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Économie chaotique en Arabie: manifestations à Buraidah

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Ben Salmane et l'émir de Dubaï (Archives)

À Buraidah, capitale de région d’al-Qassim au nord de l’Arabie saoudite, a été lundi dernier le théâtre d’une grande manifestation populaire contre le régime en place et ses politiques économiques et militaires. Depuis, elle est envahie par les forces de sécurité saoudiennes.

La chute des prix du pétrole, le chômage, la guerre au Yémen, la propagation du Covid-19, les dépenses abusives et la corruption financière du prince héritier, ont fortement réduit les réserves de change et plongé la population dans un marasme économique sans précédent.

Le programme de transformations économiques Saudi Vision 2030, lancé en avril 2016, vise pourtant à réduire la dépendance historique au pétrole et à diversifier son économie. Il repose notamment sur un passage du relais de la croissance au secteur privé et aux activités non pétrolières.

Les manifestants à Buraidah réclamaient la traduction de Mohammed ben Nayef, ministre de l’Intérieur, devant la Cour pénale internationale, et la libération des prisonniers politiques qui, pour certains, écopent de peines allant jusqu’à 15 ans de prison sans avoir été jugés.

Ils ont appelé à la poursuite des manifestations pacifiques tant que leurs revendications ne seront pas exaucées.

Pour en savoir plus : Une révolution colorée atteint le royaume des Salmane

L’Arabie saoudite prévoit un déficit budgétaire de 79 milliards de dollars (65 milliards d’euros) pour l’année 2020 marquée par la crise sanitaire. En décembre 2019, l’Arabie saoudite avait adopté un budget pour 2020 prévoyant un déficit budgétaire déjà en hausse, mais à hauteur de 50 milliards de dollars, sur fond déjà de baisse de la production pétrolière et des prix du brut.

En 2020, le royaume saoudien, plus grande économie du monde arabe et premier exportateur de brut au monde, a fait face à la propagation rapide du nouveau coronavirus et à l’effondrement des prix du pétrole. Il a annoncé en mai un plan d’austérité prévoyant un triplement de la taxe sur la valeur ajoutée et la fin des allocations mensuelles à ses citoyens.

Après avoir longtemps été excédentaire, le budget de l’État saoudien a constamment été dans le rouge depuis 2014. Or Riyad n’a pas réussi à équilibrer ses comptes, ce qui a poussé le pétro-État à emprunter ces dernières années plus de 100 milliards de dollars et à puiser dans ses réserves pour combler ses déficits. Les revenus pétroliers génèrent plus des deux tiers des recettes publiques saoudiennes.

Le pays va tailler dans ses dépenses, qui doivent baisser d’environ 7 % sur un an pour atteindre 990 milliards de rials (217 milliards d’euros) en 2021, selon un communiqué du ministère des Finances.

Pour certains observateurs, les manifestations à Buraidah sont normales et passagères en raison de la pression économique qui pèse sur le peuple. Mais il ne faudrait pas oublier que les révolutions des pays arabes, comme la Tunisie et l’Égypte, avaient commencé sous la pression économique. Par ailleurs, ces deux pays jouissaient de certaines libertés dont l’Arabie est privée.

Depuis le règne de la famille des Saoud, son appropriation des richesses du royaume, leur dilapidation par le prince héritier MBS avec, entre autres, l’acquisition d’un yacht, le Serene, et du Salvator Mundi attribué à Léonard de Vinci, le tableau le plus cher au monde (environ un demi-milliard de dollars), ainsi que la destruction complète de régions pétrolières du Sud où habitent les Al-Ahsa et les Al-Qatif, les partisans du Ahl al-Beyt (la famille du prophète de l’islam), la liberté et la démocratie n’ont jamais existé en Arabie dite « saoudite ».

L’Arabie saoudite est le premier et seul pays au monde où un jeune Saoudien nommé Murtaja Qureiris a été arrêté à l’âge de 13 ans en septembre 2014 et condamné à 12 ans d’emprisonnement. Parmi les charges retenues contre lui figuraient la participation à des manifestations antigouvernementales, la présence à l’enterrement de son frère Ali Qureiris, tué lors d’une manifestation en 2011.

Même si les autorités saoudiennes ont finalement épargné la vie de Murtaja Qureiris dans cette affaire, la législation du royaume permet toujours de condamner à mort des personnes arrêtées pour des faits commis alors qu’elles étaient mineures si ces faits sont passibles de la peine capitale.

Rappelons aussi qu’elle a ordonné le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, qui critiquait les dérives de Mohammad ben Salmane. Il a été sauvagement assassiné le 2 octobre 2018, dans le consulat de son pays à Istanbul (Turquie).

C’est aussi un des rares régimes à raser des mosquées. D’ailleurs, la mosquée Imam Hossein de la ville d’al-Awamiyad dans la région d’al-Qatif a été totalement détruite sous l’ordre de MBS.

La législation saoudienne contrevient donc au droit international relatif aux droits humains. Aussi bien en matière des droits de l’enfant que de l’homme, l’Arabie saoudite a encore un long chemin à parcourir. À moins qu’elle ne veuille tout simplement pas le parcourir…

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV