Les citoyens européens pourraient avoir perdu près de 3 000 euros par an à cause des mesures d'austérité mises en œuvre par les gouvernements de l'Union européenne depuis la crise financière de 2007, selon une nouvelle étude.
L'étude de la News Economics Foundation (NEF) et Finance Watch publiée ce vendredi 4 novembre a également affirmé que les pays de l'Union européenne pourraient avoir dépensé jusqu'à 1 000 euros de plus par an et par personne dans les services publics si des réductions moins sévères avaient été mises en place, rapporte la chaîne de télévision paneuropéenne Euronews.
La nouvelle survient à un moment où les états de l'Union européenne accumulent des niveaux d'endettement jamais vu en temps de paix pour atténuer la pandémie de Covid-19 et les effets de la guerre en Ukraine.
Selon Frank Van Lerven, responsable du programme de macroéconomie à la NEF, les mesures d'austérité ont été un échec. « La dernière décennie de politiques d'austérité a nui aux économies européennes et a empêché notre niveau de vie de s'améliorer », a affirmé Van Lerven.
« L'obsession de réduction de la dette et du déficit ne stimule pas la croissance économique et ne maintient pas la dette à un faible niveau. Au contraire, l'austérité a empêché les pays européens de réaliser leur potentiel, » a expliqué Frank Van Lerven.
Après la crise financière, Bruxelles a introduit des règles fiscales plus strictes pour les emprunts et les dépenses publiques -- l'idée étant de réduire la dette nationale. Pour ce faire, elle a réduit les dépenses et les investissements publics.
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Mais au moment où la pandémie survient, l'UE a suspendu ces règles - connues sous le nom de Pacte de stabilité et de croissance (PSC) - afin de permettre aux pays de faire preuve de plus de souplesse pour gérer les retombées économiques.
Les recherches de la New Economic Foundation ont révélé que les mesures d'austérité antérieures ont rendu l'Europe plus vulnérable aux chocs économiques causés par la Covid-19 et la crise déclenchée par la guerre en Ukraine.
Si les réductions n'avaient pas été aussi sévères, les gouvernements de l'Union européenne auraient pu consacrer 533 milliards d'euros à des projets d'infrastructure, y compris des projets verts, ce qui, selon l'étude, aurait pu atténuer l'impact des flambées des prix de l'énergie.
Mais Antonios Nestoras, directeur exécutif par intérim du Forum libéral européen, a assuré à Euronews que les conclusions de l'étude ne donnent pas une perspective équilibrée et ne tiennent pas compte d'autres facteurs importants, ajoutant que les niveaux de dépenses publiques ne peuvent être gérés efficacement qu'une fois qu'une base de richesse dans la société est générée.
L'étude de la NEF et de Finance Watch fait également valoir que les pays qui ont pratiqué une plus grande austérité et des réductions de dépenses publiques, comme la Grèce et l'Italie, se sont retrouvés avec des niveaux d'endettement plus élevés.
Des disparités ont également été constatées dans l'impact des mesures sur le revenu disponible. En Allemagne, les salaires n'ont baissé que de 1 % par rapport à la période précédant la crise financière, tandis qu'en Irlande et en Espagne, qui figurent parmi les pays les plus durement touchés, les revenus moyens ont chuté de 29 % et 25 %.
Berlin, connu pour être l'un des états membres de l'UE les plus économes, était à l'époque l'un des principaux partisans de l'austérité et des coupes budgétaires. Elle a récemment pu se permettre un plan d'aide de 200 milliards d'euros pour aider la population et les entreprises allemandes à surmonter la crise énergétique actuelle, au grand dam des autres Etats membres qui ne peuvent se permettre de le faire à une telle échelle.
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Selon un sondage inclus dans l'étude, 70 % des personnes interrogées sont préoccupées par ce qui pourrait arriver si l'austérité était réintroduite. Dans le même temps, 70 % des personnes interrogées se disent également préoccupées par l'augmentation de la dette publique.