Le président américain Donald Trump a mis trop d’espoir dans une conférence qui commence ce mercredi 13 février à Varsovie pour faire avancer ses objectifs anti-iraniens. Va-t-il réussir ? Une analyse publiée aujourd’hui par le site web de l’agence de presse Mehr News se penche sur la question.
Le tapage médiatique américain autour de cette conférence semble avoir apporté l’effet inverse pour les États-Unis, étant donné les prises de position d’importantes personnalités politiques.
Une porte-parole persanophone du département d’État américain, Elizabeth Stickney, a annoncé ce mercredi dans un tweet que la conférence de Varsovie s’était fixée comme objectif de trouver des solutions politiques et diplomatiques aux crises au Moyen-Orient, et devrait porter sur des questions telles que la fabrication de missiles, la lutte contre le terrorisme, les crises humanitaires et la cybersécurité.
Rappelons que vers la fin-janvier, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait fait marche arrière en renonçant à focaliser la conférence de Varsovie sur l'Iran. Dans un communiqué, le département d’État avait affirmé que Washington et Varsovie organiseront les 13 et 14 février 2019 une réunion ministérielle intitulée « L’avenir de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient » en Pologne, supprimant ainsi le nom de l’Iran de l’ordre du jour de cet événement.
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Mi-janvier, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a affirmé qu’elle ne participerait pas à cette conférence. Moscou a aussi annoncé son refus. Des diplomates européens ont estimé que la conférence de Varsovie pouvait être annulée à la dernière minute, à cause d’un très faible taux de participation des États conviés.
D’après Wall Street Journal, le fait que les États-Unis ont choisi la Pologne pour accueillir cette conférence est, selon certains diplomates européens, le signe des efforts visant à attiser les différends entre les États de l’Union européenne au sujet de l’Iran.
Selon Mehr News, la façon dont la conférence de Varsovie a été organisée, fait penser à la situation avant le démarrage de l’Assemblée générale des Nations unies en 2018, lorsque le président américain Donald Trump avait annoncé que les États-Unis dirigeraient une séance du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à l’Iran.
Une fois que différents pays se sont exprimés sur cette question, le journal américain Washington Post a écrit que le gouvernement américain se préoccupait des conséquences de l’initiative de Nikki Haley, alors ambassadrice des États-Unis à l’ONU, concernant une saisie du Conseil de sécurité avec Donald Trump comme président de séance.
En fait, c’était en septembre 2018 que Nikki Haley a élaboré l’idée de tenir une séance anti-iranienne au sein du Conseil de sécurité ; elle en a parlé pour la première fois devant les journalistes.
« Le fait même que l’Iran soit le sujet central d'une séance du Conseil de sécurité, a d’ores et déjà provoqué l’inquiétude des alliés de Washington. Ils pensent qu'une telle réunion mettraient au grand jour les profondes divergences entre les États-Unis, la France et le Royaume-Uni au sujet de l’accord nucléaire signé avec l’Iran [connu sous le nom du Plan global d’action conjoint (PGAC)] », a écrit le Washington Post cité par Mehr News.
Alors que les réactions négatives envers l’initiative de Nikki Haley s’enchaînaient, les États-Unis ont, par la suite, apporté quelques changements à l’ordre du jour de la séance qu’ils allaient diriger.
Selon Mehr News, c’est le même scénario qui se répète concernant la conférence de Varsovie. Les Américains auraient changé l’ordre du jour de cette conférence pour éviter une exacerbation des tensions américano-européennes et empêcher que le fossé entre Washington et Bruxelles ne s’approfondisse encore plus.
Le changement de l’ordre du jour de la conférence de Varsovie, ce qui d’ailleurs n’était pas inattendue, marque un troisième échec diplomatique de Trump face à l’Iran.
Pour rappel, après un premier échec marqué par le changement de l’ordre du jour d’une séance du Conseil de sécurité sous la présidence de la personne même de Donald Trump, la deuxième grande défaite diplomatique de Washington remonte à l’année dernière, lorsqu'il a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies afin de préparer des immiscions dans les affaires intérieures de l’Iran, en exploitant les protestations sociales survenues dans le pays.