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L'ex-président français Nicolas Sarkozy doublement inculpé dans l'affaire libyenne

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen, vendredi 6 octobre 2023. © AFP

L'ancien président est soupçonné d'avoir participé à une opération visant à obtenir la rétractation des accusations portées contre lui par le sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine.

 L'ancien chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, a été mis en examen vendredi pour "recel de violation de témoin" dans l'enquête sur d'éventuelles manœuvres frauduleuses visant à le laver des soupçons de financement de sa campagne présidentielle de 2007 par la Libye. 

Nicolas Sarkozy "est fermement décidé à faire valoir ses droits, à établir la vérité et à défendre son honneur", ont écrit ses avocats, Jean-Michel Darrois et Christophe Ingrain, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Cette décision ouvre la voie à un éventuel nouveau procès pour cette figure de proue de la droite française. La décision a été prise à l'issue d'une trentaine d'heures d'interrogatoires sur trois jours et demi, menés par deux magistrats financiers en charge de l'information judiciaire sur cette opération, baptisée "Sauver Sarkozy" par un des prévenus, ouverte en mai 2021.

Par cette mise en examen, les juges indiquent qu'ils estiment disposer d'indices graves ou concordants suffisants pour considérer qu'il a participé aux manœuvres élaborées par au moins neuf autres protagonistes impliqués à des degrés et à des moments divers, éventuellement au travers de son approbation.

Il s'agit de la reine des paparazzis Mimi Marchand, de l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, et du puissant homme d'affaires David Layani. Les poursuites contre le financier Pierre Reynaud, décédé en mai, ont été abandonnées.

Un plan à 600 000 euros ?

La première étape de l'opération aurait d'abord consisté à obtenir la rétractation des accusations contre Nicolas Sarkozy du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, fin 2020 en échange d'une possible rémunération.

Ce revirement avait donné lieu à une retentissante interview sur BFMTV et Paris Match, point de départ de l'enquête.

Puis, au premier semestre 2021, certains des mis en cause auraient tenté d'obtenir une preuve que le retentissant document libyen publié dans l'entre deux tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d'euros était un faux.

D'après la source judiciaire, Nicolas Sarkozy a par ailleurs été placé sous statut de témoin assisté pour l'infraction de participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction de corruption active de personnel judiciaire étranger au Liban.

Certains protagonistes de cette opération sont en effet soupçonnés d'avoir tenté de corrompre des magistrats libanais pour qu'ils libèrent un fils Kadhafi détenu dans ce pays, afin que la famille du défunt dirigeant libyen facilite la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy.

Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608 000 euros auraient pu être utilisés pour l'ensemble de l'opération, dont les protagonistes contestent la teneur frauduleuse.

"Ni de près, de ni de loin"     

Interrogé en juin par des enquêteurs spécialisés dans les affaires financières, l'ex-président a bien dit avoir été informé par l'une des prévenues - Michèle "Mimi" Marchand, figure de la presse people française - en octobre 2020, un mois avant que l'information ne soit rendue publique, de la volonté de Ziad Takieddine de changer sa version des faits.

Mais selon les auditions révélées par Libération et consultées par l'AFP, Nicolas Sarkozy aurait déclaré que "l'idée même que je puisse pousser directement ou indirectement au financement des Pieds Nickelés est une idée folle".

"Aucun élément matériel concret, aucune téléphonie, ne peut l'incriminer dans cette folie, ni de près ni de loin", a garanti l'ancien chef de l'Etat.

Longuement interrogé sur son agenda et ses relevés téléphoniques de fin 2020 et début 2021, qui suggèrent des rencontres ou des conversations à des moments clés avec des protagonistes de l'affaire, Nicolas Sarkozy a évoqué un certain nombre de "coïncidences" mais a nié tout contact significatif.

Selon lui, "toute cette petite bande n'a d'autre souci que de se donner bonne conscience" en prétendant être en contact avec lui.

Cette décision des magistrats vient alourdir l'agenda judiciaire déjà bien chargé de l'ancien président français.

Outre le procès du financement libyen de sa campagne de 2007, il sera jugé en novembre prochain en appel dans le dossier Bygmalion. L'affaire dite "Bismuth" pourrait, elle, faire l'objet d'un nouveau procès, pour raisons procédurales.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV