The Guardien a fait publier un article qui confirme l'achèvement des travaux d'un réacteur nucléaire en Arabie saoudite. Certaines sources font état d'une tentative US de transférer secrètement la technologie nucléaire à Riyad. Si certains s'alarment des conséquences de l'émergence d'une Arabie « nucléarisée », d'autres experts y voient surtout un piège : Ce samedi 6 avril, et alors que le régime saoudien n'a pas officiellement annoncé son entrée dans le club des puissances nucléaires, l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) a fait savoir qu'elle exigeait des « inspections » sur le sol saoudien.
À quoi jouent les USA en Arabie saoudite? Washington, dont la contribution dans la construction d'un premier réacteur saoudien a été révélée au mois d’avril par un rapport des législateurs, vient d’annoncer qu’il « ne permettra pas à Riyad de se transformer en une puissance nucléaire susceptible de menacer les États-Unis et Israël ». Les propos de Mike Pompeo à l’antenne de CBS pourront s’interpréter dans plusieurs sens : un mensonge destiné à cacher l’implication américaine dans la construction du premier réacteur nucléaire saoudien ou une tentative destinée à apaiser les craintes de l'allié israélien. Au regard du ton de menace adopté par Pompeo, certains commentateurs vont encore plus loin : la folie de vouloir doter l'Arabie saoudite de capacités nucléaires potentiellement aptes à devenir militaires n'est-ce pas une tentative visant à mettre définitivement au pas Riyad voire à se procurer de quoi justifier une ingérence militaire.
Interrogé sur la publication des premières images des installations nucléaires saoudiennes, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a répondu que les États-Unis ne permettraient pas à l’Arabie saoudite de devenir une puissance nucléaire.
Sur le plateau de la chaîne de télévision CBS, Mike Pompeo a déclaré : « Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, nous avons travaillé avec l’Arabie saoudite là-dessus. Je ne peux pas vous dire que les négociations sont dans quelle phase, car elles se poursuivent toujours », a expliqué Mike Pompeo vendredi 5 avril avant d'ajouter : « On ne laissera pas ça avoir lieu nulle part dans le monde. Le président connaît bien quelle menace représente la prolifération de la puissance nucléaire ». Se référant à ce discours parfaitement équivoque, certains analystes se demandent pourquoi les USA procureraient la technologie « interdite » à un allié en qui ils n'ont pas confiance.
Début avril, le quotidien britannique The Guardian a fait paraître en effet un article faisant part de divergences profondes entre l'administration Trump et les congressistes sur le transfert secret de la technologie nucléaire des États-Unis à Riyad.
Selon The Guardian, « le département de l'Énergie américain a accordé sept permis pour le transfert d'informations nucléaires sensibles au gouvernement de Riyad, et ce, en dépit de la réticence du Congrès. Pourtant, Rick Perry et Mike Pompeo se gardent bien de rendre publics les détails sur les accords nucléaires Washington/Riyad ».
« Si on ne peut pas confier de tronçonneuse [Affaire Khashoggi, NDLR] à un régime, on ne devrait pas lui confier d'armes nucléaires », avait déclaré l'élu démocrate de Californie Brad Sherman lors d’une audition du secrétaire d'État Mike Pompeo, le 28 mars, concernant le transfert illégal des technologies nucléaires aux Saoudiens.
Les propos de Pompeo montrent toutefois que les divergences existent même au sein de l'entourage de Trump sur le niveau de coopérations nucléaires avec Riyad. En d'autres termes, l'Arabie saoudite serait juste dotée de ce que les Américains jugeront nécessaire. Or, ce « nécessaire » apportera avec lui des engagements dont ne pourra se soustraire l'Arabie saoudite. Pire, Riyad pourrait à tout moment être accusé de velléités atomiques secrètes, comme cela s'est produit dans le temps pour Saddam, pourtant l'allié indéfectible de Washington face à l'Iran. L’ambiguïté des propos tenus par les éléments les plus pro-saoudiens de l'administration US ne permet pas d'effacer les doutes en la matière, estiment les analystes. L'affaire Khashoggi a littéralement relégué au second plan Ben Salmane qui malgré le soutien de Trump n'a toujours pas réussi à s'en remettre. Un MBS en possession de bombe nucléaire pourrait s'avérer bien fatal pour lui, car même Israël n’accepterait que l'Arabie de Ben Salmane puisse avoir l'arme suprême. L'alliance avec Riyad revient à l'asservir et non pas à le traiter comme un partenaire à parts égales ».
L’Arabie saoudite a adhéré au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 1988, mais n’a signé en 2005 qu’un accord de garanties généralisées avec l’AIEA. Riyad a jusqu'ici résisté aux demandes de l'AIEA visant à annuler ce protocole et à accepter des contrôles plus stricts.