« Selon un nouveau rapport publié mercredi par House Intelligence Committee, tant que le bilan de la communauté du renseignement des États-Unis face à la menace complexe chinoise n’aura pas été révisé, les États-Unis risqueront de ne pas pouvoir se protéger face à Pékin sur la scène mondiale », a écrit Amy McKinson dans un rapport publié mercredi par Foreign Policy.
Cette évaluation intervient dans la foulée des tentatives de rééquilibrer les priorités de sécurité nationale des États-Unis pour contrer la rivalité émergente inter-superpuissances avec la Russie et la Chine. Mais ce rapport souligne également le besoin de plus de compétence de la part des autorités du renseignement américain pour analyser les menaces civiles dans des domaines tels que la santé, l'économie et le changement climatique.
La principale conclusion de ce Comité dans ce rapport est que la communauté du renseignement des États-Unis ne s'est suffisamment pas adaptée à l'environnement géopolitique et technologique en évolution actuellement qui est de plus en plus façonné par la Chine, ainsi qu'à l'importance croissante des menaces transnationales civiles dans divers domaines, notamment la santé mondiale, l'économie, la sécurité et le changement climatique.
Le House Intelligence Committee a commencé à examiner les capacités de renseignement américaines sur la Chine au printemps dernier, car on craignait que l'accent mis par Washington sur le contre-terrorisme après le 11 septembre n'ait conduit à la disparition d'autres capacités de renseignement. Et ce, alors que Pékin a adopté une stratégie unique et croissante pour défier la sécurité nationale américaine.
« Après le 11 septembre, nous sommes passés à une mission de protection du pays et nous avons eu beaucoup de succès », a déclaré Adam Schiff, président du House Intelligence Committee. Mais après deux décennies, la capacité de la communauté du renseignement des États-Unis à s'attaquer à des objectifs difficiles comme la Chine a diminué. Compte tenu du manque de hiérarchisation des ressources importantes et immédiates, nous ne serons pas prêts à rivaliser avec la Chine dans les décennies à venir - diplomatiquement, économiquement et militairement sur la scène mondiale.
L'enquête du House Intelligence Committee a montré que les agences de renseignement n'ont pas accordé suffisamment d'attention aux menaces « douces », telles que les maladies infectieuses et le changement climatique, et aux impacts économiques négatifs qui pourraient affaiblir la sécurité nationale des États-Unis.
« L'épidémie de la Covid-19 était un exemple flagrant de cette réalité dans le monde. Cette épidémie a mis en lumière au moins certaines des menaces inconnues et non traditionnelles qui peuvent venir de Chine », a précisé un membre du House Intelligence Committee.
Cette année, le House Intelligence Committee a entamé une autre recherche qui portait spécifiquement sur la réaction de la communauté du renseignement à l'émergence de la Covid-19. Il y avait un problème: la communauté du renseignement a tendance à utiliser les informations confidentielles, tandis que la surveillance des épidémies et autres menaces douces nécessite bien une analyse open source.
L'année dernière, le House Intelligence Committee a tenu une audition sur les implications du changement climatique pour la sécurité nationale, qui à son tour témoignait des préoccupations des législateurs - et de nombreux anciens chefs militaires - concernant les risques sécuritaires de la famine, des migrations massives et la rivalité sur les ressources.
« Ce sont des choses que nous devrions essayer d'examiner avec beaucoup plus d'efforts au cours des prochaines années », a déclaré une autre autorité.
A lire aussi : Pékin : nous faisons tout pour défendre nos intérêts menacés par les USA
Une autre conclusion importante de ce rapport est que la menace chinoise est une menace multidimensionnelle, étant donné l'utilisation par Pékin de l'espionnage industriel, du commerce prédateur, des méthodes de prêt et des opérations d’infiltration insensible, avant le rapport.
Pour faire face à cette menace, la communauté du renseignement doit s'étendre au-delà de ses capacités de défense et faire appel à d'autres agences gouvernementales fédérales pour la surveillance de la santé, les négociations commerciales ou la clarification de la politique d'immigration. Il est également recommandé que la prochaine génération d'experts des affaires chinoises se spécialise dans la santé publique, l'économie et la technologie.
« Nous devons tout mettre en œuvre pour et prédire avec précision l'objectif de Pékin, sinon nous continuerons à avoir du mal à comprendre la nature et les raisons de la décision de la Leader du Parti communiste chinois et à y répondre », a ajouté Schiff.
Le rapport de 37 pages, publié mercredi, est un résumé du rapport complet de 200 pages, contenant plus de 100 recommandations catégorisées.
Les conclusions de ce rapport sont basées sur des études du House Intelligence Committee, des milliers d'évaluations analytiques, des centaines d'heures d'entretiens avec des agents du renseignement et des visites de centres supervisés par plus d'une douzaine d'organisations américaines liées la communauté du renseignement.
Depuis 2010, la capacité des États-Unis à recueillir des renseignements et à espionner en Chine a beaucoup diminué, car Pékin a systématiquement tué ou emprisonné près d'une douzaine de sources de renseignements de la CIA dans le pays. Les actuelles et anciennes autorités américaines ont qualifié ce scandale comme l'un des pires scandales du renseignement depuis de ces décennies.