Le régime israélien a pris pour cible de ses drones et missiles la banlieue de Quneitra, dimanche 1er juin, en riposte à un double tir de roquettes qui a provoqué une peur noire en Israël. L'armée israélienne a affirmé que ces deux roquettes avaient été tirés "à dessin" depuis le sud syrien contre le Golan occupé et que, par conséquent, elle y réagirait aussi puissamment qu'elle le pourrait. Que s'est-il passé le 1er juin pour que une si grand panique s'empare des milieux israéliens ?
Des sources bien informées affirment qu'un "incident" bien grave a précédé les frappes israéliennes des 2 et 3 juin contre Quneitra, le sud de Damas ainsi que l'aéroport stratégique de T-4. Un bref accrochage aurait eu lieu dimanche 1er juin durant lequel un "site de collecte de signal de l’armée israélienne" a été touché par deux roquettes au Golan.
Pour un régime sioniste qui se croit capable de "tout contrôler au moins dans son environnement immédiat", qui enregistre des milliers d'images satellitaires sur les agissements militaires à travers le monde, ce double tir de missile fut ni plus ni moins un choc. Aucun des dispositifs militaires massivement plantés au Golan occupé n'a su intercepter les deux engins que tout donne pour être des missiles.
Paniqués, des avions de combat, des drones et des hélicoptères d’attaque israéliens lancent dans la nuit de samedi à dimanche 2 juin des missiles et des roquettes sur plusieurs positions militaires syriennes près de Quneitra. A leur grande surprise, les batteries de la DCA syrienne entrent aussitôt en action et aucun appareil volant israélien n'ose franchir ce barrage de feu et survoler la partie syrienne du Golan occupé.
Mais Israël n'en était pas à sa première surprise. Peu de temps après le double tir de missiles, s’ensuivent des échanges de tirs à l'arme légère de part et d’autre de la ligne de contact, faisant craindre aux militaires israéliens une "infiltration commando hostile" au Golan.
Terrorisés à l'idée d'avoir à faire face désormais à un nouveau front, alors qu'il s'apprête à annexer le Golan, Israël lance moins d'une heure après le premier raid, une nouvelle frappe visant cette fois la localité d'al-Kiswah à Quneitra. Là aussi, la DCA syrienne est prompte à riposter. Il a fallu à Israël la contribution de ses avions, de ses drones et hélicoptères pour pouvoir frapper un Shilka avec deux missiles air-sol et causer la mort d’un très jeune officier syrien.
48 heures avant l'accrochage du 1er juin, un appareil israélien survolant la ligne bleue au-dessus du Golan et violant à plusieurs reprises l’espace aérien syrien, avait essuyé des tirs nourris d’un Shilka ZSU-23-4 du 121e bataillon d’infanterie de l’armée syrienne, chose parfaitement inhabituelle pour le régime usurpateur qui se croit promis à une éternelle impunité.
Les stratèges militaires israéliens, cités par le site Walla, en sont désormais à formuler différentes hypothèses sur le double tir de missile qui a visé le 1er juin un centre de renseignement israélien au Golan.
Amir Bohbot estime qu'il n'y a "aucun hasard dans cet incident" et que "le régime Assad, le Hezbollah et l'Iran cherchent à créer une nouvelle équation au Golan, quitte à pousser Israël à renoncer à ses frappes contre le territoire syrien". "La poursuite de ses attaques pourrait coûter extrêmement cher à Israël", dit Bohbot. Un avis que partage Amos Harel, un autre analyste militaire cité par Walla pour qui "le Golan syrien est dominé par l'armée syrienne, le Hezbollah et l'Iran, lesquels sont parfaitement en mesure de cibler les colonies israéliennes au Golan".
C'est un constat bien cuisant pour un régime israélien qui s'apprête à annexer cette partie du territoire syrien dans le sillage de l'annonce du président américain Donald Trump. Bohbot reconnait par ailleurs la défaillance du système de renseignement israélien au Golan qui "n'a toujours pas compris qui a été à l'origine du double tir de missile visant le mont Hermon (Golan)".
La grande confusion et la panique qui règnent depuis au sein des milieux militaires et de renseignement israéliens poussent Tel-Aviv à commettre alors une nouvelle erreur stratégique en lançant le 3 juin une nouvelle frappe contre Homs. Dans la nuit de dimanche à lundi, des missiles, des bombes guidées et des drones israéliens ciblent ainsi la fameuse base aérienne T-4 dans le gouvernorat de Homs.
Damas reconnait la mort d’au moins un militaire mais aussi le fait que les systèmes de la défense anti-aérienne ont été pleinement activés au-dessus de Damas et Homs et qu'ils ont intercepté des projectiles ennemis.
A vrai dire, la dissuasion israélienne a du plomb dans l'aile et elle ne tient plus. S'il est vrai que les factions au sein d’Israël et ses puissants soutiens aux États-Unis et en Europe sont favorables à une guerre généralisée avec l'axe de la Résistance et ce, pour rétablir le rapport des forces en faveur de Tel-Aviv, il est aussi vrai que le doute est entier quant aux capacités israéliennes à gagner une telle guerre.
Ainsi, les raids israéliens sur la Syrie continueront jusqu’à ce que la Syrie riposte de manière vigoureuse. Et cette vigoureuse riposte de Damas qui vient d'annoncer qu'il reprendrait le Golan, quel qu'en soit le prix à payer, se prépare. Le front du Golan à l'est, celui du sud du Liban au nord, et le front du sud à Gaza: voilà le triple front auquel devra faire face Israël en cas d'un conflit généralisé.
Mais ce n'est pas tout: le "Deal du siècle" a littéralement marginalisé les alliés arabes de Tel-Aviv: certains milieux voient dans l'initiative sans précédent de l'Égypte et de la Jordanie de se dissocier de l'Arabie saoudite et de ne pas décréter ce mardi 4 juin, le jour de l'Aïd (fin de Ramadan) comme l'a fait Riyad, un signe avant-coureur. Les deux clauses stratégiques inclues dans le "Deal du siècle" prévoient d'abord l'annexion de la Cisjordanie, l'expulsion de ses habitants en Jordanie et ensuite la liquidation de Gaza et l'exode de sa population au Sinaï.
Il se peut que d'ici peu, ce soit le mouvement inverse qui se produise. Deux tiers de la population de la Jordanie sont Palestiniens et ces derniers sont nombreux à vivre au Sinaï. Et puis l'incident du 1er juin au Golan montre bien que les druzes syriens ne sont pas si "indifférents" à l'occupation de leur terre que le laisse croire Israël.
Vidéo: les missiles interceptés par la DCA syrienne, le 2 juin à Kiswah