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Zoom Afrique du 11 mai 2022

Zoom Afrique du 11 avril 2022

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Actualité en Afrique :

  • Le Nigeria héberge 24 % des projets pétroliers et gaziers qui seront lancés en Afrique, d’ici 2026 (GlobalData)
  • Le Port de Kribi veut construire sa propre centrale thermique d’une puissance de 80 MW
  • Tanzanie : Evolution Energy trouve un acheteur chinois pour sa future production de graphite à Chilalo
  • Un projet d'infrastructures soutenu par la Chine renforce le statut de centre logistique de la Namibie

Analyses de la rédaction :

1. L'OTAN veut remplacer la CEDEAO ?

Avec une perte d'influence énorme dans le Sahel et surtout au Mali, la France cherche à renforcer une présence dans le golfe de Guinée auprès de Washington. Mais la Russie brise une volonté de monopole de cette région par les Occidentaux.

Depuis que le Cameroun et la Guinée équatoriale ont fait appel à la Russie, la Chine et l'Iran, il est clair que la donne a entièrement changé dans la région du golfe de Guinée.

La Direction de l’alerte précoce de la CEDEAO collaborera avec l’OTAN sur le changement climatique, la lutte contre le terrorisme et la piraterie dans le golfe de Guinée, a annoncé ce mardi, l’organisation sous-régionale.

La délégation de l’OTAN a également été informée des initiatives de la Commission de la CEDEAO dans la lutte contre le terrorisme et des initiatives pour freiner l’insécurité maritime.

Le changement climatique est devenu un phénomène mondial qui préoccupe assez bien les organisations africaines comme la CEDEAO. Les autres fléaux abordés à savoir la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime dans le golfe de la Guinée, sont aussi des maux qui font couramment objet de débat dans la sous-région ouest-africaine.

Malgré son importance géopolitique, les États-Unis ont pris cette partie de l'Afrique trop à la légère en sous-estimant encore une fois l'Afrique. Washington, par exemple, n’a alloué à la région que 8 % du maigre budget de 2 milliards de dollars alloué au Commandement des États-Unis pour l’Afrique en 2020. Les États-Unis n’ont actuellement qu’une présence nominale dans le golfe de Guinée. Par le passé, la France était la puissance étrangère dominante. Mais comme dans le Sahara, les sables du Golfe se déplacent, et pas nécessairement en faveur des intérêts américains, ni même français d’ailleurs. De la République centrafricaine à la Guinée, en passant par le Mali, on observe une évolution distincte et spectaculaire de la dépendance à l’égard du soutien militaire français. À sa place, la Russie, la Chine et l'Iran s’assurent rapidement des positions stratégiques dans la région. La Russie est devenue le partenaire militaire privilégié de la République centrafricaine et du Mali dans leur lutte contre le terrorisme. En mars 2022, la France a annoncé le retrait de ses troupes du Mali, la première fois que le Mali sera sans troupes françaises depuis 1892.

La présence militaire étrangère dominante au Mali est désormais assurée par la Russie. Ce pays est en passe de devenir l’option de soutien militaire préférée des gouvernements de la région, sapant ainsi les efforts des États-Unis pour promouvoir leurs fameux États de droit et de pseudo respect des droits de l’homme en Afrique subsaharienne. La Russie se concentrant sur la protection des élites dirigeantes et des infrastructures critiques, il était donc inévitable qu'un pays comme le Cameroun n’emboîte pas le pas au Mali ou à la Centrafrique.

Le 12 avril 2022, le ministre camerounais de la Défense a signé un accord de coopération militaire à Moscou avec son homologue russe. Quelques jours plus tard, l’ancien secrétaire d’État adjoint américain aux affaires africaines, Tibor Nagy, a tweeté : “Je ne peux pas croire que le gouvernement camerounais, dans un timing incroyablement mauvais, ait signé un accord militaire avec la Russie – au plus fort de l’agression en Ukraine.” Lors des votes de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant l’opération militaire russe en Ukraine, le Cameroun – comme de nombreux pays africains – s’est abstenu de voter.

Alors que l'Iran ou la Chine n’ont pas encore établi une présence significative au Cameroun, il y a des spéculations selon lesquelles la marine chinoise travaille avec la Guinée équatoriale pour permettre la construction d’une base navale chinoise dans le port continental de Bata. Peu de détails sur le plan chinois sont actuellement connus, mais si cela s’avère vrai, une présence navale chinoise sur la côte ouest de l’Afrique – plaçant les navires de guerre à une distance de frappe facile des cibles sur la côte est des États-Unis – a des implications pour la sécurité nationale des États-Unis. La Chine a également fourni une formation et des équipements militaires au Cameroun, apparemment pour l’utiliser dans ses opérations contre Boko Haram et contre les séparatistes anglophones à la solde de Washington.

Outre le fait que la France a déployé dans le cadre de l’opération Corymbe dans le golfe de Guinée depuis le 1er mars, le Patrouilleur de Haute Mer, le commandant Birot est arrivé en escale à Cotonou le 23 avril, a annoncé ce mercredi, l’ambassade de France au Bénin. Mais malgré tout ce remue-ménage de la part des Occidentaux pour au final coloniser l'Afrique, ses eaux, ses ressources et son peuple, ces tentatives sont vouées à l'échec. Les États africains sont sur leur garde et leur seul but, c'est de chasser les néocolons de leur continent.

2. Cameroun-Russie face à Washington !

Au Cameroun, Washington relance le conflit anglophone en profitant du monopole des médias mainstream focalisés sur l'Ukraine.

Quatre militaires ont perdu la vie dans deux attaques perpétrées par des groupes sécessionnistes actifs dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun, zone en conflit depuis cinq ans.

« Lundi, un groupe terroriste séparatiste a attaqué, à l’aide d’un engin explosif, des militaires qui effectuaient une patrouille dans un village dans le département du Lebialem », a indiqué William Ekema, préfet du Lebialem. Selon cette autorité, deux militaires ont été mortellement atteints par l’explosion.

Dans le nord-ouest anglophone du pays, deux autres militaires ont été tués, lundi, dans une autre attaque attribuée par les autorités aux « Amba boys » (sécessionnistes). « Dans la localité de Jakiri, département du Bui, deux militaires sont tombés dans une embuscade et ont été tués », a affirmé le maire de Jakiri, Wirngo Buba Kibo. Selon plusieurs sources non officielles, les séparatistes ont aussi tué trois civils, lundi, à Jakiri.

Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, deux régions anglophones parmi les dix que compte le Cameroun, sont confrontées à une grave crise sécuritaire depuis fin 2016 qui a dégénéré en conflit armé. Un conflit, tout comme tous conflits en Afrique, passe inaperçu vu le monopole médiatique concernant le conflit entre la Russie et l'Ukraine.

Comme on a pu le constater, en termes d’attention internationale, tous les conflits ne sont pas égaux. Certains, comme la guerre de la Russie et de l’Ukraine, reçoivent la part du lion de la couverture médiatique mondiale et de l’engagement diplomatique. D’autres, malheureusement, sont ignorés par la grande majorité des experts en politique étrangère malgré que l'implication de l'Occident ne fait pas de doute. La crise au Cameroun, théâtre d’une des guerres les plus invisibles au monde depuis près de six ans, appartient à cette dernière catégorie. Cela dit, quand il s'agit de lancer une campagne de désinformation contre une armée camerounaise ou même africaine, là ils sont tous présents.

Ce pays d’Afrique centrale de 26 millions d’habitants est en proie à une série de conflits, allant des combats entre le gouvernement central et les séparatistes anglophones nourrit par les États-Unis via les groupes terroristes basés au nord du pays voisin comme Daech ou Boko Haram. Malgré les nombreuses avancées de l'armée camerounaise, les séparatistes ne sont toujours pas prêts à laisser le Cameroun en paix. Plus de 6 000 personnes ont été tuées et près d’un million de personnes ont déjà été déplacées par les violences en cours dans le pays. La présence de Boko Haram dans le nord, et les nombreuses menaces et pression de la part de Washington ont finalement pousser le Cameroun a se tourner militairement parlant vers la Russie, ce qui a provoqué l'ire de l'Occident bien évidemment.

Les États-Unis commencent à reconnaître l’ampleur du défi au Cameroun. Le mois dernier, le secrétaire du Département de la Sécurité intérieure, Alejandro N. Mayorkas, a accordé un statut de protection temporaire aux Camerounais qui résidaient déjà aux États-Unis le 14 avril. Cette mesure, qui, selon le Center for American Progress, s'appliquera à un maximum de 40 000 personnes, est prévue pour une période de 18 mois. Bien qu’il s’agisse d’un premier pas dans la bonne direction, il faut faire davantage pour mettre fin à la violence avant qu’elle ne devienne incontrôlable.

Le conflit anglophone pourrait très bien, s’il n’est pas maîtrisé, se transformer en une catastrophe de type rwandais qui nécessiterait une intervention extérieure pour empêcher un génocide. Dans ces cas là, les pays comme les États-Unis sont censés se coordonner avec les Nations unies, l’Union africaine, les groupements régionaux et les voisins du Cameroun pour stopper net les séparatistes. Mais évidemment, c'est le silence du côté de Washington et ses alliés, qui au lieu de condamner les rebelles, les terroristes, et les séparatistes préfère la voie du silence. Eh oui, les conflits armés, le terrorisme, le massacre de civils ne sont visiblement pas importants aux yeux des Occidentaux. Ce qui fait que les pays comme le Cameroun réagissent rapidement et se tourne vers des partenaires sérieux et fidèles des pays du bloc de l'Est comme la Russie, la Chine ou encore l'Iran.

Évidemment, ce qui fait peur aux Occidentaux, c'est bien une sécurisation des territoires africains et surtout, un soulèvement du peuple africain. Car dans ce cas, cela montrerait que la présence occidentale en Afrique est inutile. Les Africains l'ont déjà très bien compris.

3. Mali : les FAMA ont besoin de cadres maliens, pas de formateurs occidentaux !

Au Mali, les FAMA comblent largement la place des Occidentaux ! 

L'Allemagne tout comme la France, n'avait pas d'autre choix que d'annoncer son retrait du Mali et elle a indiqué par la même occasion qu'elle mettait fin à sa mission de formation des FAMA après 9 ans dans le cadre de l'EUTM. Bamako a réagi en indiquant que l'armée malienne est tout à fait capable de combler ce vide, donc les Allemands, les Français et les Européens n'ont pas à s'inquiéter pour le Mali.

Quelque 300 soldats allemands ont jusqu’à présent été impliqués dans la formation de l’armée malienne. Mais avec les différends entre le Mali et la France, les pays européens ont également pris la décision d’emboîter le pas à la France, par crainte.

Avant les Allemands, l’Union européenne avait déjà annoncé son retrait de la mission en prétextant la fameuse fakenews qui s'est propagée dans les médias mainstream sur le massacre dans le centre du Mali qui avait fait environ 300 morts de civils imputé à l'armée malienne alors que c'était plus de 200 terroristes à la solde de l'Occident qui ont été tués.

La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a profité de l'occasion pour citer les abus contre les civils et la présence de soldats russes comme principales raisons de l’arrêt de leur participation à l’EUTM.

Alors qu'en Centrafrique, la mission de formation de l'armée avait également mis fin à la formation de l'armée centrafricaine pour les mêmes prétextes. Dès que les Européens se sentent mis en danger parce que les armées nationales africaines prennent le dessus sur les rebelles ou les terroristes, ils prennent directement la poudre d'escampette.

Cette décision des Allemands et des Européens n’avait pas été commentée par les autorités maliennes jusqu’à présent. Dans un entretien, le directeur de l’information et des relations publiques de l’armée malienne, le colonel Souleymane Dembele, a abordé le sujet et a affirmé que si les Européens partent, la Russie comblera le vide. Sans oublier évidemment la montée en puissance de l'armée malienne et également que l'armée malienne est tout à fait autonome et qu'en réalité, elle n'a pas besoin de formation venant de pays qui n'ont jamais gagné face au terrorisme.

« Je vous dis qu’au niveau des forces armées maliennes, qu’ils soient officiers ou sous-officiers, environ 80% d’entre eux ont été formés en Russie depuis l’indépendance. Donc nous n’avons pas à trembler devant cette déclaration de l’EUTM. Pour tout ce qui concerne l’entraînement traditionnel, nous avons toujours eu des formateurs. L’armée malienne est une armée ancienne et elle est capable de mener différents entraînements de manière autonome », a déclaré le colonel Dembele.

La situation est également suivie de près au sein de la classe politique malienne. Président du parti Union pour la sauvegarde de la République et ancien directeur de la communication au ministère de la Défense au Mali, Nouhoum Togo dit regretter les sanctions imposées à Bamako. « Tout ce que dit la France, les autres s’accordent à le suivre aujourd’hui. Le Mali est dans une situation très difficile où nous pensons avoir besoin de l’aide de la communauté internationale pour empêcher le pays de sombrer », explique-t-il.

« Depuis combien d’années l’EUTM forme-t-elle des militaires ? Mais sur le terrain nous avons perdu tous ceux qui ont été formés, ce qui fait qu’il y a des problèmes au sein de la formation elle-même. C’est pourquoi nous avons proposé qu’au Mali, nous devons adapter la formation avec des cadres maliens, avec des spécialistes maliens pour qu’on puisse relever le défi. Mais s’ils disent qu’ils veulent partir, nous sommes désolés, mais nous sommes obligés d’en prendre note et le Mali continuera son travail de formation interne », assure l’homme politique malien.

En Centrafrique, c'était la même histoire. L'EUTM formait des soldats centrafricains et avec la présence des troupes militaires français dans le pays, l'armée centrafricaine a été décimée dans son entièreté. Encore une fois, depuis le retrait des militaires français et l'arrêt de cette formation bidonne à l'européenne, l'armée centrafricaine a de nouveau été mise sur pied et avec l'aide de l'allié russe et même rwandais, les FACA ont repoussé les groupes rebelles du territoire centrafricain. Ce qui fait que la formation de l'EUTM ne sert qu'aux armées européennes, qui n'ont jamais dû faire face au véritable terrorisme.

Cela dit, l'Union européenne avait annoncé cette semaine vouloir faire son possible pour ne pas être obligée de quitter le Mali. Le patron de l'Union européenne avait déclaré dans une conférence de presse à Bamako vouloir même fournir des armées et du matériel à l'armée malienne. Mais évidemment, il est trop tard, c'était à l'époque ou les groupes terroristes massacraient des villages entiers qu'il fallait penser à cela. Mais tout le monde occidental a préféré laisser faire les terroristes en Afrique, et prétendre vouloir secourir l'Ukraine en fournissant pour des milliards de dollars d'arme à un régime fasciste, qui bombarde les Ukrainiens dans l'Est, juste pour que Kiev tienne tête à l'opération militaire russe. Mais même là, les Européens ne sont pas capables d'assurer. Ce qui montre encore une fois que les Maliens n'ont rien à regretter du départ des Occidentaux de leur territoire, bien au contraire, ils attendaient cela depuis des années.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV