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Khader Adnan, chef emblématique de la Résistance palestinienne, assassiné à 44 ans

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Syed Zafar Mehdi

Khader Adnan, haut responsable du mouvement de résistance, le Jihad islamique de la Palestine, a rendu son dernier soupir dans une prison israélienne aux petites heures de mardi matin après près de trois mois de grève de la faim.

Adnan qui était devenu un puissant symbole de la résistance palestinienne contre la politique des détentions arbitraires et des tortures dans les prisons israéliennes, a été « retrouvé inconscient » dans sa cellule, selon ses geôliers, confirmant ainsi son assassinat au cours de sa détention.

Le commandant de la Résistance de 44 ans, père de neuf enfants de la ville d'Arraba, près de la ville occupée de Jénine, en Cisjordanie, a passé plusieurs années dans différentes prisons israéliennes et a fait de nombreuses grèves de la faim pour protester contre la soi-disant « politique de détention administrative » du régime.

Cette politique de détention arbitraire, héritée des colonisateurs britanniques, permet au régime occupant de détenir indéfiniment des « suspects » palestiniens sans inculpation ni procès.

Les autorités du régime israélien n'ont jamais porté d'accusations formelles contre le commandant emblématique de la Résistance, mais l'ont arrêté arbitrairement à de nombreuses reprises pour « des activités qui menacent la sécurité régionale ».

Les appels « Nous sommes tous Khader Adnan » résonnaient souvent dans les territoires occupés alors que le chef du Jihad islamique languissait derrière les barreaux – non pas pour une cause personnelle mais pour la défense des autres prisonniers.

Il convient de noter que le régime d'occupation détient actuellement des milliers de Palestiniens sans inculpation ni jugement dans différentes geôles dans des conditions inhumaines et, nombre de ces prisonniers sont aux prises avec une santé qui se détériore.

Selon certaines informations, Adnan a été détenu à plusieurs reprises sous des prétextes futiles par le régime d'occupation depuis 1999 mais, ses « crimes » n'ont jamais pu être prouvés et il n'a donc jamais été inculpé de quoi que ce soit.

Entre 2012, lorsqu'il a entamé une grève de la faim en prison pendant 66 jours jusqu'à son meurtre en détention mardi 2 mai, le célèbre commandant de la Résistance a fait plus d'une douzaine de grève de la faim.

Dans une lettre adressée au public par le biais de ses avocats avant d'annoncer sa grève de la faim en février 2012, Adnan avait déclaré que l'occupation israélienne « est allée jusqu’à l'extrême » contre les prisonniers palestiniens.

« J'ai été humilié, battu et harcelé par des interrogateurs sans raison et, j'ai donc juré devant Dieu que je combattrais la politique de détention administrative dont moi et des centaines de mes codétenus sommes devenus des proies », lit-on dans la lettre, qui a été largement diffusée.

« La seule chose que je puisse faire est d'offrir mon âme à Dieu car, je crois que la droiture et la justice finiront par triompher de la tyrannie et de l'oppression. J'affirme par la présente lettre que je confronte les occupants non pas pour mon propre bien en tant qu'individu mais, pour le bien de milliers de prisonniers qui sont privés de leurs droits humains les plus élémentaires sous le regard du monde et de la communauté internationale. »

En juin 2015, alors qu'il était en grève de la faim dans une prison israélienne, Adnan a déclaré « plus les Israéliens me torturent, plus je deviens fort et déterminé », comme l'a cité son avocat de l'époque, témoignant de son extraordinaire bravoure.

Selon Addameer, un groupe de soutien aux prisonniers palestiniens, Adnan a passé près de six ans dans les prisons israéliennes depuis sa première détention de 4 mois en 1999.

L'activisme politique d'Adnan remonte à ses années d'étudiant, selon les rapports, lorsqu'il était étudiant à l'Université de Birzeit. Il s'est impliqué dans les activités du mouvement de résistance du Jihad islamique contre le régime d'apartheid.

Dans une interview accordée à Al-Jazeera en février 2011, sa femme Randa Mousa a déclaré qu'Adnan lui avait dit que sa vie n'était « pas normale », ajoutant qu'elle, elle « a toujours rêvé d'épouser quelqu'un de fort, quelqu'un qui lutte pour la défense de son pays ».

Mousa a dit la semaine dernière à l'agence de presse AFP que son mari était détenu à la prison de Ramla et que les autorités pénitentiaires avaient rejeté la demande de la famille de le transférer dans un hôpital civil.

Un groupe médical dans les territoires occupés a déclaré lundi dans un communiqué qu'Adnan « avait du mal à se déplacer et à maintenir une conversation de base, apparaissant pâle, faible, épuisé et dangereusement émacié », avertissant ainsi de sa « mort imminente ».

Il s'est vu refuser tout type de soins médicaux et d'attention et il a refusé de manger pendant 87 jours en détention cette fois, ce qui a finalement conduit à sa mort tragique. Au cours des dernières semaines, les défenseurs des droits de l'homme ont à plusieurs reprises mis en garde le régime contre la détérioration de son état de santé.

Selon ses mots célèbres, une personne devrait soit rechercher le martyre comme l'Imam Hussain (béni soit-il) soit être le propagateur et le diffuseur du message du sang pur comme Sayyeda Zainab (bénie soit-elle), s'inspirant par là du grand érudit et sociologue iranien, le Dr. Ali Shariati.

Son meurtre en détention a suscité une colère et une indignation généralisées, tant dans les territoires occupés que dans le monde entier, la Société des prisonniers palestiniens affirmant que l'occupation israélienne l'avait « assassiné ».

L'Association des prisonniers WAED à Gaza, dans un communiqué publié par l'agence de presse Reuters, a annoncé que le commandant emblématique de la Résistance « a été exécuté de sang-froid ».

Le mouvement, le Jihad islamique palestinien (JIP), dans un communiqué publié après l'annonce de l'assassinat d'Adnan, a déclaré que le combat se poursuivra et que l'ennemi « réalisera une fois de plus que ses crimes ne resteront pas sans réponse. La résistance se poursuivra avec toute notre force et toute notre détermination ».

« Dans notre longue marche vers Qods, nous perdrons de nombreux hommes, dirigeants et combattants courageux en cours de route et, le commandant Khader Adnan était l'un de ceux qui ont ouvert une large voie à tous ceux qui recherchent la liberté en Palestine et dans le monde, », a déclaré le JIP dans un communiqué.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV