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Liban : le choix stratégique de Poutine

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Système de défense anti-aérien S-300 ©Sputnik

Au seuil de sa rencontre avec Vladimir Poutine prévu le 21 février à Moscou, rencontre que Netanyahu a tout fait pour placer sous le signe des retrouvailles post crash Il-20, le pire est arrivé : la Russie vient de reconnaître haut et fort le Hezbollah à titre de partenaire « positif » et « responsable » voire « d'une force stabilisatrice au Moyen-Orient ». Pour un régime israélien dont le chef s'apprêtait, à l'appui des frappes aériennes parfaitement stériles, à convaincre Vladimir Poutine de mettre l'Iran à la porte de la Syrie et de couper tout contact avec le Hezbollah, c'est plutôt une royale déculotté.

Le 9 février, l'ambassadeur russe au Liban Alexander Zasypkin affirmait au journaliste de Sputnik : « Quand la guerre a commencé en Syrie, le Hezbollah s'est rangé du côté des autorités légales pour les appuyer dans leur lutte contre les terroristes. Le Hezbollah s'est directement engagé dans des combats, et ce, à la demande de la Syrie. Il s'est engagé aux côtés de la Russie et de l'Iran, et a adopté une approche responsable. »

Le verdict est catégorique : Moscou vient de fermer la porte au nez de Tel-Aviv qui faute de vision stratégique digne de ce nom, tend à prendre des vessies pour des lanternes et à ne voir le jeu fort complexe des alliances intra-syriennes qu'à travers des lunettes réductrices de mauvais perdant. Les analystes israéliens ne cessent depuis de penser et de repenser aux propos de l'ambassadeur russe. Ils y voient au mieux une tentative de séduction à l'encontre de l'Iran au seuil du sommet russo-irano-turc du 14 février à Sotchi, au pire le reflet des velléités gazières de Poutine qui convoiterait les gisements libanais en Méditerranée lesquels sont pillés par Israël, un Israël qui veut même en faire une alternative au gaz russe. Et s'il n'y avait pas que cela !

Depuis le 10 février, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, se trouve en visite officielle au Liban où il dit être prêt à offrir à l'État libanais appui et aide militaires pour qu'il puisse repousser les agressions aériennes quotidiennes d'Israël. Les sources israéliennes croient savoir que le ministre Zarif aurait même offert à fournir à l'armée libanaise des batteries de missiles antimissiles Bavar 373, qui sont une réplique fidèle des S-300 russes déployés en Syrie voisine. Sous pression US, le Liban risque de décliner l'offre, ce qui aurait pu rassurer Israël, si ce n'était pas cette « menaçante présence russe » et cette connexion qui s'est effectivement établie entre Moscou et le Hezbollah. En refusant l'offre iranienne, l'État libanais pourrait donc bien s'ouvrir aux livraisons d'armes russes. Après tout, Bavar 373 ou S-300 cela revient au même du moment qu'il s'agit d'armer la Résistance de quoi balayer d'un revers de main la suprématie aérienne d'Israël. En Syrie cette suprématie n'existe plus. Rien ne dit que demain ce ne sera pas le tour du Liban.

Le site web DEBKAfile, proche des milieux de renseignements militaires israéliens, s’est penché sur la volonté, d’ailleurs déclarée, de l’Iran et de la Russie d’armer le Hezbollah libanais. L’analyste israélien s’attarde sur la visite, actuelle, du ministre iranien des Affaires étrangères à Beyrouth au cours de laquelle, Mohammad Javad Zarif a réaffirmé que son pays envisageait d’aider le Liban dans tous les domaines y compris le domaine militaire.

Cela intervient une semaine après ce que le chef du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, a proposé à l’Iran de réarmer l’armée libanaise avec de nouvelles armes, notamment des missiles anti-aériens.

L’analyste israélien estime que Téhéran cherche, à l’instar de Moscou, « une implantation au Liban afin de consolider son succès dans la préservation de Bachar al-Assad en Syrie » et pour cela les deux « ont désigné le Hezbollah comme canal d’influence à Beyrouth ».

Ce n’est, pourtant, qu'une simple évaluation des affaires actuelles dans la mesure où ces deux derniers ne sont pas motivés par les mêmes objectifs. L’Iran soutient le Liban puisqu’il fait partie de l’axe de la Résistance ; il est donc tout à fait naturel qu’il veuille armer le Liban, car cela signifie un renforcement du Hezbollah et tout cela en faveur de la stabilité de la région.

Quant à la Russie, le vice-ministre des Affaires étrangères a souligné, lors de sa rencontre, la semaine dernière, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, que le Hezbollah n'était pas un groupe terroriste, mais une force positive pour la stabilité au Moyen-Orient.

C’est en fait pour la première fois que la diplomatie et les médias russes louent le Hezbollah, laissant comprendre à Netanyahu qu’au cours de sa rencontre, prévue pour le 21 février à Moscou, le président russe Vladimir Poutine n’avait aucun intérêt à parler des « méfaits de ce mouvement ou des opérations menées par Israël contre ses présumés tunnels », comme l’a écrit DEBKAfile.

Quelle est la véritable raison de ce nouveau soutien russe au Hezbollah ?

On peut la trouver dans les intérêts que cherche la Russie via son projet visant l’industrie gazière et pétrolière libanaise. Le géant russe de l’énergie, Rosneft, a planté un pied dans l’industrie gazière et pétrolière libanaise, après avoir récemment signé un accord sur 20 ans pour la gestion des installations pétrolières et gazières de la ville de Tripoli, dans le nord du pays.

Le samedi 9 février, l'ambassadeur de Russie à Beyrouth, Alexander Zasypkin, a déclaré dans un entretien avec Sputnik qu'un nouveau conflit pourrait éclater entre Israël et le Liban « à la suite des démarches des États-Unis visant à semer la discorde dans la région ».

Or, ce conflit peut, plutôt, être déclenché en raison des différends entre Moscou et Tel-Aviv au sujet du contrôle du champ gazier Léviathan dont une partie avait été saisie par Israël, comme l’a déjà indiqué le Hezbollah libanais. 

 

Depuis le début de la crise en Syrie en 2011, le Hezbollah « s'est rangé du côté des autorités légales syriennes dans la lutte contre les terroristes. Le Hezbollah est devenu directement impliqué dans une opération militaire à la demande de la Syrie, aux côtés de la Russie et de l'Iran, en y adoptant une approche responsable ».

L’ambassadeur russe a regretté, donc, que Washington, « au lieu de tenter de gérer les tensions dans la région avec la Russie et d'autres pays, a lancé une campagne contre l'Iran et le Hezbollah, rendant ainsi la situation dans la région encore plus volatile ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV