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La montée de l'islamophobie en France : les chiffres qui ne trompent pas

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un tag islamophobe à Guingamp (Côtes-d'Armor), le 9 novembre 2009. ©MAXPPP

Par : Arwin Ghaemian

La société française est actuellement confrontée à une crise identitaire d'une ampleur sans précédent, qui s'intensifie non seulement sous l'influence croissante des idéologies d'extrême droite et des préjugés raciaux, mais également en raison d'un discours de plus en plus sociétal autour de l'islamophobie. À l'approche des élections présidentielles de 2022, de nombreux intellectuels français de renom ont exprimé leurs préoccupations quant à la prétendue "américanisation" de la société française, condamnant la focalisation du président Macron sur les différences ethniques, religieuses et de genre qui sapent l'unité nationale.

La division actuelle en France ne réside plus uniquement entre les idéologies de droite et de gauche concernant l'islam et les musulmans, mais plutôt entre la société française plus vaste et tolérante, d'une part, et les politiciens anti-islamiques tels que Macron et ses partisans, d'autre part. Cette faction nourrit une aversion profondément ancrée envers la présence des musulmans en France, bien qu'ils dissimulent souvent leurs sentiments derrière le masque de la défense de la laïcité de l'État français.

Islamophobie en France : Discriminations et attaques alarmantes contre les musulmans - Les chiffres parlent

Depuis 2015, une vague d'islamophobie a balayé la France, se traduisant par une escalade préoccupante des crimes de haine visant la communauté musulmane, entraînant la fermeture de nombreuses mosquées et centres islamiques à travers le pays. Une étude menée par la Fondation Jean-Jaurès (FJJ) a mis en lumière la question omniprésente de la discrimination subie par les musulmans français. Les résultats ont révélé qu'une proportion significative, soit environ 42 %, des individus au sein de cette communauté ont déclaré avoir fait l'expérience d'une discrimination basée sur leurs croyances religieuses. De manière préoccupante, ce chiffre a atteint un alarmant 60 % pour les femmes musulmanes portant le voile, indiquant ainsi un sous-groupe particulièrement vulnérable au sein de la population musulmane plus large.

De plus, 42 % des musulmans en France rapportent une expérience de discrimination, un pourcentage qui atteint des niveaux encore plus élevés chez les femmes qui portent le hijab. Cette situation est aggravée par une autre statistique alarmante : en 2020, le nombre d'agressions contre des musulmans en France s'est élevé à 235, marquant une augmentation significative de 53 % par rapport à l'année précédente. Malgré le fait que les musulmans représentent entre 6 et 10 % de la population française, ils sont surreprésentés dans le système carcéral, constituant environ 40 à 50 % de la population carcérale du pays.

Les conséquences de la loi "anti-séparatisme" sur les musulmans en France

Aujourd'hui, des changements dans les lois ont rendu les conditions plus difficiles pour les musulmans. Plus de 4 000 attaques ont été recensées, principalement dirigées contre des familles musulmanes. Le gouvernement a également ciblé des milliers de familles, ainsi que des centaines d'entreprises, d'associations caritatives et de restaurants qui ont été attaqués. Les experts soutiennent que la loi "anti-séparatisme", promulguée par le gouvernement Macron en 2021, restreint de manière systématique la liberté religieuse et les pratiques islamiques, contribuant ainsi à la criminalisation des musulmans. Cette loi, toujours en vigueur, a renforcé le sentiment de peur au sein de la communauté musulmane. Ses conséquences se sont traduites par la fermeture de mosquées et d'écoles islamiques, la persécution des musulmans, ainsi que la fermeture de nombreuses entreprises dirigées par des individus de confession musulmane. Le gouvernement français a procédé à l'inspection de milliers d'institutions musulmanes, entraînant la fermeture forcée de 900 d'entre elles. Ces mesures ont eu un impact significatif sur la communauté musulmane en France.

Interdiction de l'abaya dans les écoles, surveillance policière et réaction publique

Parallèlement à l'interdiction du port de l'abaya par les jeunes filles musulmanes dans les écoles, des équipes de police ont été déployées dans les lycées depuis le 4 septembre, en prévision d'une opposition publique. Selon les témoignages de journalistes français, environ 2 000 agents de sécurité ont été mobilisés pour empêcher les femmes françaises de porter l'abaya. Certains utilisateurs des médias sociaux ont également signalé la présence de policiers armés devant plusieurs établissements scolaires français afin de mettre en place l'interdiction de l'abaya. Cette surveillance policière visant le hijab et l'imposition du port obligatoire du hijab en France sont en net contraste avec les critiques antérieures de Macron contre le hijab obligatoire en Iran lors des émeutes dans la partie ouest du pays l'année dernière. Le Conseil français du culte musulman (CFCM), créé pour représenter les musulmans auprès du gouvernement et promouvoir leurs droits, a également signalé que l'interdiction de l'abaya pourrait entraîner un risque de discrimination généralisée. Dans ce contexte, un lycée en Seine-Saint-Denis a protesté contre l'interdiction de l'abaya dans les écoles. Les enseignants et le personnel de l'école Maurice Utrillo de Stains ont appelé à la grève et à un rassemblement pour s'opposer à cette interdiction. Dans leur déclaration, ils ont exprimé leur refus de stigmatiser les élèves portant une abaya ou une qamis. Les manifestants ont souligné que les controverses entourant le port de l'abaya découlent des critiques envers le système éducatif public et de la réduction sévère des ressources dans ce domaine. De nombreux utilisateurs français des réseaux sociaux font remarquer que l'imposition de nouvelles restrictions contre le harcèlement scolaire par le gouvernement suscite des interrogations. Certains ont exprimé sur le réseau social X (anciennement Twitter) : "Alors que les écoles sont censées être protégées contre les harceleurs, peu d'efforts sont déployés et il n'y a pas de présence policière." Cette déclaration met clairement en évidence les préoccupations concernant l'approche du gouvernement de Macron à l'égard des musulmans. Certains ont également critiqué avec le même regard critique : "L'énergie n'est pas déployée à un tel degré pour les agresseurs. Quel gouvernement honteux !" D'autres utilisateurs ont remis en question cette approche du gouvernement de Macron en la qualifiant de bizarre.

En conclusion, de nombreux analystes politiques soutiennent que Macron, actuellement confronté à une insatisfaction domestique significative, a eu recours au hijab et a instauré des restrictions supplémentaires visant la population musulmane française, dans le but de détourner l'attention de ses performances économiques catastrophiques.

il est temps de repenser les politiques et les discours qui alimentent cette crise identitaire en France. Il est crucial de promouvoir la tolérance, l'inclusion et le respect mutuel pour construire une société française véritablement unie. Cela nécessite un engagement politique, des actions concrètes et une ouverture au dialogue afin de surmonter les divisions actuelles et de construire un avenir meilleur pour tous les citoyens français, quelle que soit leur origine ou leur religion.

 

Arwin Ghaemian est étudiant en doctorat d'histoire à l'université de Téhéran.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV