TV
Infos   /   Afrique   /   Zoom Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

Zoom Afrique du 6 février 2022

Mali: le PM remet la France à sa place. (Illustration)

Télécharger 📥

Le Mali accuse la France d’exercer un « terrorisme politique, médiatique et diplomatique ». 

Actualité en Afrique :

  • Paludisme. Le tout premier vaccin injecté aux enfants confirme son efficacité au Kenya;
  • Total insiste pour forer en Ouganda;
  • Cameroun : l’armée construit une centaine d’écoles dans 46 villages affectés par Boko Haram dans l’Extrême-Nord;
  • Tchad : Moov Africa déploie la 4G+ à N’Djamena

Analyses de la rédaction :

1. Le Mali accuse la France d’exercer un « terrorisme politique, médiatique et diplomatique »

Le bras de fer se poursuit entre le Mali et la France et le pays sahélien n’est pas prêt à se laisser faire par cette force d’occupation qui depuis 2013, n’a cessé de contribuer à une détérioration de la situation sécuritaire au Mali, et qui, au bout de plus de 8 ans d’occupation est désormais perçue comme un sponsor du terrorisme.

Le Premier ministre malien de transition, en brouille avec la France, a accusé Paris d’avoir soutenu les mouvements séparatistes au nord du Mali, violé les traités militaires et cherché « l’asphyxie économique et financière du pays ». Bamako manifeste son hostilité à l’égard des autorités françaises. Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre malien de transition, arrivé au pouvoir après le coup d’État de mai 2021, s’est longuement exprimé sur la situation sécuritaire du Mali et les raisons des tensions politiques et diplomatiques avec la France. « Comme je le dis aujourd’hui, les autorités françaises exercent un véritable terrorisme politique, médiatique et diplomatique contre notre gouvernement avec l’objectif de le renverser », a-t-il lâché dans une interview à l’agence d’information Anadolu publiée ce 4 février. Selon lui, la France a été derrière les mouvements séparatistes de 2011.

De plus, les autorités françaises, « pour l’asphyxie économique et financière du pays », s’impliquent dans les sanctions introduites récemment contre le Mali par la CEDEAO. Elles « violent » les accords de la coopération militaire liant les deux pays.

Ces déclarations nous rappelle les sanctions et pressions économiques exercées par les USA et leurs alliés contre l'Iran et le fait que l'ex-chef de la diplomatie iranienne, M. Zarif avait accusé Washington de pratiquer le « terrorisme économique ».

Mi-janvier, Choguel Kokalla Maïga a critiqué le bilan de l’intervention militaire française dans le pays et a évoqué l’intention de remettre en cause les accords bilatéraux. Le 31 janvier, après les critiques françaises concernant le gouvernement malien, Bamako a expulsé l’ambassadeur français.

Dans la violence terroriste qui frappe le pays depuis 2013, date de l’engagement de l’armée française au Sahel et plus particulièrement au Mali.

Choguel Kokalla Maïga a pointé l’instabilité sécuritaire qui persiste malgré la présence des militaires français depuis 2013. « Au bout de neuf ans, nous constatons que le terrorisme qui était résiduel au nord a envahi 80% du territoire. L’intégrité de l’autorité de l’État à la date d’aujourd’hui n’est pas restaurée sur l’ensemble du territoire national », a-t-il regretté. Le Mali ne veut plus autoriser les forces étrangères dans le pays sans condition prédéterminée.

Fin janvier, le pays a demandé au Danemark de retirer ses forces spéciales en affirmant que plus personne ne viendrait « par procuration » dans le pays. « On ne peut pas, comme on dit en Afrique, raser la tête des Maliens en l’absence des Maliens », a abondé le Premier ministre.

Dans le contexte actuel de confrontation politique et diplomatique avec la France, le Premier ministre de transition a tenté d’apporter une explication au partenariat du Mali avec la Russie. « Nous voulons acheter des avions avec les pays européens, on nous bloque. On veut acheter avec les États-Unis, on nous bloque. Mais la solution, c’est d’aller vers ceux qui ne vont pas nous bloquer. C’est aussi simple que ça. Nous sommes alliés, nous avons conclu des accords de coopération militaire avec la Russie. Nous avons acheté des armes à la Russie et la Russie n’est pas la seule », a-t-il déclaré. Ainsi, les forces maliennes ont démontré des avancées « spectaculaires », et, selon lui, « le nombre de terroristes éliminés en moins d’un mois est plus important que ce que nous avons réalisé pendant ces 30 dernières années ».

Le Premier ministre malien fait clairement entendre que le Mali se tourne vers l’axe de l’Est, et quand il annonce que la Russie n’est pas le seul pays, il parle effectivement de la Chine et de l’Iran.

Ces prises de position ont semé la panique à l’Élysée et c’est dans ce cadre que l'UE a sanctionné vendredi cinq responsables maliens, dont le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga, « accusés de faire obstacle à la transition politique dans ce pays dirigé par une "junte" », selon un communiqué.

Ces sanctions consistent l’interdiction d'entrée sur le territoire de l'UE et un gel de leurs avoirs. Il est en outre interdit aux personnes et entités de l'UE de mettre des fonds à la disposition de ces cinq responsables.

Outre le Premier ministre, figurent parmi les responsables sanctionnés deux « membres-clés du cercle rapproché » du colonel Assimi Goïta, le Président malien, investi président de transition en mai 2021 après un deuxième putsch.

Il s'agit de Malick Diaw et Ismaël Wagué, considérés comme des instigateurs du coup d'État d'août 2020, au cours duquel les militaires ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, selon les motifs des sanctions publiés au Journal officiel de l'UE.

En outre, Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation depuis juin 2021, et Adama Ben Diarra, chef d'une organisation de soutien aux putschistes, sont également ciblés pour avoir joué un rôle-clé dans le renversement du président Keita, selon la même source.

Ces cinq responsables ont déjà été sanctionnés par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Quoi qu’il en soit, le Mali va de l’avant et ce ne sont pas ces sanctions qui lui feront peur. Des pays comme l’Iran ont déjà prouvé que des années de sanctions et de pressions de part et d’autres ne peuvent rien changer quant à la volonté du peuple de maintenir sa souveraineté.

Les Maliens n’ont pas froid aux yeux et ce n’est que le début de cette résistance.

 

2. Burkina Faso: réforme de l'armée; objectifs ?

C'est inquiétant : autant le coup d'État au Mali a fini par retrouver sa voie et se basculer droit dans un camp qui a fini par mettre à la porte la force d'occupation française et pas que, puisqu'au Mali il est désormais question de chasser les Otaniens, tandis qu’au Burkina, c’est la concentration du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo pour reformer l’armée, qui inquiète. Sandaogo dirige le pays depuis le coup d'État. 

Car le mot « réforme » a une connotation purement déstabilisatrice dès qu'il s'applique à l'Afrique. 

On se rappelle parfaitement comment au village de Kaya, un convoi de Barkhane a été repoussé par la population aidée par la force populaire ou comment des centaines d'attaques terroristes planifiées par les services secrets occidentaux en générale et français en particulier ont débouché sur la fuite de ceux-ci ou encore comment le mouvement s'est étendu rapidement au Niger voisin bien que Big Brother de la France, les USA, y maintiennent une méga base.

Tout ceci n'a pas échappé à Barkhane, ni non plus à ses alliés au sein de l'OTAN à commencer par les États-Unis. Car c'était le noyau d'une généralisation de ce concept inouïe qu'est la force populaire et qui consiste à armer et former sous la supervision de l'armée nationale les jeunes des villages pour qu'ils deviennent eux-mêmes les protecteurs de l'État et de ses institutions.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo va-t-il préserver cet acquis ? La semaine dernière et comme première décision il a écarté le chef d'état-major et le voilà qui se met à « réformer » l'armée. On se rappelle la réforme engagée par le président Ouattara en 2018 au sein de l'armée ivoirienne pour en écarter les « trublions anti-français » qui sont résisté jusqu'au dernier moment face à l'offensive française contre le palais présidentiel et l'ex-président Gbagbo. Qu'en dit le RFI ?

« Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte militaire au pouvoir depuis le 24 janvier, poursuit ses réformes au sein de l’armée. Après la nomination d’un nouveau chef des renseignements, elle a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi 5 février, la création d’un Commandement des opérations du théâtre national, le COTN. C’est une innovation complète, dans l’histoire de l’armée burkinabée ».

Le COTN « exerce son autorité sur l'ensemble des forces de défense et de sécurité et des Volontaires pour la défense de la patrie », explique un décret publié par les nouvelles autorités la junte militaire. Ce nouveau centre de commandement opère sur tout le territoire burkinabé, y compris « les frontières terrestres et aériennes ».

« Militaires, policiers, gendarmes, douanes, eaux et forêts, VDP, sont placés sous un commandement unique », explique une source proche du MPSR. « Son patron a la latitude de réorganiser toutes ces forces en fonction de ses objectifs tactiques. Avant, chaque entité répondait à son chef, ce qui rendait la coordination difficile », conclut-il.

Le décret précise que ce nouveau commandement a le pouvoir de prendre toute mesure nécessaire « y compris les restrictions de liberté, de circulation et l'interdiction de certains moyens de déplacement ».

Réforme de l’armée, dégraissage, digitalisation des forces militaires. Ce sont toutes des expressions utilisées quand une puissance d’occupation comme la France se désespère de ses moyens classiques pour liquider une armée africaine.

Que ce soit au Burkina Faso ou dans les autres pays du Sahel, les populations restent soudées et savent qu’elles n’ont pas besoin d’avoir un tuteur comme la France, mais elles ont besoin d’avoir un pays souverain, intègre et indépendant.

 

3. Sommet de l'UA en Éthiopie: victoire pour Abiy Ahmed, Israël au cœur du débat:

Il y a trois mois, les étrangers fuyaient l'Éthiopie, leurs ambassades craignant que les rebelles du Tigré fondent sur Addis Abeba. Mais cette semaine, les délégations d'Afrique affluent dans la capitale pour le Sommet de l'Union africaine (UA).

Quinze mois après le début du conflit qui a tenté de ravager le nord du pays, les autorités d'Éthiopie ont accueilli une réunion qui peut être qualifiée de « désaveu pour ceux qui annonçaient l'apocalypse dans ce pays ».

L'UA, dont Addis Abeba se prépare aussi à un débat sur sa relation avec Israël. Les analystes estiment qu’une éventuelle normalisation avec Israël est l'une des plus polarisantes de l'histoire de l'organisation créée il y a 20 ans. Comment peut-on analyser cette situation ? Est-il dans l’intérêt de l’Éthiopie de défendre la présence d’Israël au sein de l’UA ?  

Luc Michel, géopoliticien nous en dit plus.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV