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Zoom Afrique du 5 mai 2023

Les titres de la rédaction :

  • Burkina Faso : l’exécutif autorise l’exploitation d’une mine d’or capable de livrer 11,74 tonnes en 10 ans
  • Nigéria : la production de blé est attendue en hausse de 40 % à 156 000 tonnes en 2023/2024
  • Mali : la mine Sadiola peut encore produire de l’or pendant 17 ans (Allied Gold)
  • Côte d’Ivoire : rencontre avec les fondateurs d'Arnio, la future marque africaine de motos électriques et de produits lifestyle

Les analyses de la rédaction :

Mali: les opérateurs télécoms dans le viseur 

Décidément, 2023 ne sera pas de tout repos pour les entreprises de téléphonie en Afrique. Alors qu’un mouvement de boycott a été mis en place notamment en Côte d’Ivoire ou au Cameroun, ces entreprises sont aussi mal barrées au Mali. Alors que Moov Africa Malitel et Orange Mali ont été condamnées en mars dernier par la Cour suprême à payer une amende de 176 milliards de francs CFA pour avoir « facturé des appels sur répondeur », elles font de nouveau face à une grogne sociale qui réclame la baisse du prix des forfaits Internet. 

Après que la Cour Suprême ait confirmé le verdict dans l’affaire opposant le Réseau malien des consommateurs de téléphonie mobile (REMACOTEM) aux opérateurs de télécoms Orange et Moov Africa Malitel, ceux-ci font face à un nouveau front. Sur les réseaux sociaux, des milliers de Maliens se mobilisent pour une baisse du coût d’Internet dans le pays. 

Comme pour l’affaire de la facturation des appels sur répondeur, la bataille est menée par un collectif de citoyens dénommé Boycott Orange-Mali Moov Africa Malitel. Mis en place mi-avril 2023, le mouvement rassemble des journalistes, activistes et leaders d’opinions. « Nous avons remarqué que les tarifs de connexion Internet – et même des appels téléphoniques – sont considérablement plus élevés au Mali que dans certains pays de la sous-région. C’est suite à ce constat que nous avons jugé nécessaire de lancer ce mouvement afin de réclamer une baisse des prix », explique le journaliste réalisateur Boubacar Labass Koné, membre du mouvement. 

Une étude comparative réalisée par l’Alliance pour un Internet abordable publiée le 3 mars dernier révèle que le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles dans les pays d’Afrique subsaharienne a atteint 4,47 dollars en 2022 contre 4,09 dollars en Amérique du Sud, 2,72 dollars en Europe de l’Ouest et 1,47 dollars en Asie, 

Ce qui fait, en croire le rapport, que le prix médian d’un gigaoctet (Go) de données mobiles en Afrique subsaharienne est le plus cher au monde et s’élève à 3,3% du revenu mensuel par habitant. Nettement au-dessus du seuil maximal de 2% du revenu mensuel fixé par les Nations unies dans ce domaine. 

« C’est le motif de notre mobilisation, qui est une interpellation de nos autorités mais aussi des compagnies de téléphonie concernant le prix d’Internet au Mali. Nous revendiquons une baisse des prix car ceux qui sont appliqués par les deux compagnies sont trop élevés pour le pouvoir d’achat des Maliens alors qu’Internet est aujourd’hui un outil important pour tous ! », renchérit la web activiste Fatouma Harber, également membre du collectif. 

Atlantic Council pointe du doigt quelques facteurs. Il s’agit premièrement du déficit en infrastructures de télécommunications. Selon la Banque mondiale, environ 45% des habitants en Afrique de l’Ouest se trouvent à plus de 10 kilomètres d’une connexion par fibre optique, ce qui représente un taux plus élevé que dans l’ensemble des autres régions du monde. 

Le niveau de concurrence sur le marché des télécommunications constituerait aussi un facteur déterminant du coût des données mobiles. Une récente étude comparative de l’Alliance pour un Internet abordable certifie que « la différence de prix entre les marchés où un opérateur est en situation de monopole et les marchés comptant deux opérateurs peut atteindre 7,33 dollars par gigaoctet de données mobiles ». 

Ce qui expliquerait par exemple qu’au Mali le prix d’un gigaoctet soit plus cher (1 000 francs CFA) qu’au Cambodge.  

Face à ce que le collectif Boycott Orange Mali Moov Africa Mali appelle « une arnaque des opérateurs de téléphonie mobile », un slogan a été lancé sur les réseaux sociaux : « Dokeraten », un terme bambara signifiant approximativement « ça suffit ». « La mobilisation marche bien. Nous avons lancé deux grandes phases qui ont été bien menées, même si nous regrettons le silence des artistes et autres politiciens maliens sur la question. Un engagement de leur part pourrait nous permettre d’avoir gain de cause. Nous avons toutefois réussi à faire entendre nos revendications à travers une campagne numérique qui est un succès. Nous allons bientôt passer à la suite de notre stratégie avec des actions sur le terrain », avise Fatouma Harber. 

Comme mesure déjà en vigueur, le mouvement appelle ses militants (estimés à plus de 1 000) à réduire leur temps de connexion. « Plus de six heures au moins durant le week-end », explique Boubacar Labass Koné. Outre la campagne numérique, le groupe compte également se faire entendre sur la sphère publique par, entre autres, l’organisation d’une conférence de presse à Bamako, des meetings devant les sièges des entreprises de télécoms et une journée entière de boycott des services téléphoniques. 

Corée du Nord, Russie, les partenaires du Burkina se multiplient 

Le Président de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a déclaré jeudi soir, que la Turquie, la Russie et la Corée du Nord étaient des alliés stratégiques de son pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. 

"Vous avez la Turquie qui est un allié majeur. Nous allons coopérer avec ceux qui souhaitent nous aider dans cette guerre, ceux qui vont accepter de nous vendre des équipements, accepter de nous accompagner", a déclaré le capitaine Traoré dans un entretien accordé à la télévision publique. 

Traoré a expliqué qu’en plus de la Turquie, le Burkina Faso entretient des relations avec d’autres "alliés stratégiques". "Nous avons de nouvelles coopérations. On a la Russie par exemple, qui est un allié stratégique. La chance est que la plupart de nos moyens (militaires) majeurs sont russes. Et on continuera d’acquérir des moyens majeurs avec la Russie. Nous avons beaucoup d’alliés, seulement les niveaux de coopération diffèrent", a-t-il fait savoir. 

Le président burkinabè a ajouté que la Corée du Nord était aussi un "allié stratégique" au regard de sa grande capacité sur le plan militaire. "Dans notre armée, jusqu’à aujourd’hui, nous utilisons des armes que la Corée du Nord nous avaient données dans les années 1985. Des armes lourdes nord-coréennes qui sont en service actuellement dans notre armée. Nous souhaitons encore acquérir des armes là-bas pour combattre", a-t-il dit. 

Évoquant la présence supposée du groupe paramilitaire russe Wagner au Burkina Faso, le capitaine Traoré s’est exprimé sue le sujet en affirmant que : "Notre armée, jusqu’à l’heure où je vous parle, combat seule. Ce sont nos Forces de défense et de sécurité (FDS) et nos Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée) qui combattent. Aucune force étrangère", a-t-il dit. 

Il a ajouté que "le concept de Wagner" a été créé pour dire à certains États d’abandonner le Burkina Faso. 

Il a par ailleurs, salué les rapports de coopération avec les pays voisins, notamment le Mali, pays avec lequel des opérations militaires conjointes sont organisées régulièrement. "C’est devenu le même territoire, (car) c’est le même ennemi que nous combattons", a-t-il dit. 
Le capitaine Traoré a réitéré sa position de ne pas négocier avec les groupes armés terroristes. "Il est hors de question de négocier avec les terroristes. Il n’y a pas un centimètre de notre territoire que nous allons céder", a-t-il martelé, soulignant qu’en 2020, certains politiques ont tenu des négociations avec les groupes terroristes en leur donnant de l’argent afin de pouvoir organiser les élections dans la quiétude. 

Il a expliqué qu’à l’époque les forces de défense et de sécurité avaient reçu l’ordre de ne pas mener des opérations offensives contre les terroristes, qui se sont par la suite, équipés avant de venir attaquer les positions de l’armée. 

Selon Traoré, la stratégie globale de lutte contre le terrorisme, allie le volet militaire à travers des opérations offensives sur le terrain, et les questions de développement local en initiant des projets de développement au profit des populations. 

Mali: la MINUSMA accusée d’avoir perpétré des attaques terroristes contre des civils 

Récemment, la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) fait face à une campagne féroce du peuple malien, suite aux récents attentats terroristes sur de nombreuses régions du pays. 

Depuis son arrivée au Mali il y a plus de dix ans dans le but de rétablir la sécurité et la paix, cette mission est devenue la cible principale des militants, notamment en raison de son incompétence à faire face à ce type de menace. 

Le 22 avril tôt dans la matinée, un groupe de chasseurs maliens Donzo a subi une attaque armée près d’un contingent de la MINUSMA. Une attaque malencontreuse de la part de cette dernière a causé la mort d’un civil et blessé d’autres personnes. 

L’une des victimes de l’attaque qui a miraculeusement survécu après avoir perdu connaissance depuis qu’il a reçu une balle dans la main, a raconté dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux comment ils ont été attaqués par les soldats de la MINUSMA et ensuite sauvé par les forces armées maliennes (FAMa) suite à leur arrivée sur le lieu de l’attentat. 

« Nous sommes partis tous les quatre sur deux motos de la zone Barbée vers le poste de Donzo pour aider nos amis après que j’ai entendu des explosions là-bas. Nous avons passé le contrôle de documents auprès de la patrouille des FAMa, mais lors de notre passage devant la MINUSMA ils ont commencé à nous tirer dessus avec des mitrailleuses sans même nous identifier et savoir de qui il s’agissait », a-t-il raconté, victime de l’attaque. 

Le peuple malien a exprimé son mécontentement vis-à-vis de la MINUSMA et exigé son départ du territoire du pays à de nombreuses reprises. Vendredi dernier 28 avril le mouvement Yerewolo debout sur les remparts a organisé une mobilisation à Bamako. À cet effet, un célèbre animateur d’une radio à appeler les Maliens à s’en prendre aux installations de la mission pour détruire et les jeter au fleuve. 

À Bankass, certains habitants sont hostiles à la MINUSMA : « Que la MINUSMA s’en aille. Depuis qu’elle opère au Mali rien n’a changé. Nous allons reconstruire le Mali avec des patriotes ». 

Après la forte montée en puissance de l’armée malienne dans la période récente et ses gains sur le terrain, le Mali n’a plus besoin de forces étrangères pour rétablir la sécurité et lutter contre les groupes terroristes. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV