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"Le missile "baby buttle" iranien qui a changé la perception de guerre US/Israël..."(The National Interest)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Missile iranien Qiam (Archives)

Trois mois et quatre jours s'écoulent depuis que les missiles balistiques iraniens ont frappé la base US à Aïn al-Asad en Irak et la presse spécialisée atlantiste en est toujours à en analyser la portée. L'attaque du 8 janvier a impliqué deux types de missiles mais c'est l'un des deux qui semble avoir provoqué la plus grande panique : Qiam, ce bijou tactique et technique qui a consacré la totale maîtrise iranienne en termes de frappe de précision ne serait ce que par sa particularité : peu de pays au monde ont su concevoir un missile sans aileron mais capable de se projeter sur une portée de plus de 1 000 kilomètre. Cela fait quelque temps que les analystes militaires occidentaux tentent d'en percer l'énigme, eux qui se sont rendus sur place à al-Anbar, dans les jours suivant la frappe pour accueillir les débris de l'engin iranien. 

The national Interest décrit Qiam comme étant une dérivé du Shahab-2 à cette trop grosse différence près que le retrait des ailerons réduit à la fois le poids, quitte à en augmenter la vitesse et la porté et surtout à en élargir la section radar. Cela veut dire que ce missile échappe aisément tout radar et ceci fut effectivement le cas le 8 janvier.

L'article pose surtout le constat suivant : "Puisque ces ailerons participent au maintien de la stabilité en cours du vol, leur absence chez le missile Qiam signifie que l'Iran a réalisé un étonnant bon en avant dans le système de guidage  de missiles, en s'appuyant, chose particulièrement difficile, sur des aubes d'échappement placé à la base du missile. Pour le reste, le système radar à base radio sur le Qiam participe à recevoir des corrections de cap d'un système GPS installé sur le lanceur et ce, pendant la phase de lancement. L'engin a frappé aussi les spécialistes par une autre innovation,  le capuchon détachable de l'ogive en forme de «baby bottle» lequel est censé être un véhicule de rentrée maniable, tout en préservant son agilité. Ce mécanisme particulièrement innovant a permis à Qiam d'avoir une marge d'erreur de 10 mètres, le jour où il a frappé Aïn al-Asad, ce qui est à coup sûr un méga exploit. Mais avec Qiam-1, on n'en était pas à notre première surprise. 

Les Iraniens nous ont sorti déjà leur Qiam-2, une variante améliorée - différenciée par de petites nageoires de guidage sur la pointe de l'ogive du missile et l'introduction de petites nageoires caudales «delta coupées» à la base de l'engin. Cela veut dire que Qiam-2 est encore plus précis à quoi s'ajoute une maîtrise assez fine du guidage des têtes manœuvrantes, signe de l’existence de capacités de modélisation et d’essais déjà avancées. Les missiles balistiques que l'Iran a lancés sur la base américaine en janvier ont donc battu le record de la précision, alors qu'on sait que cette précision n'est pas une constante des missiles balistiques. Téhéran a utilisé ses engins pour une mission précise à laquelle ils étaient destinés et ces engins ont réussi : mettre en danger des actifs US sur des bases aériennes américaines dans tout le Moyen-Orient. 

Le succès de Qiam-2 ne peut qu’inciter l’Iran à accélérer le développement de systèmes de plus longue portée puis à les associer à un lanceur plus performant. La maîtrise croissante des technologies de manœuvrabilité dont fait preuve l’Iran pose sur le fond le problème de l’adaptation des défenses antimissiles terminales déployées dans les pays alliés des Etats-Unis dans le Golfe (persique) et même Israël, dont les technologies sont essentiellement optimisées pour l’interception d’engins non manœuvrants.  Le message est triple : il s’agit à la fois d’une punition symbolique contre les bras armés de la frappe contre Soleimani ; d’une démonstration de précision visant à mettre en lumière la vulnérabilité du déploiement régional américain face à une action décisive de l’Iran ; et enfin une illustration de la capacité de l’Iran à atteindre ses ennemis dans leur profondeur stratégique. Cette opération donne à cet égard un signal très clair à Israël.

Qiam-2
Le débris de Qiam-2 à Aïn al-Asad, le 8 janvier/frstratégie

Le 31 mars dernier, Israël a lancé une frappe contre l'aéroport stratégique d'al-Shayrat à Homs en affirmant y ayant détruit les pistes d’atterrissage. Il s'agit d'un lieu fort des alliés pro-iraniens de l'armée syrienne qui se situe à environ 140 km au nord de Damas et à environ 150 km au sud de l’importante base aérienne russe de Hmeimim à Lattaquié. C’est près de la frontière libanaise et de la ville de Qusseir où le Hezbollah a appuyé l'armée syrienne en 2012. Cette base se trouve à moins de 100 km d’une autre installation syrienne sensible à Masyaf, mais aussi  au sud du port pétrolier de Baniyas. 

Image publiée par des sources israéliennes après la frappe du 31 mars contre Homs. (Image satellite)

Shayrat revêt ainsi une position sensible entre toute une série de bases, d’installations et de zones sensibles importantes. Et on ne sait si cette base possède ou pas des missiles Qiam. Tout ce qu'on sait, c'est qu'Israël risque de revivre l'expérience américaine à Aïn al-Asad. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV