Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Mali : une nouvelle Constitution anti-occupation ?
Selon un décret présidentiel publié vendredi soir, une commission chargée d’élaborer une nouvelle constitution a été mise en place. Elle a un délai maximal de deux mois pour déposer son rapport.
Au Mali, les autorités de la transition continuent les réformes politiques engagées pour organiser les prochaines élections. Selon un décret présidentiel publié vendredi soir, une commission chargée d’élaborer une nouvelle constitution a été créée.
« Il est créé, auprès du président de la transition, une commission de rédaction chargée d’élaborer un avant-projet de loi portant constitution de la République du Mali, dans le cadre de la refondation de l’État », peut-on lire dans le décret, dans son article 1er. « Dans le cadre de sa mission, “la commission peut faire appel à des personnes ressources. Elle consulte l’ensemble des forces vives de la Nation”, a précisé le décret. “A la fin de sa mission qui excédera pas deux mois, la commission remet au président de la transition un rapport de fin de mission et l’avant-projet de constitution.”
Après le coup d’État de 2020 le gouvernement malien s’était engagé dans plusieurs réformes avant l’organisation d’élections. Ainsi, un référendum sur l’adoption d’une nouvelle Constitution avait déjà été prévu en 2021.
Ce référendum devrait permettre de réviser la Constitution de 1992 dont la modification sous le mandat de l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) s’était heurtée à des manifestations populaires. Alors qu’un gouvernement de transition est à la tête du pays depuis le coup d’État de 2020, les nouvelles autorités espèrent obtenir l’assentiment de la classe politique et de la population pour réformer la Constitution.
Après l’annulation des accords de défense avec la France, beaucoup se demande si la nouvelle constitution de visera pas la Minusma.
2. RDC/Rwanda : la guerre a commencé !
La RDC et le Rwanda sont dans un affrontement militaire dans l’est du pays. La résurgence des attaques de la rébellion du M23 est au cœur du froid diplomatique entre Kigali et Kinshasa. Le dernier en date est l’accusation portée par les Forces armées de la République démocratique du Congo contre l’armée rwandaise.
“Le RWANDA a déployé dans les environs de TCHANZU 500 militaires des Forces spéciales, tous habillés d’une nouvelle tenue de couleur vert-noir et coiffés de casques de sa Force Spéciale”, dénonce le communiqué des FARDC qui met en cause l’activisme brumeux du Rwanda à sa frontière Est. C’est une accusation directe avec des éléments de preuves que le Rwanda n’a pas encore niée. Encore moins son soutien au M23.
“Pire encore, les terroristes du M23, soutenus par le Rwanda, leur mentor naturel, se sont intentionnellement attaqués à la MONUSCO à Muhati, non loin de Bikenege, dans le groupement de Jomba en territoire de Rutshuru. Pourtant la Force de la MONUSCO est en plein exercice de sa mission conformément au mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies”, ajoute le communiqué.
Dernièrement, c’est le chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi qui accusait le Rwanda de cornaquer les rebelles du M23 que la RDC avait pourtant vaincu en 2013. Selon lui, il n’y avait aucun doute sur le soutien tacite et maintenant officiel du Rwanda au M23. Les soldats congolais avaient avancé aussi dans un communiqué l’arrestation de deux militaires rwandais dans l’est. L’Union africaine appelle au calme.
L’ambiance est devenue plus hostile entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Les deux pays s’accusent mutuellement d’attaques armées et risquent d’user la manière forte pour régler leur différend, si rien n’est fait à l’échelle internationale pour une désescalade rapide.
Depuis des lustres, les relations diplomatiques entre le Rwanda et la RDC sont tachées d’imperfections. Kinshasa accuse couramment Kigali de soutenir militairement des groupes armés qui tentent à le déstabiliser. Ces dernières semaines, les tensions qui se sont particulièrement accrues présagent de mauvais temps pour les deux parties.
Il y a quelques semaines, le Congo a accusé le Rwanda de soutenir militairement les rebelles du M23. La RDC y est allée loin, déclarant avoir capturé deux soldats rwandais parmi les rebelles qu’elle combat dans l’est du pays, à quelques kilomètres de Goma, près de la frontière avec le Rwanda.
La réponse de Kigali a été catégorique. Le pays de Paul Kagamé a balayé d’un revers de main, les accusations du pays voisin. Malgré l’intervention du président en exercice de l’Union Africaine qui appelle au calme et au dialogue pour une issue pacifique, la tension ne s’affaiblisse, les deux protagonistes étant restés camper sur leur position.
Entre le Rwanda et la RDC, le langage diplomatique et la présomption d’innocence semblent avoir disparu, laissant désormais libre cours à une verve franche et mordante. Les deux pays s’accusent officiellement, et sans commune mesure, de graves agressions armées.
Mercredi, Kinshasa a accusé le Rwanda d’avoir déployé 500 soldats des forces spéciales sur son sol. Deux jours plus tard, l’armée congolaise a déclaré que le Rwanda a tiré “une dizaine de bombes”, vendredi, à l’aide d’un “canon à longue portée” sur le territoire congolais et causé la mort de deux enfants dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
“Ces bombes tirées à plus de 22 kilomètres à partir du territoire rwandais ont explosé à Biruma et Kabaya, localités situées dans le territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu”, a détaillé l’armée congolaise dans un communiqué, ajoutant qu’elles (les bombes), ont tué deux enfants “de sexe masculin” et blessé un autre.
Dans la même journée, l’armée rwandaise a accusé, les Forces armées de la RDC d’avoir tiré deux roquettes sur l’est du Rwanda, indiquant que les tirs sont partis de la zone “de Bunagana en RDC et ont atteint ce vendredi 10 juin 2022 à 11h55 Nyabigoma, dans le district de Musanze”. “Il n’y a pas eu de victimes, mais la population locale est terrifiée”, ajoute l’armée rwandaise.
Conscients de la gravité de la situation et des conséquences que pourrait engendrer un conflit régional entre Kigali et Kinshasa, les pays de l’Est se sont engagés à trouver une solution le plus rapidement possible afin d’éviter que la situation ne tournasse au désastre.
Réunis en sommet à Goma, en RDC, les pays membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (CAE), ont discuté mardi, “des modalités de mise en place d’une force régionale destinée à éradiquer ‘les forces négatives’ qui écument l’est de la RDC”. Le Rwanda étant absent à ce sommet sous-régional, “une prochaine réunion aura lieu du 15 au 19 juin prochain dans un pays neutre, à Nairobi au Kenya, pour que Kigali puisse y participer”.
De son côté, l’Union Africaine qui appelle au calme a désigné le président angolais João Lourenço, comme médiateur dans cette crise diplomatique. Dans ses missions de bons offices, le président João Lourenço organisera incessamment à Luanda, un sommet auquel seront conviés ses homologues de la RDC et du Rwanda. L’objectif de ce sommet annoncé est de régler les divergences qui persistent entre le Rwanda et la RDC et travailler à consolider la paix entre les deux pays.
Dans une déclaration faite par le vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, la RDC recadre le Rwanda sur ses accusations sur une prétendue attaque de FARDC sur son sol.
Le Ministère des Affaires étrangères a pris connaissance avec indignation de la lenteur de la Note Verbale du 10 juin 2022 du Gouvernement de la République du Rwanda par laquelle ce dernier accuse les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) d’avoir lancé le 10 juin des roquettes sur le territoire rwandais. Accusé en outre des hauts responsables gouvernementaux et des membres des organes de sécurité congolais d’inciter la population commettre des actes de violence contre le Rwanda et les personnes parlant le Kinyarwanda, en général ».
Le ministère des Affaires étrangères rejette en bloc toutes ces accusations fallacieuses qui cachent mal la détermination du Rwanda de poursuivre l’agression contre la République Démocratique du Congo et leur soutien au M23, Le Ministère rappelle la teneur de la Communication officielle des FARDC en date du 10 juin 2022 par laquelle les FARDC ont informé l’opinion nationale et internationale, de ce que depuis 16H15 du vendredi 10 juin 2022, l'Armée rwandaise a tiré une dizaine d’obus sur le territoire de la République Démocratique du Congo, plus précisément à Biruma et à Kabaya en territoire de Rutshuru détruisant l’institut saint Giberty tuant deux enfants âgés de 6 et 7 ans respectivement et blessant un troisième. En plus du bilan humain, le bombardement de toute une école constitue à la fois un crime de guerre et un crime contre l’humanité.
L’ignoble soutien continu de l’armée rwandaise au groupe terroriste du M23 est confirmé par les images des drones qui attestent l'occupation jusqu’à ce jour de Tchanzu et de Runyonyi par les Forces de Défense du Rwanda (RDF).
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo somme le Gouvernement de la République du Rwanda d’une part, de mettre fin à son soutien au groupe terroriste du M23 et de s’abstenir de toute action susceptible de porter atteinte à la paix et à la stabilité dans la partie est de la République Démocratique du Congo et la Région, et d’autre part, d’éviter tout acte de nature à compliquer la tâche du médiateur de la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL), le président João Lourenço à qui toutes les parties concernées doivent faire confiance.
3. Mali : les derniers souffles de Macron !
À l’occasion du séjour à Paris du président sénégalais Macky Sall, le chef d’État français Emmanuel Macron a reçu son homologue à l’Élysée. Les deux dirigeants se disent très « très convergents » sur le fait que « Wagner est la garde prétorienne d’un régime qui a pour premier objectif de se protéger », a déclaré l’Élysée.
Le président français Emmanuel Macron n’a toujours pas dit son dernier mot après son bilan militaire et diplomatique catastrophique au Mali. Suite à l’autodétermination des peuples maliens de se prendre eux-mêmes en charge et de trouver par eux-mêmes, les solutions à leurs problèmes politique et sécuritaire, les relations franco-maliennes se sont totalement dégradées. Mais, l’Élysée, encore dans la nostalgie des années impérialistes, pense encore pouvoir rattraper le coup.
Lors d’une visite à l’Élysée, le 10 juin 2022, le président sénégalais Macky Sall a échangé avec son homologue français Emmanuel Macron sur la question du Mali. Pour Emmanuel Macron, il faut à tout prix maintenir « la pression » sur les autorités de la transition à Bamako. Car, « plus le temps passe, plus elles éliminent ses opposants et plus elles s’installent dans le confort relatif qui va avec la protection que lui apporte Wagner », a expliqué la présidence.
Pour Emmanuel Macron qui n’a jamais digéré la rupture définitive entre Paris et Bamako, « Wagner est la garde prétorienne d’un régime qui a pour premier objectif de se protéger ». Une idée également partagée par son homologue sénégalais qui préside actuellement l’Union africaine (UA).
Les deux chefs d’État « ont partagé leurs préoccupations sur la manière de faire de Wagner, et notamment les crimes qu’il commet » dans le pays. « Il faut que Wagner parte » du Mali, selon la présidence.
Les intérêts de Paris au-dessus de ses convictions
En réalité, l’intervention française au Mali qui date de 2013 et qui présente des résultats très mitigés n’a permis en rien d’éliminer la menace terroriste dans la région. Mais depuis l’arrivée au Mali de partenaires russes, Paris voyant la rupture totale entre les deux capitales, cherche par tous les moyens pour discréditer les efforts menés par l’armée malienne.
Emmanuel Macron qui a toujours appelé les autorités actuelles par le vocable de « junte » a pourtant apporté son soutien à la succession dynastique en cours au Tchad, après la mort du président tchadien Idriss Deby, décédé dans des circonstances obscures. Au Tchad, pour servir ses intérêts militaires, Emmanuel Macron a ainsi supporté un régime qu’il pouvait appeler « illégitime », mais au Mali, il parle de « junte » et de « pouvoir autocratique » en insistant sur un transfert de pouvoir aux civils. Pourquoi le discours du colon moderne change d’un pays à un autre ?
L’armée malienne a annoncé samedi, avoir neutralisé 18 terroristes au cours des opérations menées dans les régions de Bandiagara et Douentza, dans le centre du pays.
Les Forces armées Maliennes (FAMa) ont ciblé samedi, avec des frappes aériennes, des refuges des terroristes dans le centre du pays. L’offensive surprise a fait une dizaine de morts, dont trois chefs actifs, dans le rang des terroristes.
« Sur la base de renseignements, des actions aéroterrestres dans la région de Bandiagara ont fait le bilan suivant : 03 refuges terroristes démantelés, des armes, munitions et matériels de fabrication d’Engins Explosifs Improvisés (EEI) détruits, des matériels civils volés aux populations récupérées, 13 terroristes neutralisés dont 3 chefs actifs à savoir Moussa Sangaré, Alias Emerana, Younoussa Sangaré et Boubary Sangaré », indique le communiqué des FAMa.
Dans la région de Douentza, 05 terroristes jalonnant une mission dans la zone de Serma ont été neutralisés et leurs armes et motos récupérées. « Des frappes aériennes ont ciblé le samedi 11 juin 2022, des refuges terroristes dans la région de Nara et la zone du Baoulé, dont l’exploitation est en cours dans le sud du pays », informe le communiqué.
Selon la déclaration du chef d’état-major de l’armée malienne, « 168 terroristes neutralisés et 37 autres ont été interpellés et une quantité d’armes et de véhicules ont été saisis au cours du mois de mai 2022, dans le centre et le sud du pays ».
En d’autres termes, Macron n’est toujours pas prêt visiblement à voir que les Fama, à eux seuls, apportent un bien meilleur bilan en quelques mois dans la lutte contre le terrorisme, qu’en 10 ans avec la présence de Barkhane et de la Minusma. Voici ce qui dérange le plus Macron et sa bande.