Sur ordre du président américain, des avions de combat ont abattu un ballon chinois qui survolait les États-Unis, incitant encore plus de grosses tensions entre Washington et Pékin.
Le Pentagone a déclaré qu'un avion de chasse américain avait abattu un ballon « espion » chinois au large de la Caroline du Sud, au milieu de la détérioration des relations sino-américaines. La Chine a rejeté les accusations américaines et a fustigé cette action du Pentagone.
Le président Joe Biden a félicité les pilotes américains ayant abattu un ballon chinois dans l'espace aérien du pays et au-dessus de ses eaux territoriales.
« Ils ont réussi à l'abattre. Et je tiens à féliciter nos aviateurs qui l'ont fait », a déclaré Biden aux journalistes dans le Maryland.
« L'action délibérée et légale d'aujourd'hui démontre que le président (Joe) Biden et son équipe de sécurité nationale accorderont toujours la priorité à la sûreté et à la sécurité du peuple américain tout en répondant efficacement à la violation inacceptable de notre souveraineté par la République populaire de Chine (RPC) », a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, dans un communiqué samedi.
L’attaque a eu lieu samedi après-midi après la fermeture temporaire de trois aéroports du sud-est des États-Unis en raison de ce que la Federal Aviation Administration a qualifié d' « effort de sécurité nationale ».
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La marine américaine et les garde-côtes s'efforcent d'établir un périmètre autour de l'endroit où le ballon est tombé dans l'océan Atlantique et recherchent des débris, a déclaré un haut responsable de la Défense américaine. La recherche devrait être « assez facile », étant donné que le ballon a été abattu dans une zone peu profonde.
Le journaliste new-yorkais Don DeBar a souligné l'ironie des fanfaronnades de Biden : « L'armée américaine, avec un budget d'un billion de dollars, est ravie d'avoir sorti un ballon inoffensif, sans pilote et sans arme alors que la dernière fois qu'elle a été confrontée à un danger réel, le 11 septembre 2001, il n'y avait aucune protection. »
La Chine a rejeté vendredi les accusations américaines concernant le ballon de surveillance aperçu au-dessus des États-Unis, affirmant que le ballon est un « dirigeable » à des fins de recherches notamment météorologiques.
Pékin a regretté que le « dirigeable » se soit égaré dans l'espace aérien américain.
« Le dirigeable vient de Chine. C'est un dirigeable civil utilisé pour des recherches principalement météorologiques », a déclaré vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.
« La partie chinoise regrette l'entrée involontaire du dirigeable dans l'espace aérien américain en raison d'un cas de force majeure », a-t-il déclaré, en utilisant le terme juridique désignant un acte échappant au contrôle humain.
Pékin fustige la décision du Pentagone
Pékin a fustigé dimanche 5 février la décision du Pentagone d'abattre le prétendu ballon espion chinois repéré en vol au-dessus de l'Amérique du Nord, accusant les États-Unis de « réagir clairement de manière excessive et de violer gravement les pratiques internationales ».
« La Chine exprime son vif mécontentement et proteste contre l'usage de la force par les États-Unis pour attaquer le dirigeable civil sans pilote », a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant qu'il « se réservait le droit d'apporter d'autres réponses nécessaires ».
Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré qu'il avait « clairement demandé que les États-Unis traitent correctement l'affaire de manière calme et professionnelle ».
Pékin a déclaré que les États-Unis « ont insisté pour utiliser la force, réagissant clairement de manière excessive et violant gravement la pratique internationale ».
« La Chine protégera résolument les droits et intérêts légitimes des entreprises concernées et se réservera le droit d'apporter d'autres réponses nécessaires », a déclaré le ministère dans son communiqué.
Le Pentagone a déclaré jeudi qu'il suivait un ballon de surveillance à haute altitude au-dessus des États-Unis. Des responsables ont déclaré que l'armée américaine avait envisagé de l'abattre au-dessus du Montana mercredi, mais a finalement décidé de ne pas le faire en raison du risque pour la sécurité des débris, selon Reuters.
Il a indiqué vendredi soir qu'un autre ballon de surveillance chinois survolait l'Amérique latine.
« Nous avons des informations faisant état d'un ballon transitant par l'Amérique latine. Nous évaluons maintenant qu'il s'agit d'un autre ballon de surveillance chinois », a déclaré le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, dans un communiqué, sans préciser l'emplacement exact du ballon.
Vendredi, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a reporté une visite en Chine après que Washington a accusé Pékin de violer la souveraineté du pays en faisant voler le ballon au-dessus des États-Unis.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré que le président Joe Biden avait été informé du vol en ballon et qu'il y avait un consensus de l'administration sur le fait qu'il n'était pas approprié de se rendre en République populaire de Chine pour le moment.
« La présence de ce ballon dans notre espace aérien, c'est une violation manifeste de notre souveraineté ainsi que du droit international. C'est inacceptable que cela se soit produit », a-t-elle indiqué.
Un haut responsable militaire américain a déclaré jeudi que le Pentagone avait repéré le ballon il y a plusieurs jours alors qu'il se dirigeait vers le nord des États-Unis. « Nous sommes convaincus que ce ballon de surveillance à haute altitude appartient à la [République populaire de Chine] », avait-il dit.