Le président français a fini par briser son silence : au cours d’un point de presse très attendu, il a essayé de calmer la colère des Français. Des mesures sociales ont été annoncées, sans être suffisantes ni pour les Gilets jaunes ni pour l’opposition.
Le président français Emmanuel Macron s'est adressé lundi soir, 10 décembre, à la nation française et décrété un « état d’urgence économique et sociale ».
Afin de calmer la colère des Gilets jaunes, il a annoncé une série de mesures sociales qui sont qualifiées, d’ailleurs, d’insuffisantes par le mouvement et l’opposition.
Parmi ces mesures, on peut noter l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités ayant une pension inférieure à 2.000 euros par mois, la défiscalisation des heures supplémentaires et l’augmentation du SMIC de 100 euros par mois.
Or, pour le représentant des gilets jaunes, Benjamin Cauchy, "100 euros, c'est pour les smicards". Il s’interroge alors sur ce qui se passerait pour tous les salaires intermédiaires qui vivent une pression fiscale énorme. « Qu'en est-il de la taxe carbone sur les cargos et sur les avions ? Les Gilets Jaunes et les Français sont pour l'écologie. (...) Pour les retraités, la réindexation au coût de la vie serait la moindre des choses », a-t-il noté.
Du côté de l'opposition politique, la droite comme la gauche ont aussi jugé insuffisantes les annonces du chef de l'État. Les Républicains déplorent une "smicardisation" de la société, tandis que la France insoumise cible un président qui épargne "les grandes fortunes et les profits".
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (ex-FN), a déclaré que « face à la contestation, Emmanuel Macron renonce à une partie (une partie seulement) de ses errements fiscaux et c'est tant mieux, mais il refuse d'admettre que c'est le modèle dont il est le champion qui est contesté: la mondialisation sauvage, la financiarisation de l'économie, la concurrence déloyale, le libre échange généralisé, l'immigration de masse et ses conséquences sociales et culturelles. Il recule pour mieux sauter. »
Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a la ferme conviction que « dans tout ce qu’a annoncé Macron, tout sera payé par le peuple, rien ne sera payé par les riches ». Il a, ainsi, appelé les Gilets jaunes à se mobiliser pour un acte V.
« Je crois que l'acte V du début de la révolution citoyenne dans notre pays sera un moment de grande mobilisation. Mais bien sûr, comme tout un chacun, je m'en remets à la décision qui sera prise par tous ceux qui sont dans l'action », a-t-il conclu en parlant de samedi prochain.
Les manifestations du mouvement des Gilets jaunes ont commencé le 17 novembre. Le quatrième acte a eu lieu le samedi 8 décembre, avec la participation de près de 136.000 personnes. En ce jour de manifestations, quelque 2.000 personnes ont été interpellées, selon la place Beauvau.