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Zoom Afrique du 28 août 2023

Zoom Afrique du 28 août 2023

Les titres de la rédaction :

  • Guinée : l’exécutif réceptionne une cargaison de 28 000 tonnes d’urée au profit des agriculteurs
  • Maroc : lancement d’une usine de production d’huile végétale de 19 millions $ dans la province de Laâyoune
  • L’Afrique devrait augmenter sa production de gaz de 65% d’ici 2035, à 41,6 milliards de pieds cubes par jour
  • Le Kenya veut lancer ses expéditions d’avocats vers l’Inde à partir de septembre prochain

Les analyses de la rédaction :

1. Cameroun: le génocide commis par la France oublié ? 

Dans l’euphorie des revendications indépendantistes, des milliers de Camerounais ont été tués par les forces colonialistes à travers le pays à partir des années 50. 
Selon Pascal Kropp, Payot, » On compte des milliers de morts dans les forêts de la Sanaga, et plusieurs dizaines de villages sont incendiées ou rasées. Beaucoup d'officiers admettront plus tard qu'on aurait pu éviter un tel bain de sang ». Max Bardet, un pilote d'hélicoptère présent au Cameroun de 1962 à 1964 témoigne « En deux ans l'armée régulière a pris le pays Bamiléké du Sud jusqu'au Nord et l'a complètement ravagé. Ils ont massacré de 300 à 400 000 personnes ». 

« Un vrai génocide. Ils ont pratiquement anéanti la race. Sagaies contre armes automatiques. Les Bamilékés n'avaient aucune chance. A la fin de la guerre, j'ai fait une prospection d'un mois avec un administrateur général du nom de Coudret. Il était indigné. Ce n'est pas possible tous ces villages morts, où sont les habitants ? Les villages avaient été rasés un peu comme Attila. Peu de Français sont intervenus directement. J'en ai connu 3 ou 4. La presse n'en a pas parlé. On faisait plaisir au président Ahidjo parce qu'il fallait que le Cameroun garde ses liens avec la France. » 

Qu’est ce que la postérité retiendra des circonstances dans lesquelles le Cameroun est devenu indépendant en 1960 ? Combien de nationalistes, de grandes figures africaines et camerounaises ont été assassinées pour leur combat anticolonial ? Les leaders historiques camerounais morts pour la patrie sont tombés dans l'oubli ? Faut-il se taire face à ces atrocités ? 

Que ce soit le premier président camerounais Ahmadou Ahidjo (1960-1982) ou de son successeur, l'actuel président Paul Biya. Tous ont toujours résisté de voir exhumer la mémoire des nationalistes camerounais morts pour la cause du Cameroun sans avoir eu le temps de bénéficier du fruit de leur combat. Quant aux archives militaires françaises, elles ne sont pas toutes ouvertes. Même les archives publiques françaises disponibles à la bibliothèque Pompidou de Paris ont fini par refermer la page sur l’histoire des indépendantistes africains. 

Dans les années 50, des personnalités comme Amílcar Cabral, Patrice Lumumba, Ruben Um Nyobé du Cameroun ont exprimé leur aspiration pour l’indépendance de leur pays respectif.  

Au Cameroun, toujours dans les 50, l’UPC (Union des populations du Cameroun), dirigée par Ruben Um Nyobé, bénéficiait d’un fort soutien populaire. Um Nyobé ira jusqu’à la tribune des Nations unies exprimer l’aspiration à l’indépendance de son pays. Mais la France dissout son parti en 1955 et en pourchasse les militants.  

En 1958, il est assassiné. La répression contre l’UPC et ceux qui partagent les idéaux de ce parti politique est d’une extrême violence : torture, assassinats, exposition des têtes coupées des victimes, bombardements. Malgré les persécutions, l'UPC continue de combattre, après 1960, le régime d'Ahmadou Ahidjo, accusé d'avoir confisqué l'indépendance. Epaulées par l'armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des centaines de milliers de morts seront nécessaires pour venir à bout de l'opposition. 

Le premier nom sur cette liste a été tué à Batié (Ouest, Cameroun) le 8 septembre 1961 par les forces d'occupation coloniales françaises.  

Le documentaire du journaliste Suisse Franck Garbely sur le nationaliste Félix Moumié intitulé « Afrique sous contrôle » évoque l’extermination au napalm des populations de l’ouest et de la Sanaga maritime.  

Garbely, à travers son documentaire sur Félix Moumié, présente une version des faits qui jusqu’ici a toujours été contredite par les institutions françaises au sujet de « de la lutte d’indépendance du Cameroun. » 

Le génocide français au Cameroun pendant la guerre de l’indépendance du pays fait en effet l’objet d’un traitement équilibré dans ce documentaire démêlant l’écheveau de l’assassinat de Félix Moumié. Témoignages des victimes des exactions de l’armée française au Cameroun 

Tout en mettant en perspective la stratégie militaire du colonisateur en vue de « nettoyer le maquis », le réalisateur donne la parole aux victimes des exactions de l’armée française. 

Le Roi des Bamendjou, Jean-Rameau Sokoudjou n’hésite pas à utiliser le vocable « génocide ». Le Roi qui a vécu personnellement les faits raconte dans le documentaire de Garbely « que des villages entiers de l’Ouest ont été rayés de la carte à cause des tueries à grande échelle perpétrées par l’armée coloniale française ». 

Dans la région du littoral et plus précisément dans le département de la Sanaga maritime, Monsieur André Nguimbous n’en dit pas le contraire. Il évoque également les atrocités perpétrées par l’armée coloniale et qui avait pour objectif d’effacer de la carte du Cameroun plusieurs villages du pays Bassa. 

Me Jacques Verges, confirme quant à lui sans hésiter le génocide français au Cameroun. L’avocat français, chargé de défendre les intérêts de la famille Moumié après l’assassinat du nationaliste, indique par ailleurs l’arme de destruction massive utilisée par les soldats français. Il s’agit notamment du napalm, une essence solidifiée au moyen du palmitate de sodium ou d’aluminium, servant à la fabrication de bombes incendiaires. Il affirme mordicus que le napalm a été utilisé par l’armée française au Cameroun. 

La réaction de la France à ces accusations évoquée dans le documentaire de Garbely est matérialisée par deux symboles de la colonisation française au Cameroun. 

Pierre Mesmer, agent colonial installé à Dschang dans les années 1960, rejette la responsabilité sur les nationalistes. Selon ce dernier, l’insécurité était le fait des nationalistes camerounais. 

Et la France ne pouvait laisser perdurer le désordre dans ces différentes parties du pays. Pierre Mesmer aujourd’hui décédé se défend aussi avec le même argumentaire. L’ancien ministre français et administrateur colonial au Cameroun affirme quant à lui dans le documentaire que l’armée française avait à faire à des hommes « impitoyables » comme Um Nyobé. 

Pour lui, il ne saurait avoir de pitié pour des gens impitoyables. Parlant de Moumié, Messmer affirme que: « Lui n’était intéressé que par le combat pour le pouvoir, il n’accepte aucune élection. ». Conclusion, jugez en vous-mêmes. Pierre Mesmer, fidèle serviteur de la France, finit en jetant le doute sur les commanditaires de l’assassinat de Félix Moumié. Il explique notamment « que la France ne s’intéressait point à Moumié ». Et de suggérer malicieusement la piste de Ahmadou Ahidjo, jadis présenté comme le « père » de l’indépendance du Cameroun. 

Quelle a été la voie empruntée par l'enquête sur l'assassinat de Félix Roland Moumié à Genève en 1960 ?  La disparition de son dossier médical et judiciaire en Suisse ; l’acquittement du principal accusé, le dossier classé, le nom de la rue où se trouvait le fameux restaurant aux plats d'argent où Moumié fut empoisonné, changé, etc. Et la France dans toute cette cabale ? A chacun d’en juger. 

Les cicatrices laissées par la France au Cameroun demeurent dans le subconscient collectif des peuples. 

La France pour sa part, pourra-t-elle reconnaître le massacre des Camerounais en 1955 comme un génocide à part entière et d'envisager les dédommagements conséquents ? Il est temps de relancer le débat sur les relations de la classe politique française avec le continent noir, avec notamment des accusations de génocides, de massacres et de financements occultes. 

Se taire constituerait à notre avis un délit. Ce qui est certain, ce serait une erreur d’oublier le génocide français au Cameroun. 

2. Le Mali ; bientôt « une nation forte et complète sur tous les plans » (Choguel) 

En visite à Mopti, le dimanche 27 août dernier, pour la clôture de la 11e édition des vacances citoyennes, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est revenu sur les efforts quotidiens que déploient les Forces armées maliennes pour la sécurisation des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du pays. Occasion également saisie par lui pour annoncer l’idée cachée derrière le projet de la création d’une école de guerre au Mali. 

De Kayes à Kidal, la quasi-totalité des Maliens demeurent fiers d’eux-mêmes grâce à la lutte et aux combats quotidiens des Forces armées maliennes. En dépit d’une forte pression exogène, les Maliens ont pu avoir confiance en eux grâce à l’armée républicaine. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga l’a clairement reconnu à l’occasion de sa visite à Mopti, le dimanche 27 août dernier. « Les FAMa ont transmis une confiance au peuple malien. Un peuple qui a confiance en lui peut soulever des montagnes. Des choses impossibles à penser au Mali il y a quelques années sont devenues une réalité de nos jours », selon le chef du gouvernement de la transition. Aujourd’hui, dit-il, la République du Mali est devenue un exemple en Afrique grâce à son armée. Aussi appelée grande muette, l’armée du Mali agit très efficacement en parlant peu. Le Dr Choguel estime que les politiques et le gouvernement doivent, quant à eux, plutôt parler fort pour que le monde entier comprenne ce qui se passe sur le territoire national. « Nous parlons fort. On (le monde entier) nous écoute. Certains admirent même le Mali parce que les Forces armées maliennes sont là ». Aussi, va-t-il poursuivre à l’occasion de cette visite, les Forces armées et de sécurité sont le principal outil de décision des hommes politiques.  

Lorsque vous avez des Forces armées sûres, dit-il, vous êtes bien adossés et vous pouvez parler fort, voire laisser certains en plein vol sans les donner des parachutes. « Mais quand votre armée est faible, confie Choguel, on vous fait signer n’importe quoi. On vous menace et vous êtes amenés à prononcer des anecdotes qui plaisent aux autres ». Et le PM d’ajouter : « Quand vous avez une armée forte, personne sauf Dieu et le peuple ne peut s’imposer à vous ». C’est en s’adossant sur les FAMa que le gouvernement de la transition continue d’appliquer ses mesures de réciprocité face aux « puissances » coloniales. Il continue à le faire sans crainte et remord. C’est du moins ce qu’il faudra comprendre à travers l’intervention de l’ex-président du comité stratégique du M5 RFP. « On a le courage de dire ce qu’on veut là où l’on veut et quand on veut grâce aux Forces armées maliennes. On parle haut et fort aujourd’hui parce que vous (FAMa) agissez haut et fort aussi », rapporte le PM Maïga. Le gouvernement de la transition a pu faire, en deux ans, une augmentation des salaires se chiffrant à 300 milliards de nos francs, annonce le chef du gouvernement qui se félicitait, à cette occasion, pour la signature du pacte social entre les acteurs du monde syndicaliste et l’équipe de la transition. Lesquelles augmentations ont eu lieu malgré les sanctions économiques et financières inféodées aux Maliens par la CEDEAO et l’UEMOA. Et de finir par soutenir ceci aux responsables militaires qui l’entouraient à Mopti : « On vient de faire une école de guerre parce que nous voulons une Nation forte et complète sur tous les plans ». 

3. Niger : le délai de l'expulsion de l’ambassadeur de France a expiré 

Les nouveaux dirigeants du Niger, ont donné 48 heures à l’ambassadeur de France à Niamey pour quitter le pays. Cette brusque montée d’adrénaline dans des relations déjà très tendues entre les deux États depuis le coup de force qui a mis fin au pouvoir du président Mohamed Bazoum, aux dires des autorités du régime militaire, est liée au fait que Sylvain Itté aurait refusé, entre autres, de répondre à un entretien organisé par le ministère nigérien des Affaires étrangères. 

Paris a aussitôt réagi en déniant toute légitimité aux militaires à déclarer son représentant persona non grata au Niger. Cela dit, en attendant de connaître le vainqueur de cette crise dans la crise, l’on peut se demander ce que gagnent les deux parties dans ce bras de fer. Pour Paris, cet épisode est l’occasion de rappeler sa fermeté de départ depuis le coup d’Etat : la France ne reconnait pas le nouveau régime. Et derrière cette posture se joue la question des intérêts français. En effet, au-delà de la présence des troupes françaises de l’opération Barkhane rapatriées du Mali, il y a l’épineuse question de la sécurité énergétique française liée à l’exploitation de l’uranium nigérien dans un contexte international marqué par la crise ukrainienne avec son corollaire, la fermeture du robinet du gaz et du pétrole russes. L’enjeu, c’est aussi la problématique de la présence française au Sahel, dans le nouveau contexte de récupération de la souveraineté de l’Afrique et sa volonté de se tourner vers d’autres partenaires comme la Russie, la Chine, l’Iran ou encore la Turquie. La France joue sa survie et on comprend qu’elle ne veuille pas se laisser conduire à l’abattoir comme un mouton de sacrifice. 

Et pour le Niger, tout comme pour le Mali et le Burkina, l’intérêt est d’abord la récupération de la souveraineté et de l’intégrité de ces pays comme pour le continent dans son entièreté. Les liens continuent de se tisser à travers le continent. 

L’administration militaire du Niger a autorisé l’intervention des armées du Burkina Faso et du Mali sur son territoire « en cas d’agression “. 

La décision a été annoncée au terme de la visite de la ministre burkinabé des Affaires étrangères, Olivia Rumba, et de son homologue malien, Abdoulaye Diop, jeudi soir, dans la capitale Niamey, où ils ont été reçus par le général Abdourahamane Tiani. 

À l’issue de la visite, le secrétaire général adjoint du ministère nigérien des Affaires étrangères, Omar Ibrahim Sidi, a lu un communiqué transmettant les ordres émis par Niamey ‘autorisant les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso et du Mali à intervenir en territoire nigérien en cas d’agression ‘. 

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a accordé un ultimatum au conseil militaire du Niger, qui avait expiré à la date du 6 août dernier, pour libérer le président Mohamed Bazoum et le rétablir dans ses fonctions, après l’avoir renversé au 26 juillet et la prise du pouvoir par le chef de l’unité de la Garde présidentielle, le général Abdourahamane Tiani. 

La CEDEAO a affirmé qu’elle posait toutes les options sur la table, dont celle d’une intervention militaire, si les militaires au pouvoir ne répondaient pas à ses exigences. 

Suite à la prise du pouvoir par les militaires à Niamey contre le président Bazoum, le Mali et le Burkina Faso ont annoncé, dans un communiqué commun, leur refus de toute intervention militaire étrangère au Niger, qu’ils considèrent comme une ‘déclaration de guerre ‘les impliquant, et ont également menacé de se retirer de la CEDEAO.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV