Le roi jordanien Abdallah II et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed ont participé, mardi 20 novembre, à une cérémonie organisée au palais al-Husseiniya à Amman au cours de laquelle la division des forces de réaction rapide jordaniennes a été baptisée « Force Ben Zayed ».
Le prince héritier des Émirats arabes unis était, mardi 20 novembre, à Amman où le monarque lui a réservé un accueil chaleureux.
L’agence de presse jordanienne Petra a annoncé que le roi Abdallah II et Mohammed ben Zayed avaient participé ensemble à une cérémonie organisée au palais al-Husseiniya à Amman, au cours de laquelle la division des forces de réaction rapide jordaniennes a été baptisée « Force Ben Zayed ». Le roi Abdallah a également remis à Mohammed ben Zayed la médaille Al-Hussein, la distinction non militaire la plus prestigieuse en Jordanie. Cet événement suscite des questions à propos du rôle de cette force, notamment après le réchauffement des relations entre Amman et Abou Dhabi.
Quelles seront les missions de la Force Ben Zayed ?
Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, revient sur le sujet pour souligner que l’armée et les institutions militaires s’inscrivent généralement hors des cérémonies diplomatiques.
« Les Forces de réaction rapide jordaniennes pourraient se faire impliquer dans les conflits en Libye d’autant plus que la Jordanie ne cache pas son soutien aux Émirats arabes unis et au maréchal Haftar. Une implication jordanienne dans les conflits au Yémen s’annonce très peu probable, du moins, à ce stade ».
La Jordanie entrera-t-elle en jeu au profit de Haftar ?
En 2011, la Jordanie en a eu l'expérience avec la Libye, souligne Nasser Joudeh, ministre des Affaires étrangères de l'époque qui précise que six pilotes de l’aviation jordanienne s'étaient alors rendus en Libye dans le cadre des forces de l’OTAN. Selon d’autres sources, les forces terrestres jordaniennes ont beaucoup contribué à la libération de Tripoli, capitale libyenne.
Par ailleurs, le quotidien britannique The Guardian a révélé, en 2016, un document secret faisant part d’une rencontre entre Abdallah II et des élus du Congrès américain. Le document démontre que la Jordanie a acheminé, en 2016, ses forces spéciales pour lutter contre Daech en Libye et empêcher les terroristes de s’emparer des puits de pétrole.
Abdallah II a même confirmé la présence de ses militaires en Libye pour prêter main-forte aux forces spéciales britanniques SAS, indique le quotidien.
Abdel Bari Atwan s’est ensuite attardé sur les relations amicales qu’entretiennent la Jordanie et le maréchal Haftar en faisant allusion aux ballets diplomatiques des délégations jordaniennes en Libye.
« Le maréchal Haftar n’a pas pris part à la récente conférence de Palerme, en Italie. Or, il a participé à une réunion qui a eu lieu en marge de cette conférence en l’absence de la Turquie et du Qatar, car ladite réunion était dans le cadre des projets de Ben Zayed visant à marginaliser les Turcs et les Qataris ».
Une nouvelle alliance jordano-émiratie
Selon Abdel Bari Atwan, « le fait que la Jordanie a baptisé la division des forces de réaction rapide jordaniennes « Force Ben Zayed » met en évidence la volonté d’Amman de sceller une vraie alliance avec Ben Zayed, ce qui laisse voir la perspective d’une nouvelle ère dans les relations entre Amman et Abou Dhabi. De son côté, Mohammed ben Zayed est, lui aussi, en faveur de la formation d’une telle alliance après les révélations sur l’implication du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans l’assassinat de Jamal Khashoggi, journaliste dissident saoudien ».
Atwan précise comment les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont reculé de leurs positions après la crise de Khashoggi.
« En pleine crise, nourrie par l’assassinat de Khashoggi, le chef du Pentagone James Mattis a proposé l’ouverture d’un dialogue sur le Yémen au début de décembre. Quoique peu probable, l’implication de la « Force Ben Zayed » au Yémen pourrait avoir lieu lors de l’étape de transition », indique l’article.
Abdel Bari Atwan a finalement souligné qu’une intervention militaire au Yémen coûterait très cher aux Jordaniens en comparaison de tous les conflits auxquels ils avaient participé auparavant dans le cadre de l’OTAN.