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L’Iran a besoin d’une politique affirmée sur ses droits dans le champ gazier d’Arash

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Arash, au nord du golfe Persique, dans la province de Bouchehr, est l'un des gisements gaziers communs à l'Iran et au Koweït.

Arash, au nord du golfe Persique, dans la province de Bouchehr, est l'un des gisements gaziers communs à l'Iran et au Koweït. Les archives des négociations entre les deux pays au cours des 60 dernières années montrent qu'ils ont toujours reconnu leur droit réciproque à une part des ressources gazières.

Le conseil suprême du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP) a toutefois publié ce vendredi matin un communiqué affirmant que « seuls l’Arabie saoudite et le Koweït » détiennent des droits souverains sur ce domaine.

Le différend concernant le champ gazier d'Arash, que les Koweïtiens appellent Durra, remonte aux années 1960, lorsque l'Iran et le Koweït se sont vus attribuer des concessions offshore suite à sa découverte.

L'Iran a accordé sa part des droits à l'Anglo-Persian Oil Company (APOC) pour développer le champ, tandis que le Koweït a cédé sa part à Royal Dutch Shell, les deux actions se chevauchant dans la partie nord du champ.

On estime que le champ contient 20 000 milliards de pieds cubes de réserves de gaz, ce qui pourrait produire un milliard de pieds cubes par jour.

Près de 40% du champ gazier d’Arash est situé dans les eaux iraniennes. En 2001, la Compagnie pétrolière nationale iranienne a creusé un puits d'exploration pour déterminer le montant des réserves du champ.

Le Koweït a menacé de porter l'affaire devant l'arbitrage international et, suite à la visite de l'émir du Koweït à Téhéran sous l'administration de Mohammad Khatami, Téhéran a arrêté l'exploration et retiré la plate-forme construite sur le site.

Les forages de l'Iran, puis sa décision de les arrêter, sont intervenus en fait un an après que l'Arabie saoudite et le Koweït ont commencé conjointement des activités d'exploration et de développement sur le champ gazier à l'insu de Téhéran alors que leur désaccord frontalier restait non résolu.

En 2016, les médias iraniens ont rapporté que l'Arabie saoudite et le Koweït avaient formé la société Al Khafji Joint Operations (KJO) pour développer le champ dans le cadre d'une coentreprise à parts égales, sans aucun droit pour l'Iran.

Téhéran s’est fermement opposé à cet accord qui l'excluait, affirmant que cette décision est « illégale » dans la mesure où les limites du champ partagé entre les trois pays n’ont pas encore été établies. Il a réclamé à plusieurs reprises un accord de démarcation des frontières pour déterminer son droit à exploiter une partie du gisement.

En août, la République islamique a officiellement invité le ministre koweïtien des Affaires étrangères, Salem Abdullah al-Jaber Al-Sabah, à apaiser les tensions.

Cependant, le conseil suprême du Conseil de coopération du golfe Persique a mis un terme aux efforts de désescalade à l'issue de son 44e sommet à Doha, au Qatar, mardi, affirmant que l'intégralité du champ gazier d'Arash se trouve dans les territoires maritimes du Koweït.

Il a également déclaré que la propriété des ressources naturelles dans la zone submergée adjacente à la zone divisée entre l'Arabie saoudite et le Koweït, y compris l'ensemble du champ gazier, était uniquement une propriété conjointe entre l'Arabie saoudite et le Koweït.

« Les deux ont des droits exclusifs pour exploiter les ressources naturelles de cette zone », indique le communiqué. Le conseil a fermement rejeté « toute revendication de droits de toute autre partie dans ce domaine ou dans la zone submergée adjacente à la zone délimitée entre l'Arabie saoudite et le Koweït ».

Leur déclaration intervient après que l’Arabie saoudite et le Koweït ont annoncé en juillet qu’il n’y avait « aucune place » pour des négociations avec l’Iran concernant le champ gazier d’Arash-Durra dans le golfe Persique.

Une source bien informée au sein du ministère saoudien des Affaires étrangères aurait déclaré que le champ appartenait conjointement « au Royaume d’Arabie saoudite et à l’État du Koweït, et qu’eux seuls détiennent tous les droits souverains pour exploiter les richesses de cette région ».

Le président du NIOC, Mohsen Khojastehmehr, a réagi à cette déclaration en annonçant que l'Iran était prêt à commencer les forages dans le champ d'Arash. « Une fois les conditions nécessaires remplies, les opérations de forage dans le champ d'Arash commenceront », a-t-il déclaré.

Les archives historiques des 60 dernières années ne montrent aucun rôle saoudien dans les négociations entre l’Iran et le Koweït pour déterminer les frontières maritimes autour du champ d’Arash et comment exploiter ses ressources, ce qui signifie que les efforts de Riyad pour prendre une part ont commencé depuis 2000.

En mars 2022, le ministre saoudien de l'Énergie a signé un document avec son homologue koweïtien visant à développer le champ gazier d'Arash-Durra afin de produire un milliard de pieds cubes standard par jour de gaz et 84 000 barils par jour de condensats.

Le ministre iranien du Pétrole, Javad Owji, n’a pas tardé à réagir à l’annonce de son homologue saoudien, affirmant que Téhéran commencerait bientôt à forer sur le champ d’Arash.

« Bien que nous souhaitions négocier et coopérer pour le développement de gisements communs, les mesures unilatérales n'empêcheront pas la mise en œuvre du projet », a-t-il déclaré après que le Koweït et l'Arabie saoudite ont signé un document pour construire le réservoir offshore sans la participation de Téhéran.

Ces propos signifient que l'Iran ne restera pas un simple spectateur de la répartition de ses ressources gazières du champ d’Arash, après 22 ans d’arrêt de ses activités de forage.

Au cours de l’année écoulée, l’Iran a traité la question avec déférence suite à un accord de rapprochement réussi entre Téhéran et Riyad, mais la poussée agressive du Koweït et de l’Arabie saoudite ne restera certainement pas sans réponse.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV