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Foreign Affairs : nous avons perdu le "chicken game"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un Marine américain à l'ambassade des États-Unis à Bagdad, en Irak. ©AP

Le magazine américain Foreign Affairs a publié un numéro spcial sur "la fin du rôle mondial de l'Amérique", soulignant la nécessité de mettre fin à l'hostilité de Washington envers l'Iran et de revenir à la diplomatie avec Téhéran.

L’un des articles de ce nouveau numéro du magazine américain intitulé «Le prix de la primauté: pourquoi l'Amérique ne devrait pas dominer le monde» signé Stephen Wertheim s’est penché sur le déclin de la puissance de hégémonie des États-Unis à travers le monde. Wertheim est directeur adjoint de la recherche et de la planification politique à l’Institut Quincy pour la gouvernance responsable et chercheur à l’Institut Arnold A. Saltzman pour les études polémologiques et irénologiques affilié à l'Université Columbia. Voici quelques points importants de l’article du numéro spécial de Foreign Affairs.

Les États-Unis doivent à la fois mettre fin à la politique de « lutte contre le terrorisme » et à l'hostilité envers les pays qui n'ont pas besoin d'être les ennemis jurés de Washington, en particulier les États faibles qui n'ont aucune autre raison de menacer l'Amérique que la position hostile de Washington. Prenons l'exemple de la Corée du Nord. Washington doit laisser de côté l'illusion que le régime de Kim Jong-un opterait pour un désarmement nucléaire complet sous la pression extérieure. Au lieu de cela, les États-Unis devraient chercher à normaliser les relations avec la Corée du Nord et à ramener la paix dans la péninsule coréenne.

L'Iran est un autre ennemi qui mérite d'être « perdu ». Les États-Unis doivent mettre fin à leur rivalité avec l'Iran en levant les sanctions contre la République islamique et en revenant au « Plan global d'action conjoint ». L'accord nucléaire signé par Washington et d’autres grandes puissances avec l’Iran a prouvé que non seulement la diplomatie est possible avec l'Iran, mais que la diplomatie est le moyen le plus efficace de résoudre les tensions bilatérales. Cette « soif de vengeance », qui semble désormais être le moteur de la politique américaine à l'égard de l'Iran dans l'administration Trump, n'a aucun avantage réel pour les États-Unis.

La politique de Washington envers d’autres pays du Moyen-Orient doit également adhérer à ce principe: Il n’y a pas d'amis ou d'ennemis permanents. Les États-Unis doivent réduire le niveau de leurs relations avec des partenaires tels que l'Arabie saoudite et leur faire clairement comprendre qu'ils doivent assumer la responsabilité de leur propre défense. Washington doit fermer presque toutes ses bases militaires dans la région. Les États-Unis devraient cesser de jouer un rôle partisan dans des différends tels que la guerre au Yémen et le conflit israélo-palestinien. Si les États-Unis veulent aider à résoudre ces conflits, le moyen le plus approprié est d’opter pour une diplomatie impartiale.

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Ailleurs dans son article, Stephen Wertheim aborde le sujet de la fin de la théorie du « moment unipolaire »

Les relations des États-Unis avec la Russie doivent également être révisées. La Russie, avec une économie plus petite que l'Italie, n'est pas un concurrent sérieux de l'hégémonie américaine en Europe et ne constitue pas une menace sécuritaire pour les États-Unis. Le prochain président américain doit mettre un terme aux politiques anti Russes de Washington en respectant les intérêts vitaux de Moscou ; « le maintien du régime, éviter la formation d'États hostiles dans le voisinage proche de la Russie et la participation de Moscou aux principales discussions européennes en matière de sécurité et de diplomatie ». Étant donné que ces objectifs sont également conformes aux intérêts américains, Washington doit réduire les préoccupations de la Russie en mettant fin à l'expansion de l'OTAN et en rejetant la candidature d'adhésion de l'Ukraine à l’Organisation atlantique.

Ensuite, les États-Unis devraient, en consultation avec leurs alliés, entamer un processus de retrait des troupes américaines d'Europe sur une durée de 10 ans. La plupart de ces forces doivent retourner aux États-Unis, bien que certaines forces de l'US Air Force et de la Marine puissent rester sur le sol européen avec l'accord des pays hôtes. En outre, les États-Unis devraient encourager la Russie et l'Ukraine à conclure un accord par lequel la Russie cessera de soutenir les séparatistes dans l'est de l'Ukraine et en contrepartie, l'Ukraine et les États-Unis reconnaîtront la Crimée comme faisant partie du territoire russe. Une telle solution permettrait aux États-Unis de lever bon nombre de leurs sanctions contre la Russie et fournirait le terrain nécessaire à l’essor des relations entre les deux pays.

Il est temps de se débarrasser du «moment unipolaire» [la période de la montée de l'Amérique en tant que seule superpuissance mondiale après la Seconde Guerre mondiale]. Depuis trois décennies, les États-Unis ont étendu leur présence militaire et leurs engagements dans le monde au bord de l'échec de cette politique. Washington doit consciemment décider de se retirer militairement afin de réformer le passé pour construire un monde en plein essor. L'Amérique doit utiliser sa puissance et son influence pour relever les défis que les bombes et les balles ne peuvent pas résoudre.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV