, a confirmé les informations faisant état de la décision de Bahreïn de rétablir ses relations avec l'Iran.
Il a révélé que Bahreïn avait transmis un message à l'Iran par l'intermédiaire de la Russie, exprimant son désir de normaliser ses relations après une interruption de plus de huit ans.
Cette révélation confirme les précédents rapports des médias sur la rencontre entre le roi de Bahreïn Hamad bin Isa Al Khalifa et le président russe Vladimir Poutine, au cours de laquelle le premier avait demandé à Moscou de négocier la trêve entre les deux États du golfe Persique.
La question a également été abordée lors de la rencontre du roi de Bahreïn avec le président chinois Xi Jinping.
Le regard diplomatique vigilant de Bahreïn
Avant les déclarations de Jamshidi, Manama avait manifesté son intérêt pour le renforcement des relations diplomatiques avec Téhéran, indiquant une volonté proactive de parvenir à un dégel des relations entre Bahreïn et l'Iran.
Le roi Hamad bin Isa Al Khalifah de Bahreïn, selon les médias, a exprimé l'engagement de son pays à améliorer les relations avec l'Iran lors d'une réunion avec le président chinois Xi Jinping à Pékin.
Il a souligné l'aspiration de Bahreïn à la paix et à la coexistence humaine, soulignant l'importance du dialogue et de la diplomatie pacifique pour régler les questions en suspens.
Le roi Hamad a réitéré la valeur du « bon voisinage et de la non-ingérence dans les affaires intérieures », affirmant les efforts de Bahreïn pour rétablir les relations diplomatiques avec l'Iran comme moyen de promouvoir l'harmonie et la coopération entre les deux pays.
En outre, lors de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le roi Al Khalifa a réitéré son soutien au rétablissement des liens avec Téhéran, soulignant que l'atmosphère entre la République islamique et Bahreïn est devenue claire et qu'il n'y a aucun obstacle à retarder la normalisation.
Lors de la réunion tenue au Kremlin, le monarque de Bahreïn a fait savoir à Poutine que rien ne justifiait un nouveau retard dans la reprise des relations diplomatiques entre Manama et Téhéran.
Il a également souligné l'engagement de Bahreïn à favoriser de bonnes relations avec ses voisins et a mis l’accent sur l'importance des relations diplomatiques, commerciales et culturelles avec les pays voisins.
La politique étrangère centrée sur l'Est de Raïssi
Après avoir pris ses fonctions de huitième président de l’Iran en 2021, Ebrahim Raïssi a souligné l’importance de se concentrer sur l’Est et de renforcer les liens avec les pays voisins.
L’administration de Raïssi a fortement mis l’accent sur la politique de bon voisinage, signalant l’intention de l’Iran d’améliorer ses relations avec les États voisins, en particulier dans la région du golfe Persique.
L'engagement actif de son plus haut diplomate Amir-Abdollahian dans des tournées régionales, associé à l'accent mis par l'Iran sur les blocs régionaux tels que l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS, ont souligné l'engagement du pays à s'orienter vers l'Est pour capitaliser sur les opportunités potentielles en Asie.
Les relations avec Riyad ont connu un revirement significatif le 10 mars 2023, lorsque les deux pays sont parvenus à un accord à Pékin pour rétablir les relations diplomatiques et rouvrir les ambassades et les missions consulaires.
L'Iran a rouvert son ambassade en Arabie saoudite le 6 juin 2023, et le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan Al Saud s'est rendu en Iran le 17 juin 2023, après près de sept ans.
À la suite de la diplomatie progressiste entre Téhéran et Riyad, l’Iran et le Soudan ont convenu en octobre 2023 de rétablir leurs relations diplomatiques après une interruption de sept ans afin de promouvoir les intérêts des deux nations.
La décision de Téhéran et Khartoum de renforcer leurs relations fait suite à la reprise des relations diplomatiques entre Téhéran et Riyad.
Dans une déclaration publiée en octobre 2023, le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé que Téhéran et Khartoum étaient convenus de rétablir des relations amicales fondées sur le respect mutuel de la souveraineté, de l'égalité, des intérêts communs et de la coexistence pacifique.
Les relations de l'Iran avec le Koweït ont également connu des progrès significatifs, comme en témoigne une réunion productive entre l'ambassadeur iranien au Koweït, Mohammad Toutounchi, et Ahmed Abdulaziz al-Sadoun, président de l'Assemblée nationale koweïtienne, fin novembre 2023.
Toutounchi a souligné la trajectoire positive des relations bilatérales, indiquant une avancée notable dans les relations entre les deux pays.
En outre, l’Égypte est également devenue un partenaire important dans les efforts de sensibilisation diplomatique de l’Iran sous l’administration Raïssi.
Une conversation téléphonique entre le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim Ali Bagheri et le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shukri le 6 juin 2024 a souligné la nécessité impérative de maintenir les dialogues en cours, alignés sur les politiques du gouvernement Raïssi, visant à faciliter la reprise des relations bilatérales fondées sur le respect mutuel et les intérêts communs des deux nations.
Ces ouvertures diplomatiques affirment l'impact durable de l'illustre héritage du président Raïssi dans la promotion de la coopération avec les pays voisins et les partenaires alliés.
