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E-Press du 20 juin 2019

Le propriétaire japonais de l’un des deux pétroliers attaqués exclut que l’explosion ait été provoquée par une mine iranienne. ©AFP

Au sommaire :

1. La Russie riposte : Mayotte, une « Crimée » française ?

La France dénonce « l’annexion » de la Crimée par la Russie, Moscou lui rappelle le cas de Mayotte

Paris a rappelé son opposition à « l’annexion » de la Crimée. Moscou lui a fait valoir le cas de Mayotte, maintenue en France à l’issue d’un référendum et ce, après la déclaration d’indépendance de l’archipel des Comores dont elle faisait partie.

« L’annexion de la Crimée par la Russie est illégale, a répété la France à l’occasion de la visite officielle du président Zelensky » : c’est le message publié par le compte Twitter en anglais de la diplomatie française le 17 juin, jour de la visite du chef d’État ukrainien à Paris.

Le tweet s’accompagne d’une vidéo, dans laquelle le Quai d’Orsay déclare notamment : « La communauté internationale, l’Union européenne et la France continuent à accorder une grande importance à la restauration totale de la souveraineté de l’Ukraine et de son intégrité territoriale. »

La diplomatie française répétait, ici, la ligne constante de Paris concernant le rattachement à la Russie de la Crimée à l’issue d’un référendum en mars 2014.

 « La France ne reconnaîtra pas l’annexion de la Crimée », déclarait par exemple en juin 2018 le président français Emmanuel Macron.

Moscou a profité de cette occasion pour renvoyer la France à un cas diplomatique méconnu la concernant : celui de Mayotte. « Le président français Macron aurait dû discuter avec son homologue ukrainien Zelensky de Mayotte, qui est devenue le cent unième département français après un référendum en 2009, au lieu de mentionner la supposée “annexion illégale de la Crimée par la Russie” », a tweeté le 18 juin le ministère russe des Affaires étrangères.

French President Macron should have told his #Ukranian counterpart Zelensky about #Mayotte, which became the one hundred and first French Department following the 2009 referendum instead of mentioning so called “illegal annexation of #Crimea by #Russia”.#Ukraine #France #UN

Mayotte est un département français revendiqué par les Comores et dont l’appartenance à la France est contestée par certains pays.

En 1974, conformément au principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la France organise un référendum sur l’indépendance des Comores. 96 % des voix sont en faveur de celle-ci.

Mais les quatre îles qui forment alors les Comores ne vont pas accéder à l’indépendance. 

Comme le rappelle France Info, le président Giscard d’Estaing, « pressé notamment par la marine française, qui ne souhaite pas perdre ce point d’appui, [...] décide de prendre en compte le résultat du référendum île par île ».

Or, les électeurs de Mayotte, peuplée de Mahorais se sentant culturellement différents des habitants des trois autres îles, se sont prononcés contre l’indépendance.

Ainsi, lorsque les Comores proclament leur indépendance le 6 juillet 1975, le gouvernement français se déclare quelques jours plus tard « disposé à entamer avec les nouvelles autorités des pourparlers concernant les transferts de responsabilités », mais ajoute : « S’agissant de l’île de Mayotte, le gouvernement tiendra compte de la volonté ainsi manifestée. »

Les autorités françaises décident donc de mettre en place un nouveau référendum, concernant l’indépendance ou le rattachement à la France de Mayotte.

La France va jusqu’à utiliser son droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU, en février 1976, pour repousser un projet de résolution lui demandant de renoncer à ce nouveau référendum.

Organisé en 1976, celui-ci confirme à plus de 90 % la volonté de cette île de rester française.

La France, rappelle l’AFP, sera plus tard énergiquement « condamnée à l’ONU en raison de sa présence a Mayotte et sommée de se retirer de l’île », « partie intégrante de la république indépendante des Comores ».

Ainsi, dans sa résolution du 6 décembre 1994, l’Assemblée générale de l’ONU demande le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale de l’archipel, faisant valoir que les frontières héritées de la colonisation étaient intangibles.

Enfin, en mars 2011, Mayotte est devenue le 101e département français après un référendum organisé en mars 2009.

Les autorités comoriennes revendiquent toujours la souveraineté de Mayotte.

2. Mer d’Oman : qui sont les incendiaires des pétroliers ?

Tandis que les États-Unis préparent une nouvelle escalade au Moyen-Orient, en accusant l’Iran d’avoir attaqué des pétroliers dans le golfe d’Oman, le vice-premier ministre Matteo Salvini rencontre à Washington le secrétaire d’État Mike Pompeo, un des artisans de cette stratégie, en l’assurant que « l’Italie veut redevenir sur le continent européen le premier partenaire de la plus grande démocratie occidentale », lit-on dans les toutes premières lignes d’un article signé Manlio Dinucci et publié ce 20 juin par Réseau international.

« Ainsi rattache-t-il l’Italie à l’opération lancée par Washington, » estime l’auteur italien.

Et la suite de l’article donne des éléments de réponse.

« L’incident du golfe d’Oman, casus belli contre l’Iran, calque l’incident du golfe du Tonkin du 4 août 1964, utilisé comme casus belli pour bombarder le Nord-Vietnam, accusé d’avoir attaqué un torpilleur USA (accusation qui s’est ensuite révélée fausse).

Aujourd’hui une vidéo diffusée par Washington montre l’équipage d’une présumée vedette iranienne qui, en plein jour, décroche du flanc d’un pétrolier une mine non explosée pour effacer sa provenance (car la mine aurait porté l’inscription “made in Iran”).

Avec ces “preuves”, qui constituent une véritable insulte à l’intelligence, Washington cherche à camoufler le but de l’opération. Celle-ci relève de la stratégie pour le contrôle des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel et de leurs couloirs énergétiques.

Ce n’est pas un hasard si dans le viseur des États-Unis se trouvent l’Iran et l’Irak, dont les réserves pétrolifères totales dépassent celles de l’Arabie saoudite et sont cinq fois supérieures à celles des USA. Les réserves iraniennes de gaz naturel représentent environ 2,5 fois celles des USA.

C’est pour la même raison que se trouve dans le viseur étasunien le Venezuela, pays qui a les plus grandes réserves pétrolifères du monde. Le contrôle des couloirs énergétiques est de première importance. En accusant l’Iran de vouloir “interrompre le flux de pétrole à travers le détroit d’Hormuz”, Mike Pompeo annonce que “les États-Unis défendront la liberté de navigation”.

Autrement dit, il annonce que les États-Unis veulent contrôler militairement cette zone clé pour l’approvisionnement énergétique, y compris celui de l’Europe, en empêchant avant tout le transit du pétrole iranien (à qui l’Italie et d’autres pays européens ne peuvent pas de toute façon accéder librement à cause de l’interdit étasunien).

D’Iran aurait pu aussi arriver en Europe du gaz naturel à bas prix par un gazoduc traversant l’Irak et la Syrie ; mais le projet, lancé en 2011, a capoté à la suite de l’opération USA/OTAN pour détruire l’État syrien.

De Russie aurait pu arriver directement en Italie, et de là être distribué dans d’autres pays européens avec de notables avantages économiques, du gaz naturel, au moyen du South Stream à travers la mer Noire ; mais le gazoduc, déjà en phase avancée, a été bloqué en 2014 sous la pression des États-Unis et de l’Union européenne, avec de gros dommages pour l’Italie.

C’est par contre le redoublement du Nord Stream qui s’est poursuivi, faisant de l’Allemagne le centre de triage du gaz russe. Puis, sur la base de l’accord de “coopération stratégique USA-UE dans le domaine énergétique”, signé en juillet 2018, les exportations étasuniennes de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’UE ont triplé.

Le centre de triage est la Pologne, d’où le “gaz de la liberté” arrivera aussi en Ukraine.

L’objectif de Washington est stratégique : frapper la Russie en remplaçant en Europe le gaz russe par celui des USA.

Mais on n’a aucune garantie ni sur les prix ni sur la durée des fournitures USA de gaz, extrait des schistes bitumineux par la technique du fracking (fracturation hydraulique), désastreuse pour l’environnement.

Que dit de tout cela Matteo Salvini qui, arrivé dans la “plus grande démocratie du monde occidental”, a fièrement déclaré faire “partie d’un gouvernement qui en Europe ne se contente plus des miettes” ?

Source : Réseau international

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV