Alors que des sources officielles saoudiennes font état du désir de Riyad de mettre fin à la guerre au Yémen, les médias yéménites font, eux, état d’un nouveau plan visant à renverser le chef de l’État démissionnaire, Abd Rabbo Mansour Hadi, approuvé par la coalition saoudienne et ses partisans.
Des membres du cabinet du gouvernement démissionnaire, dont le Premier ministre autoproclamé Maïn Abdul Malik, se sont rendus au Yémen dans le but d’y faire avancer le processus de « paix ».
Dans une interview accordée au site d’information Al-Bawaba Al-Akhbariya Al-Yemeni, des sources du gouvernement démissionnaire ont parlé de nouveaux accords qui ont été « pour l’instant » approuvés par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, les États-Unis et la Russie : Mansour Hadi devrait être retiré de la scène politique afin d’ouvrir la voie à des négociations globales au Yémen, pays qui est en proie à une guerre d’usure depuis 2015.
L’objectif du retour de Maïn Abdul Malik à Aden est de reformer l’équipe de négociation du gouvernement Hadi ; une nouvelle équipe qui permettra au Conseil de transition du Sud (Conseil de transition du Sud parrainé par les Émirats arabes unis) et à d’autres partis yéménites de se rallier, au lieu de se limiter à l’équipe proposée par Mansour Hadi et à la confrérie Al-Islah.
Par ailleurs, le site officiel du Conseil des relations étrangères de l’UE a fait référence le mois dernier à un examen de la légitimité du président yéménite démissionnaire dans un rapport qui parlait d’un scénario similaire.
L’un des points saillants du rapport est l’abrogation de la résolution 2216 de l’ONU, qui reconnaît le président yéménite déchu Abd Rabbo Mansour Hadi comme le président légitime du pays.
Ce rapport intervient après la nomination de Hans Grandberg en tant que nouvel envoyé de l’ONU au Yémen.
D’autre part, une réunion a eu lieu lundi soir entre le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Après deux jours, l’agence de presse saoudienne WAS a fait état de la réunion entre Ben Salmane et Sullivan à Riyad, axée sur la fin de la guerre au Yémen ou plutôt sur un plan qui comprend un cessez-le-feu global sous les auspices de l’ONU.
Le prince héritier a également apporté son soutien à l’arrivée de navires transportant des produits pétroliers dans le port yéménite de Hudaydah et à la réouverture de l’aéroport international de Sanaa, avec des vols restreints. Il a également approuvé le début de pourparlers avec la partie yéménite pour parvenir à une solution politique à la crise, basée sur trois principes : l’Initiative du Golfe, la résolution 2216 du Conseil de sécurité et la tenue d’une conférence de dialogue national global entre les parties yéménites.
Or le Conseil des relations étrangères de l’UE a évoqué le rétablissement d’une équipe de négociation affiliée à Mansour Hadi, qui devrait prendre en compte les réalités du Yémen et inclure tous les groupes, y compris le Conseil de transition sud, le parti Al-Islah (la branche yéménite des Frères musulmans), le parti Al-Muttamar, ainsi que des cheikhs tribaux et des femmes.
Selon le rapport, la résolution 2216 complique le processus de réalisation de la paix au Yémen en raison de la présence d’Ansarallah, comme une des parties importantes des négociations.
La résolution 2216 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée le 14 avril 2015, dans le cadre de la guerre au Yémen, a sanctionné les forces yéménites sans prendre en considération les attaques militaires de l’Arabie et a confirmé la légitimité du chef d’État démissionnaire.
Dans le rapport du Conseil des relations étrangères de l’UE, on lit ceci : « La résolution 2216 a deux défauts majeurs : elle reconnaît officiellement Abd Rabbo Mansour Hadi comme le président légitime du pays, ce qui limite les négociateurs de l’ONU avec eux. Il exhorte les Houthis à se retirer sur leurs positions avant 2014.
Pour que les Nations unies participent de manière constructive au processus de règlement de la crise, elles doivent mettre à jour la résolution… Dans le cas des Houthis, il est impossible de leur demander un retrait de leurs positions et un retour aux positions avant 2014, compte tenu des gains territoriaux qu’ils ont réalisés depuis. »