À peine deux semaines après la rencontre entre le commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL) et le roi saoudien, le gouvernement d’union nationale à Tripoli a été surpris par l’invasion militaire de l’ANL visant la capitale libyenne. La télévision libyenne Al-Ahrar a annoncé qu’il y avait des affrontements violents dans les environs sud de la capitale libyenne entre les forces loyales au maréchal Khalifa Haftar et celles attachées au chef du gouvernement d’union nationale, soutenu par l’ONU.
Les troupes libyennes fidèles au gouvernement Tobrouk, dirigées par le maréchal Khalifa Haftar, soutenues par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte, ont annoncé jeudi dernier leur intention de conquérir Tripoli, où siège le gouvernement de Fayez al-Sarraj. Nul n'y croyait et pourtant, il semble que la menace se concrétise. Haftar qui dispose de la moitié du territoire libyen, veut prendre le contrôle de la capitale libyenne, Tripoli, qui est pour l’instant à la disposition des forces du gouvernement d’union nationale et les forces proches du courant des Frères musulmans, soutenus par la Turquie et le Qatar.
Parmi les puissances qui éprouvent certaines sympathies pour le général, à défaut de lui apporter un soutien flagrant, se trouvent les plus importants pays de la région : l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, ainsi que la France où le général a été soigné récemment. Dans le même temps, le gouvernement de Fayez al-Sarraj est soutenu par des acteurs tout aussi influents : l'Italie, le Qatar et la Turquie. La question de savoir si ces pays influenceront l'évolution du conflit est donc pertinente.
Selon les derniers rapports, des affrontements violents sont en cours entre les forces du maréchal Haftar et celles fidèles au Premier ministre Fayez al-Sarraj à Qasr ben Ghashir, Wadi Al Rabi et Suq al Khamis au sud de Tripoli. Auparavant, certaines sources d’information avaient annoncé que les forces sous le commandement de Haftar étaient entrées dans l’aéroport international de la capitale.
Mais ce conflit soudain qui vient d'éclater sur fond de « révolte » en Algérie peut-il avoir un quelconque rapport avec la production pétrolière libyenne qui pèse sur le prix du pétrole?
En février, l'armée du général Haftar s'était emparée du plus grand champ pétrolier libyen, al-Charara, sans rencontrer de sérieuse résistance de Tripoli ou de Misrata. C'est alors que la presse avait annoncé la progression de l'armée vers le sud-ouest du pays pour étendre son contrôle sur de plus en plus de régions. Étant donné que l'Armée nationale libyenne (ANL) contrôle déjà la majeure partie du littoral où se situent d'importants terminaux d'exportation, on peut affirmer avec certitude qu'à l'heure actuelle pratiquement toutes les fournitures de pétrole libyen à l'étranger sont entre les mains de Khalifa Haftar.
« Mis à part la portée géostratégique d'une emprise saoudo-émiratie sur Tripoli, il y a là la portée pétrolière de cette emprise, ce qui ne peut être sans rapport avec les sanctions imposées aux pays producteurs de l'énergie que sont la Russie et l'Iran alors que les cours du baril continuent à flamber. On sait que la majeure partie de la production pétrolière libyenne est entre les mains de Haftar. Il contrôle al-Charara, le plus grand champ pétrolier libyen. Cela fait longtemps que le camp atlantiste, à commencer par les Américains, veut faire monter la production de ce champ et faire dépasser les 315 000 barils par jour. Les Occidentaux qui s'alimentent depuis 8 ans du pétrole libyen ont besoin de faire baisser les cours. Le prix du baril de pétrole Brent coté à Londres a franchi jeudi la barre symbolique des 70 dollars pour la première fois depuis cinq mois. Or, outre la production il faut aussi faciliter les exportations. Les terminaux d'exportation se trouvent à Tripoli. Les Occidentaux veulent éviter une erreur à la soudanaise : le pétrole du sud Soudan ne quitte pas les terminaux pétroliers soudanais facilement puisque Khartoum en a le contrôle. Al-Sarraj, un pro-turc et pro-qatari pourrait poser le même problème. Il est temps qu'on l'écarte pour de bon, estime Hadi Mohammadi, expert iranien.