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La Palestine est un symbole puissant qui indique la résurgence de l’Oumma islamique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Xavier Villar

Pour saisir l’importance de la Palestine en tant que symbole politique islamique, il est impératif de développer un vocabulaire conceptuel qui ne dérive pas de l’orientalisme – défini comme un discours qui suppose que l’idéologie ou le paradigme occidental est universel et peut être appliqué pour comprendre des phénomènes non occidentaux.

En outre, ce vocabulaire ne doit pas être limité territorialement au concept d’État-nation.

Il est important d’explorer la possibilité d’affirmer une forme de souveraineté non contrainte par le vocabulaire occidental. Il devient alors nécessaire d’opérer dans les limites imposées par ce vocabulaire.

En d’autres termes, si l’on veut analyser la signification de la Palestine en tant que symbole politique dans une perspective islamique, il est essentiel de développer un nouveau vocabulaire et une nouvelle grammaire capables de répondre aux besoins spécifiques des musulmans.

Le symbolisme politique de la Palestine sert également à indiquer la résurgence de l’Oumma musulmane. Une telle résurgence n’est pas réalisable à travers une grammaire politique autre que celle de l’Islam.

En d’autres termes, se rassembler autour du symbole de la Palestine signifie que la possibilité d’une identité politique autonome est réalisable.

La nécessité de construire une grammaire alternative est cruciale pour exprimer les besoins et les aspirations de cette identité autonome.

Par exemple, la résurgence de l’Oumma vise une configuration de pouvoir qui ne se limite pas territorialement à l’idée dominante de l’État-nation, qui est un produit direct du colonialisme occidental.

En fait, l’une des principales critiques contre l’utilisation de cette nouvelle grammaire politique, que l’on peut qualifier d’islamisme, a été son refus d’accepter la division westphalienne – le Traité de Westphalie signé en 1648, qui a marqué la fin des 30 années de guerre et a jeté les bases du système moderne d’États-nations.

Le symbolisme de la Palestine, vu à travers la grammaire qualifiée d’islamisme, permet de s’éloigner de l’État-nation et propose une alternative islamique qui comprend le pouvoir différemment, sa dimension politique étant l’Oumma.

Il est évident que l’Oumma n’est pas un lieu physique spécifique mais politique. Elle fait référence à l’ensemble de la communauté islamique, qu’elle se trouve dans un pays à majorité musulmane ou ailleurs.

On peut donc dire que l’Oumma représente la possibilité de construire une identité politique basée sur la grammaire de l’Islam, et le rôle de la Palestine est de rappeler constamment que cette possibilité est réelle et réalisable.

Cela ne peut être réalisé qu’en rejetant la configuration actuelle du monde, tant en termes politiques que matériels, définie et articulée par l’hégémonie occidentale.

Dans ce dernier cas, la Palestine sert de nouveau de phare à l’Oumma. Si l’objectif est de construire un monde alternatif, la résistance palestinienne démontre que la lutte en cours est une lutte qui unit à la fois l’anticolonialisme et l’antiracisme.

De la même manière, le symbolisme de la Palestine sert à remettre en question le langage du libéralisme, en particulier les limites des droits de l’homme dans ce cadre.

Nous ne pouvons pas non plus oublier comment la centralité de la Palestine et simultanément la critique de l’entité sioniste servent à remettre en question l’ensemble du discours sur la suprématie blanche, en particulier son objectif de création d’un État ethnonational.

On peut donc dire que la résistance palestinienne, exprimée dans un langage oummatique, perturbe les opérations ethno-nationalistes, non seulement dans les territoires occupés mais à l’échelle mondiale.

La lutte du peuple palestinien signifie donc une lutte pour la « réhumanisation ».

Seule cette résurgence oummatique, fondée sur une langue islamique, peut impliquer une amélioration des conditions de vie des musulmans, tant ceux résidant dans les pays musulmans que ceux vivant à l’extérieur.

La Palestine est un symbole puissant qui pointe vers cette résurgence.

Xavier Villar est docteur en études islamiques et chercheur basé en Espagne.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV