Un coup d'État militaire à partir de l'aéroport international de Beyrouth signé US/ Israël? Avouons que le plan titillerait les Américains qui voient à travers le futé Premier ministre Hassan Diab, un homme à démonter le mécanisme de corruption et ses relais locaux et partant, l'homme par qui le Liban "souverain" pourrait renaître.
Dans un contexte marqué par la démonstration de force du "front américain au Liban" où ce dernier, surfant sur la vague créée par la dépréciation de la monnaie nationale combinée aux sanctions US, exige comme remède à tous les maux du Liban un "Hezbollah sans arme", une information particulièrement significative vient de tomber sur les télex en provenance de Beyrouth : le directeur de la Sûreté générale libanaise, le général Abbas Ibrahim, a annoncé qu'il avait reçu des informations sur une "tentative d’orchestrer une attaque terroriste contre l'aéroport international de la capitale" :
« Aujourd'hui, le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a accueilli le général Abbas Ibrahim qui lui a fourni, lors de cette rencontre, un rapport au sujet d'un complot terroriste visant à attaquer l'aéroport international de la capitale », a annoncé le site d’information El-Nashra.
On se souvient fort bien en effet de cet octobre 2018, date à laquelle, le Premier ministre sioniste avait accusé le Hezbollah d'avoir placé près de l'aéroport international de Beyrouth trois "sites secrets pour transformer des projectiles inadaptés en missiles guidés", ou ce qui revient au même, rendre de simples missiles, "intelligents". À l'époque, le ministère libanais des Affaires étrangères avait pris l'initiative de conduire une délégation de 73 journalistes sur les lieux pour prouver que cette accusation n'avait ni queue ni tête et que les missiles, le Hezbollah n'en entrepose pas là où il y a un si gros trafic de civils.
D'ailleurs, ces missiles qui font le cauchemar de l'entité sioniste sont destinés à protéger le Liban, sa terre, sa mer et son ciel contre un Israël qui une fois l'affaire de l'annexion de la Cisjordanie et du Golan occupé réglée, ne tarderait pas et il l'a lui-même reconnu, à se tourner vers le Liban pour en amputer d'abord Ghajar et Chebaa, et s'en accaparer les gisements gaziers offshore, une perspective qui, rappelons-le, ne cesse de buter depuis 2006 sur une nouvelle règle d'engagement ou un équilibre de la terreur lequel empêche Israël, cette toile d'araignée, de menacer à tort et à travers de "ramener le Liban à "l'âge de pierre".
Mais pourquoi une attaque terroriste contre l'aéroport de Beyrouth?
« Parce que c'est là que devra se concrétiser la fin de la "suprématie aérienne" d'Israël au Levant. Depuis 2013, le ciel libanais a servi à des centaines de fois de base arrière à des frappes israéliennes contre la Syrie et en 2019, Tel-Aviv s'est même payé le luxe d'y lancer une frappe au drone contre le sud de la capitale Zahiya. Or un Liban capable d'assurer sa propre défense, de choisir sa propre politique, qui ose négocier les contrats gaziers avec la Russie, la construction de ses ports avec la Chine, commercer avec la Syrie, l'Amérique ne peut le tolérer.
Hassan Ezeddine, un membre du bloc de la fidélité à la Résistance au Parlement libanais résume en quelques mots la situation : « Ce qui se passe à l’heure actuelle au Liban est le résultat des sanctions économiques que les États-Unis imposent au Liban et aux Libanais dans le strict objectif d'arriver à une crise sécuritaire majeure au Liban et affecter le pays et ses forces vives. Cela s'inscrit pourtant dans un plan US qui a, à maintes reprises, échoué. Le remettre à l'ordre de jour, ce n'est qu'une perte du temps », a dit le débuté qui poursuit: « Après avoir subi des échecs successifs dans leurs objectifs militaires et sécuritaires, ainsi dans le domaine des sanctions économiques visant l’Iran, le Venezuela, la Syrie et les courants de la Résistance au Liban et en Palestine, les États-Unis imaginent qu'avec des sanctions économiques, ils pourraient rattraper leurs fiascos sur le champ de bataille en faveur d'Israël ».
« Il est clair pour tout le monde que certaines banques (dominées par l'empire financier américano-sioniste, NDLR) sont impliquées dans la contrebande de la devise à l'étranger et cela n’a pour effet qu’affaiblir la monnaie libanaise, et par conséquent, ce que le système judiciaire doit faire est de prendre des mesures sérieuses et responsables. Les complices dans cette affaire doivent être traduits en justice, d’autant plus que cela a provoqué des inquiétudes de tous les citoyens libanais et a même affecté leur vie ».
La couleur est annoncée, que l'Amérique et le front américain au Liban le veuillent ou pas. Dans la foulée de la découverte du projet de l'attentat contre l'aéroport de Beyrouth, le directeur de la Sûreté nationale libanaise a également annoncé la formation d'un comité de sécurité économique pour résoudre la crise financière, chargé d’instruire la question de la dégringolade de la monnaie nationale, en indiquant que le but du comité était d'essayer de stabiliser le taux de change et de fonder une salle d'opération au sein de la Direction générale de la Sûreté générale pour poursuivre les courtiers en devise. Mesure intelligente qui prouve que les forces armées libanaises sont royalement impliquées à découvrir des "cellules de guerre économique USA/Israël/Monarchies arabes", et ce, pour le bien de l'État".
Dimanche, le Premier ministre, Hassan Diab, en dénonçant des tentatives de déstabiliser le pays, a déclaré que le peuple libanais avait commencé à voir la « détermination, la volonté et le courage du gouvernement », mais que cela semblait « avoir consterné beaucoup de ceux qui avaient parié sur son échec ». Le gouvernement n'est pas allé par quatre chemins pour lancer un défi à Israël : « J'appelle le peuple libanais à maintenir sa vigilance face à d’éventuelles conspirations des ennemis, car le régime d’Israël est le principal responsable des récentes émeutes violentes à travers le Liban ».
« Quant au désarmement du Hezbollah, fait noter un expert, le fait que l'armée libanaise ait découvert le complot terroriste visant l'aéroport devrait servir de leçon à l'axe USA/Israël : les armements du Hezbollah agissent en complémentarité avec des capacités de l'armée libanaise et ils ne sont pas soumis, à quel que parti politique libanais qui soit. D'où l'impossibilité de tout coup d'État militaire au Liban. La poursuite des pressions USA/Israël ne fera qu'accélérer le processus de fusion totale Hezbollah/Armée, et ce au grand dam d'Israël. La volonté du gouvernement à venir au bout des relais locaux USA/Israël est entière et un Liban militairement fort émergera. L'aéroport de Beyrouth finira par avoir sa DCA et elle ne sera pas composée de Patriot ».