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Concept du droit à la légitime défense : le paradoxe historique de l’Occident

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des Palestiniens se tiennent devant les barbelés marquant la frontière entre la bande de Gaza et la Palestine occupée, à l'est de la ville de Gaza. ©AFP

Par Ghorban-Ali Khodabandeh

Le « droit d’Israël à se défendre » est constamment invoqué par ses partisans occidentaux, mais le droit international prévoit qu’Israël ne peut pas à la fois occuper le territoire palestinien et l’attaquer en tant que menace « étrangère », ni traiter ceux qui lui résistent comme des combattants ennemis.

Depuis le début de l’existence de l’entité israélienne, cette justification a été utilisée pour refuser aux Palestiniens le droit à leurs biens, à leurs maisons et à leur liberté. Elle a été utilisée pour justifier le vol des biens palestiniens à la suite des guerres de 1948 et de 1967. Cette rengaine du « droit d’Israël à se défendre » est invoquée à tout bout de champ, non seulement par l’occupation israélienne et ses partisans, mais aussi par les gouvernements amis des États-Unis, d’Europe et d’autres pays.

Alors que les apologistes d’Israël s’obstinent à soutenir son prétendu droit à la légitime défense, ce n’est pas le cas. En effet, en Cisjordanie et à Gaza, il s’agit d’une occupation. Dans le cadre d’une occupation, le peuple occupé a le droit de résister, y compris par les armes, bien que cela signifie que les individus qui y participent sont des combattants et non des civils protégés.

De Paris à Gaza, la bonne résistance, la mauvaise résistance !

À l’occasion de la Journée nationale de la lutte contre l’Arrogance mondiale et de la Journée nationale des lycéens, le 4 novembre, le Leader de la Révolution islamique, l'honorable Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a félicité les Palestiniens pour leur résistance et leur fermeté face aux atrocités israéliennes dans la bande de Gaza assiégée, affirmant que leur résistance a éveillé la conscience humaine.

Dans l’optique du Leader de la Révolution islamique, si nous regardons de plus près ce qui se passe, nous réalisons que les vainqueurs de cette bataille sont les peuples de Gaza et de Palestine. Ils ont pu faire de grandes choses. Tout d’abord, la population de Gaza a arraché le masque de défenseurs des droits de l’homme des États-Unis, de la France, de l’Angleterre et d’autres, grâce à son endurance, sa résilience et son refus de se rendre.

L’une des nombreuses actions honteuses des hommes politiques et des médias occidentaux ces jours-ci, consiste à qualifier les combattants palestiniens de «terroristes ». Celui qui défend sa maison est-il un terroriste ? Celui qui défend son pays est-il un terroriste ? À l’époque où les Allemands occupaient Paris, pendant la Seconde Guerre mondiale, et que les Français combattaient les Allemands, les combattants français étaient-ils des « terroristes ? » Pourquoi étaient-ils considérés comme des combattants et une fierté pour la France, alors que vous considérez les jeunes du Jihad islamique palestinien et du Hamas, comme des terroristes ?

Lorsque l’armée allemande occupa la France au début de la Seconde Guerre mondiale, la France fut divisée en deux parties. La première partie, dirigée par le maréchal Pétain, a accepté un compromis avec les forces d'occupation, mais la seconde partie n’a pas cédé à cette humiliation et a choisi la voie de la résistance.

Ils ont fondé la Résistance française, composée de centaines de milliers de Français, hommes et femmes, qui se sont battus pour mettre fin à l’occupation nazie et en ont payé le prix.

Il ne fait aucun doute qu’aucune force d’occupation n’écoute les mots et ne comprend que le langage de la force. La « Résistance française » s'est battue pour la liberté de leur pays, mais les nazis ont qualifié cette résistance de sabotage et d'opérations terroristes. Ils ont pris en otage des gens ordinaires, ont eu recours à des punitions collectives et à des actions violentes. On estime que pendant l'occupation de la France, l'armée hitlérienne a tué 30 000 Français ordinaires et que bien d'autres ont été arrêtés, torturés et déplacés de leur pays d'origine.

La résistance des Français contre les envahisseurs nazis marque un chapitre brillant de l'histoire contemporaine et bien que huit décennies se soient écoulées depuis cette époque, on s'en souvient encore avec fierté, et chaque année des programmes variés sont organisés à cette occasion à Paris et dans d'autres villes.

Supposons que la France soit toujours occupée par les Allemands. L’écoulement de 80 ans changerait-il l’équation de l’occupation et de la résistance ? Quelqu’un pourrait-il dire que depuis 80 ans, la résistance ne sert à rien et qu’il faut abandonner et dire adieu au pays et à l’identité qu’on appelle la France ? Quelqu'un d'autre que l'occupant blâmerait-il la « résistance française » et l'accuserait-il de violence et de terrorisme?

L’histoire de l’occupation de la France par l’armée allemande et la situation du régime israélien et de l’occupation de la terre palestinienne présentent des similitudes intéressantes. Les occupants israéliens accusent également les combattants palestiniens de terrorisme. En France, si un occupant allemand était tué, en retour, les occupants tuaient trois Français qui n'avaient rien à voir avec cette histoire. Comme l'a souligné l'Ayatollah Khamenei, les Occidentaux qui soutiennent le régime israélien devraient se poser cette question sérieuse : comment se fait-il que la résistance française soit honorable et admirable, mais que la résistance palestinienne soit qualifiée de terrorisme et condamnable?!

La guerre de Gaza, révélatrice de la duplicité et de la complicité des pays Occidentaux

Un combattant de la liberté pour l’un est taxé de terrorisme pour un autre. Cette expression est une question controversée et débattue dans les milieux universitaires depuis des années, en particulier dans les études sur les mouvements sociaux de libération anticoloniaux et anti-occupation, ainsi que dans les études sur le terrorisme. Cette vision contrastée d'un même phénomène sera différente en fonction de la tendance intellectuelle, de la clarification du moment ou du point de départ d'un événement et de ses acteurs et du fait de prêter ou non attention au contexte historique du sujet étudié.

Depuis Ernesto Che Guevara et Nelson Mandela jusqu’à Yasser Arafat et d’autres combattants palestiniens contre Israël depuis le début de l’occupation jusqu’à aujourd’hui, tout le monde est soumis à cette différence de jugement.

Cette divergence d’opinions, notamment concernant les opérations des factions de résistance palestiniennes lors de la Tempête d'Al-Aqsa, tant concernant l’opération elle-même que ses auteurs, est clairement évidente et peut faire l’objet d’une enquête.

Ernesto Che Guevara, guérillero et théoricien révolutionnaire argentin et l'une des principales figures de la révolution cubaine, est décrit et présenté comme un terroriste par ses détracteurs mais aussi un sauveur par ses partisans, incarnation vivante de la révolution, un révolutionnaire honnête et engagé et, selon les mots de Nelson Mandela, « une source d'inspiration pour toute personne qui aime la liberté».

Nelson Mandela ne fait pas exception à cette règle. Lui et son organisation, le Congrès national africain, ainsi que de nombreux autres Noirs d'Afrique du Sud pendant la lutte contre le régime de l'apartheid étaient considérés comme des terroristes par de nombreux hommes politiques occidentaux tels que Reagan, Bush, Thatcher, etc.

Mandela et ses camarades ont été traités de terroristes dans une situation où ils n’étaient pas des terroristes mais des combattants de la liberté, qui se sont battus pour leurs droits humains fondamentaux contre l'apartheid.

Le même point de vue existe concernant les groupes de résistance comme le Hamas et le Jihad islamique qui croient que « tant qu'il y aura une occupation, il y aura une résistance armée ». Ces groupes sont présentés par Israël et l’Occident comme des terroristes, alors que les nations libres du monde considèrent la résistance comme des combattants de la liberté.

Résistance contre l’occupation israélienne, une bataille pour la liberté

La couverture des médias mainstream et les déclarations des responsables occidentaux, en ignorant délibérément le contexte historique de l'opération du 7 octobre et l’oppression historique envers la Palestine, portent à croire que la guerre et la violence dans les territoires occupés ont commencé avec l'attaque du Hamas, alors que cette opération devrait être examinée dans un cadre plus large.

L'opération Tempête d'Al-Aqsa tout comme n'importe quel autre conflit anticolonial dans le cadre de « la lutte et de la résistance d’un peuple contre l'occupation », est considérée par beaucoup comme une question légitime contre un gouvernement illégitime et colonial. Il s’agit en effet d’une riposte à 75 ans d'occupation, de répression, de discrimination, d’humiliation, de génocide, de nettoyage ethnique progressif des Palestiniens par Israël depuis 1948, de déplacement de millions de personnes, de déni de leur droit à la vie par Israël, de déshumanisation des Palestiniens et de violation constante de leurs droits de l'homme et de crimes perpétuels du régime israélien y compris les mesures punitives collectives, telles que les restrictions de voyage, le bombardement de zones résidentielles, les arrestations massives, la destruction de maisons et plusieurs décennies d’atrocités israéliennes avec le soutien des gouvernements occidentaux.

L'opération du 7 octobre était alors celle d’une population à bout de souffle contre un gouvernement déterminé à exterminer et éliminer les principaux propriétaires de la terre palestinienne. Ces derniers ont essayé toutes les méthodes diplomatiques sans avoir pour autant obtenu de résultats. Pour cette raison, la lutte des Palestiniens contre l'occupation doit être considérée comme une lutte pour la liberté et non comme une action terroriste.

En revanche, l’occupation israélienne, qui s’appuie sur le soutien sans faille et inconditionnel de l'Occident, a massacré plus de 14 000 civils palestiniens au cours des 47 jours au nom de la légitime défense et dans le cadre de sa politique de nettoyage ethnique et de génocide progressif des Palestiniens. En plus, elle a détruit les infrastructures palestiniennes, coupé l’approvisionnement en eau, en nourriture et en carburant, provoqué le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes, faisant la sourde aux appels internationaux à la retenue et à la mise en place d’un cessez-le-feu humanitaire.

Il serait erroné de penser que de telles actions créeront un environnement plus sûr pour Israël et les sionistes. Tout comme 75 années de crime, d’occupation et d’oppression n’ont pas fait oublier aux Palestiniens leur terre et leurs droits, ces atrocités et la persistance de l’occupation n’y feront pas obstruction non plus. Au contraire, elles ne feront qu’aggraver des blessures historiques et de rendre les Palestiniens plus résolus à continuer leur lutte. Les enfants qui sont aujourd'hui témoins de ces crimes et du soutien des gouvernements occidentaux et arabes aux criminels israéliens seront plus déterminés que leurs parents et n'hésiteront pas un instant à se battre pour libérer leur patrie des griffes de l'occupation.

Ghorban-Ali Khodabandeh est un journaliste et analyste politique iranien basé à Téhéran.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV