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Zoom Afrique du 11 août 2023

Zoom Afrique du 11 août 2023

Les titres de la rédaction :

  • Le Botswana découvre un nouveau diamant de plus de 1 000 carats à la mine Karowe
  • La Libye est la première économie d’Afrique en termes de réserves de change, malgré une instabilité latente
  • Le Japon signe un accord avec la Namibie pour l'exploration de terres rares
  • La Facilité africaine de l’eau mobilisera 500 millions $ pour son fonds spécialisé dans l’assainissement urbain

Les analyses de la rédaction :

Niger : le gouvernement formé, une nouvelle gifle à l’Occident

Le général Abdourahamane Tiani a annoncé la formation d’un gouvernement. L’ancien chef d’état-major des armées, Salifou Mody, obtient le portefeuille de la Défense.

Ce gouvernement, dirigé par le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine nommé lundi, est composé de 21 membres. Les ministres de la Défense et de l’Intérieur sont des généraux du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), respectivement le général Salifou Mody (ancien chef d’état-major des armées remercié début avril par Mohamed Bazoum) et le général Mohamed Toumba.

« D’importantes décisions » sont attendues lors de ce sommet, selon l’organisation régionale qui a réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger, tout en maintenant la menace d’un recours à la force pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions.

Alors que le gouvernement nigérien est formé et que les pressions de part et d'autres se multiplient contre le Niger, la CEDEAO, cet organisme à la solde de l'Occident, semble avoir compris que les menaces n'ont aucun effet chez le gouvernement nigérien et c'est pour cela que cette instance veut donner "la priorité aux négociations diplomatiques" !

La négociation avec le régime militaire au Niger doit être le "socle de notre approche", a déclaré ce jeudi à Abuja le président du Nigeria Bola Tinubu à l’ouverture du nouveau sommet de la CEDEAO. "Il est crucial que nous donnions la priorité aux négociations diplomatiques et au dialogue comme socle de notre approche", a lancé le président nigérian, qui assure la présidence tournante de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest.

De leur côté, le Mali et le Burkina Faso ont affiché leur solidarité avec les militaires du Niger. Ils ont affirmé que si le pays était attaqué par la CEDEAO, ce serait "une déclaration de guerre" pour eux.

Le Niger avance doucement et sûrement dans sa démarche anti-colonialiste et rien ne peut l'arrêter dans cette démarche.

Depuis des dizaines d’années, l’Occident apporte une aide au développement des pays africains. Pour quel résultat ? À quoi sert une aide si elle n’a pas pour objet de permettre aux pays aidés de s’affranchir à terme de cette aide pour se développer seuls ? Les pays africains ont pris conscience de cette situation et veulent se détacher de l’aide occidentale. Ainsi, nous assistons à la fin d’un monde ancien unipolaire dominé par l’Occident et l’Amérique et nous sommes face à l’émergence d’un monde nouveau, multipolaire, avec la Chine, la Russie, l’Inde et l’Afrique.

Nouveau code minier au Mali :

Depuis leur arrivée au pouvoir, la volonté affichée par les autorités de transition au Mali est de faire en sorte que l'activité minière contribue beaucoup plus qu'aujourd'hui à l'essor économique et social du pays. Après avoir commandé un audit d'une quinzaine de sociétés minières, elles viennent, mardi 8 août, d'adopter deux lois qui actent une reprise en main du secteur par les autorités. L'axe US-OTAN prend des gifles, l’une après l’autre et c'est le moins qu'on puisse dire.

En effet, l'adoption du nouveau code minier et la loi portant sur le contenu local relèvent d'une innovation dans ce secteur pour le peuple malien. Cette innovation tend sa trajectoire sur l’optimisation du taux de la redevance minière dans le cadre du dispositif modulaire en fonction des substances minérales extraites, sans oublier le niveau de valorisation, l’introduction du concept de substances stratégiques et la suppression des exonérations en phase d’exploitation.

En plus de ces efforts s’ajoutent la mise en place de deux (2) conventions distinctes en phase de recherche et d’exploitation, la limitation de la durée des conventions d’établissement en phase d’exploitation, l'amélioration de la base de calcul de la Taxe Ad Valorem (TAV) et l’inclusivité dans l’approbation des conventions d’établissement et des titres miniers. Validé avec succès, ce projet de loi comporte 209 articles avec trente (30) chapitres et onze (11) titres.

Pour rappel, le nouveau code adopté prendra en charge les schémas de traitement par péage dans la législation minière. Aussi, il déterminera le mode de calcul de la prise de participation en numéraire de l’État et des privés nationaux et renforcera le droit de préemption de l’État dans les actes de cession de titre minier. Tout ceci permettra l’introduction des zones promotionnelles en phase de recherche. En effet, ces réformes pourraient fortement remettre en place les nombreuses multinationales occidentales, et particulièrement canadiennes, présentent dans le pays.

En mettant en place cette nouvelle entité, les autorités actuelles de la transition souhaitent que « l’or brille » davantage pour tous les Maliens et que les autres ressources minérales, à savoir le pétrole, le gaz, le fer, l’uranium, le calcaire, l’hydrogène naturel, encore inexploité puissent l’être dans les meilleures conditions.

Soulignons qu’en 2021, la production malienne d’or est ressortie à 65 tonnes, représentant 70 % des exportations du pays, 25 % des recettes fiscales, 10 % du PIB, pour rapporter plus de 500 milliards FCFA au budget de l’État.

Les pilleurs des ressources maliennes sont désormais expulsés et les mines maliennes totalement entre les mains des sociétés nationales.

La CEDEAO comme arme néocoloniale :

par Alexander Rubinstein et Kit Klarenberg

Alors que la CEDEAO a été officiellement fondée par le Traité de Lagos en 1975, son histoire officielle indique que les origines du bloc remontent à la création du franc CFA en 1945, qui a consolidé l’empire français d’Afrique de l’Ouest en une union monétaire unique. Publiquement, le mouvement a été décrit comme une tentative bienveillante de protéger ces colonies des conséquences de la forte dévaluation du franc français en 1945, suite à la création du système de Bretton Woods dominé par les États-Unis. Comme le ministre français des Finances l’a déclaré à l’époque :

«En signe de générosité et d’altruisme, la métropole, souhaitant ne pas imposer à ses filles lointaines les conséquences de sa propre pauvreté, fixe des taux de change différents pour leur monnaie».

En réalité, l’introduction du franc CFA a permis à Paris de maintenir des relations commerciales très inégales avec ses colonies africaines, à une époque où son économie a été ravagée par la Seconde Guerre mondiale et où son empire d’outre-mer s’est rapidement désintégré. La monnaie a rendu bon marché pour les États membres d’importer de France et vice versa, mais prohibitivement cher pour eux d’exporter n’importe quoi ailleurs.

Cette dépendance forcée en Afrique de l’Ouest francophone a créé un marché captif pour les Français, et par extension le reste de l’Europe. Cette dynamique, qui freine le développement économique régional depuis des décennies, persiste encore aujourd’hui. La domination continue du franc CFA garantit que les États d’Afrique de l’Ouest restent sous le contrôle économique et politique de la France. Ces pays africains sont impuissants à adopter des changements de politique significatifs, car ils manquent de contrôle sur leur propre politique monétaire.

Que la monnaie occupe une place si importante dans l’histoire autorisée de la CEDEAO est instructif, car le bloc a longtemps été critiqué comme une extension de l’impérialisme français. Ce n’est pas pour rien qu’en 1960, le président français de l’époque, Charles de Gaulle, a fait de l’adhésion au franc CFA une condition préalable à la décolonisation en Afrique.

Bien que la CEDEAO vise théoriquement à maximiser le pouvoir de négociation collective des États membres en favorisant «la coopération économique et politique interétatique», une telle harmonisation permet aux anciennes puissances impériales comme la France d’exploiter et d’affaiblir leurs pays constitutifs. Le bloc impose un cadre juridique et financier strict et approuvé par l’Occident à ses membres, et tout État qui s’écarte de ces règles est sévèrement puni.

En janvier 2022, la CEDEAO a imposé des sanctions strictes au Mali, incitant des milliers de personnes à descendre dans la rue pour soutenir le gouvernement militaire qui a pris le pouvoir en janvier de l’année précédente. Les efforts du nouveau gouvernement pour purger le pays d’une influence étrangère malveillante ont imposé une interdiction complète des médias français, une décision qui a été critiquée par l’ONU, mais encouragée par le Malien moyen.

La CEDEAO a appliqué des mesures similaires au Burkina Faso en réponse au coup d’État militaire de septembre 2022, qui a vu Paul-Henri Sandaogo Damiba démis de ses fonctions après seulement huit mois au pouvoir. Bien que Damiba lui-même ait été saisi par le coup d’État militaire, il y a eu peu de condamnation de la part des responsables occidentaux et peu de suggestions que la CEDEAO impose des sanctions – peut-être en raison de l’orientation pro-occidentale et du statut en tant que diplômé de plusieurs cours de formation d’élite de l’armée états-unienne et du département d’État.

Depuis 1990, la CEDEAO a mené sept conflits distincts en Afrique de l’Ouest, afin de protéger les despotes préférés de l’Occident dans toute la région. Entre 1960 et 2020, Paris a lancé 50 interventions distinctes en Afrique. Les chiffres des activités clandestines menées pendant cette période ne sont pas disponibles, mais les empreintes du pays se retrouvent dans de multiples élections truquées, coups d’État et assassinats qui ont soutenu des gouvernements conformes et corrompus au pouvoir dans tout le continent.

Comme l’a fait remarquer le président Jacques Chirac en 2008, «sans l’Afrique, la France tombera au rang de puissance du tiers monde». Cette perspective a été réaffirmée dans un rapport du Sénat français de 2013, L’Afrique est notre avenir. En effet, la simple existence de gouvernements anti-impérialistes partout dans la région est intolérable pour Paris.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV