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Israël est incapable de frapper l'Iran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Carte du ciblage de Tel-Aviv par le Hezbollah.(Capture d'écran)

Les experts de la région mettent en doute la capacité d’Israël à attaquer militairement la République islamique d’Iran. Ils insistent sur le fait que pour réaliser un tel projet la supériorité militaire ne suffirait pas.

Cependant, ce n’est pas la première fois de mémoire récente qu’Israël veut que le monde sache qu’il est prêt et disposé à frapper l’Iran militairement –​​et seul s’il le faut.

Ces dernières semaines, le ministre israélien des Affaires militaires, Benny Gantz, a parlé à deux reprises de la volonté d’Israël de frapper militairement l’Iran pour l’empêcher de faire avancer un programme nucléaire. Dans une rencontre avec les ambassadeurs d’Israël à l’étranger, il a déclaré : « Je n’exclus pas la possibilité qu’Israël prenne des mesures à l’avenir pour empêcher un Iran nucléaire. »

Par ailleurs, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Aviv Kokhavi, a affirmé que « les progrès du programme nucléaire iranien ont incité Tel-Aviv à accélérer ses plans opérationnels » pour une attaque contre l’Iran. Il pourtant souligné que le régime israélien doit tenir compte du fait que son allié principal, c’est-à-dire les États-Unis, n’est pas tout à fait d’accord avec ce plan de Tel-Aviv.

Dans un article intitulé « Israël n’est pas assez fort pour attaquer l’Iran », publié cette semaine sur le site de Foreign Policy, l’expert politique Sajjad Safaei a écrit que le régime israélien compte toujours sur sa supériorité militaire. Or, « cet avantage deviendrait beaucoup moins important en cas de guerre totale qui attirerait les forces terrestres de l’armée israélienne sur le champ de bataille ».

Pourquoi ? Safaei estime que depuis la défaite israélienne en 2006 face au Hezbollah libanais, les plus hauts officiers de l’armée israélienne ont pris pleinement conscience que leurs forces terrestres ne sont pas prêtes à mener une guerre totale avec une force de combat capable même modérément de mobiliser une frappe.

Safaei écrit : « Comme en témoignent les enquêtes impitoyables en Israël sur la guerre de 2006, ainsi que les rapports de l’armée américaine, la guerre des 33 jours avec le Hezbollah a montré que les forces terrestres israéliennes n’étaient pas disposées à mener une véritable guerre contre un ennemi redoutable. »

Depuis lors, l’armée israélienne a pris des mesures pour remédier à ses lacunes. Cependant, il y a peu de raisons de croire que les forces terrestres israéliennes aient des améliorations drastiques depuis la guerre de 2006. Safaei ajoute : « Lorsque Gadi Eisenkot a commencé son mandat de chef d’état-major, quelques mois après la guerre de Gaza en 2014, il a trouvé les forces terrestres de l’armée israélienne dans un assez mauvais état ».

Sajjad Safaei a souligné : « Parler d’une frappe imminente et non dissimulée de l’armée israélienne dans la profondeur du territoire iranien, c’est ignorer une norme vieille de plusieurs décennies qui a régi les relations américano-israéliennes : Israël ne peut pas simplement ignorer les désirs et les craintes de son principal allié. »

L’auteur ajoute que ce critère a été exprimé en termes clairs par l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Barak. Dans son autobiographie, Barak a décrit le modèle qui a façonné et continuera probablement à façonner au sujet d’une éventuelle action israélienne contre l'Iran.

Barak a écrit : « Il n’y a que deux manières par lesquelles Israël pourrait empêcher les Iraniens d’acquérir l’arme nucléaire. La première consiste à convaincre les Américains à le faire. La seule autre option est que les États-Unis n’empêchent pas Israël de le faire. »

Mais selon Barak, « l’obstruction » est exactement ce que les administrations américaines successives ont fait dans ce dossier et sont encore susceptibles de faire.

Mais si le feu rouge de Washington et les calculs militaires de Tel-Aviv ont rendu improbable une violation flagrante de la souveraineté iranienne par l’armée israélienne, qu’est-ce qui peut expliquer au public les menaces verbales d’Israël contre l’Iran ?

D’après M. Safaei, ces menaces sont conçues en partie pour la consommation intérieure : « Dans un contexte social hautement militarisé qui, au cours des dernières décennies, a progressivement dérivé vers l’extrême droite, parler de bombardement de l'Iran peut être une tentative de ne pas paraître faible devant ses opposants politiques à l’intérieur d’Israël. »

Safaei conclut : « En parlant continuellement du spectre d’une frappe israélienne contre l’Iran –ce qui est une préoccupation majeure dans les capitales occidentales en raison de ses conséquences désastreuses–, les dirigeants israéliens pourraient proposer d’abandonner leurs plans inexistants de s’engager dans une guerre totale avec l’Iran en échange d’un autre gain : Biden peut renoncer à son opposition à l’expansion des colonies illégales en Cisjordanie et peut accorder plus d’aides militaires et financières à Israël. »

Par ailleurs, l’agence Bloomberg a rapporté que de hauts diplomates d’Iran, d’Arabie saoudite et de l’Union européenne se sont rencontrés mardi pour la deuxième fois en moins d’un mois, signe, selon Bloomberg, d’efforts accrus pour réduire les tensions au Moyen-Orient alors que Téhéran dit se préparer à reprendre les pourparlers sur l’accord nucléaire de 2015.

La réunion à la résidence de l’ambassadeur irakien à New York a rassemblé « des ministres des Affaires étrangères et des hauts représentants » de l’Iran, de l’Arabie saoudite, du Koweït, de l’Égypte, du Qatar, de la Jordanie, de la Turquie, de la France, de l’UE, de la Ligue arabe et du Conseil de coopération du golfe Persique, selon l’agence de presse iranienne Mehr News.

Les diplomates iraniens ont également rencontré les ministres européens des Affaires étrangères pour discuter de l’accord nucléaire et des questions régionales en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.

Plus tôt mardi, l’Iran a annoncé qu’il s’attendait à ce que les pourparlers avec les puissances mondiales pour rétablir l’accord de 2015 reprennent dans le mois à venir.

L’Europe a demandé à l’Iran de reprendre les négociations, reportées après l’élection en juin du président iranien Ebrahim Raïssi.

Le président Raïssi et son homologue américain Joe Biden disent l’un comme l’autre qu’ils veulent ressusciter l’accord nucléaire de 2015, mais les deux parties doivent surmonter des divergences importantes sur la façon dont ils reviennent au plein respect des termes de l’accord sur le programme nucléaire civil de la République islamique d’Iran.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV