Depuis 2016 et la fin quasi acquise de Daech en Irak et en Syrie, la France s'interroge sur sa politique syrienne. Dans les cercles fermes de la diplomatie française, personne ne peut prétendre que cette politique menée par les administrations successives depuis 2011 et basée sur une obsession atlantiste soit un succès : appui militaire et politique d'envergure aux milices terroristes qaidistes et autres, liens troubles avec Daech, frappes directes contre les sites militaires syrien et russe, soutien au séparatisme kurde...Paris a à son actif un casier qui réduit presque à néant ses chances d'une normalisation avec l'État syrien et par conséquent, une participation au juteux marché de reconstruction en Syrie.
En juillet dernier et au lendemain de la libération de la Ghouta Orientale, la France a envoyé un convoi d'aide humanitaire à destination des zones sous contrôle de Damas et ce, à la faveur d'une médiation russe. Mais depuis, la rage anti-Assad a pris le dessus à Paris. Et voilà que l'annonce surprise du retrait Us de Syrie prend la France de court.
Le président français qui affirme vouloir maintenir sa présence militaire en Syrie est allé samedi 23 décembre jusqu'à appeler le monde ( à entendre l'OTAN) à soutenir les Kurdes qui "armes au poigne ont vaincu Daech", ce qui laisse entendre que la "Macronie" risque, en l'absence des Américains, d'occuper le front de combat non pas contre Daech, mais évidemment contre l'État syrien et ses alliés. C'est sans doute pour répondre à cet appel très particulier du président français que son homologue russe a lancé dimanche une mise en garde à l'Europe. Le président russe, Vladimir Poutine a demandé aux dirigeants européens d’aider à la reconstruction de la Syrie s’ils ne voulaient plus de crise migratoire chez eux. Cet appel rappelle à la bonne mémoire de l'Europe la perspective d'un retour en masse des terroristes d'origine occidentale qui "en l'absence des Américains" pourraient être largement de retour dans leur pays d'origine.
Cité par le journal Al-Qods Al-Arabi, Poutine a en effet déclaré d'un ton à la limite de la menace : « Il faut fournir le soutien humanitaire nécessaire au peuple syrien et il faut faire tout ce qui est nécessaire pour le retour des réfugiés syriens depuis l’Europe et les pays voisins. La multiplication des réfugiés serait un fardeau sur le dos de l’Europe. Par conséquent, l’on doit faire tout ce que l’on peut pour qu’ils puissent retourner chez eux. »
Le président russe a fait ces déclarations lors d’une rencontre avec Angela Merkel portant sur la crise syrienne et ses déplacés ainsi que le dossier de la reconstruction en Syrie. Pour de nombreux analystes, les propos du Président russe tenus après l'annonce du retrait US de Syrie visent surtout à convaincre la France, la Grande Bretagne l'Allemagne ainsi que les autres membres de l'OTAN qui détiennent illégalement des troupes en Syrie, de changer de stratégie,de s'adapter au processus politique en cours.
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