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Retrait des USA du FNI, un relent de Guerre froide ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président Xi Jiping lors d'un défilé militaire des forces armées chinoises. ©FT

En raison de la montée des tensions avec la Chine, les États-Unis pensent sérieusement soit à se retirer du FNI, soit à le remodeler.

En avril 2018, le directeur de l’US Pacific Command, Harry Harris, a déclaré à la commission des forces armées du Sénat, que « la Chine a construit [dans les îles Spratleys] une infrastructure massive spécifiquement et uniquement dans le but de soutenir des capacités militaires avancées qui pourraient être déployées dans les bases dans un délai très court ! ».

Mais la capacité de la Chine à y transférer et à y déployer très rapidement des équipements militaires est une inquiétude sérieuse du Pentagone, car elle pourrait permettre à la Chine de contrôler des routes commerciales vitales, d’exclure d’autres revendicateurs des zones contestées en mer de Chine méridionale et d’interférer avec les plans militaires américains de défendre Taiwan.

Donald Trump a annoncé le 21 octobre que les États-Unis allaient se retirer du traité FNI conclu avec la Russie pendant la Guerre froide, qui bannissait les armes nucléaires ayant une portée comprise entre 500 et 5 500 kilomètres, accusant Moscou de le violer « depuis de nombreuses années ».

Le traité FNI (Forces nucléaires intermédiaires), signé le 8 décembre 1987, a fait obligation aux États-Unis et à l’ex-U.R.S.S. d’éliminer tous leurs missiles sol-sol dont la portée était comprise entre 500 et 5 500 kilomètres. À cette époque, la Chine n’est pas encore devenue la puissance balistique qu’elle est aujourd’hui. Au début des années 2000, Vladimir Poutine pensait à retirer la Russie du traité en raison du développement des missiles à moyenne portée par la Chine. Mais son idée a vite tourné court, car les deux pays se sont rapprochés.  

En raison de la montée des tensions avec la Chine, les États-Unis pensent sérieusement à remodeler le FNI. En avril 2018, le directeur de l’US Pacific Command, Harry Harris, a déclaré au Comité des forces armées du Sénat, que « la Chine a construit [dans les îles Spratleys] une infrastructure massive spécifiquement et uniquement dans le but de soutenir des capacités militaires avancées qui pourraient être déployées dans les bases dans un délai très court ». Il a également estimé que le FNI était à l’origine de la montée en puissance de la Chine en mer de Chine méridionale.

Si Pékin venait à signer le traité — ce qu’il n’a pas l’intention de faire —, il devrait retirer 95 % de ses installations dans la région.

Le retrait des USA du FNI, un relent de Guerre froide ?

En annonçant que les États-Unis allaient se retirer du traité FNI, Donald Trump a jeté un nouveau froid sur ses relations de plus en plus tendues avec Moscou. La rupture d’un tel accord renverrait aux années 1980 et à la crise des euromissiles, ont estimé aussi bien Moscou que de nombreux observateurs.

Le président russe Vladimir Poutine a par ailleurs rejeté en bloc les accusations de violation du traité lancées par son homologue américain.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, avait le 21 octobre dernier dénoncé les « flagrantes violations du traité par les États-Unis eux-mêmes » qui ont mis en place un système de défense antimissile en Europe qui est capable de tirer des missiles de croisière, ceux-là mêmes qui sont interdits par le FNI

Moscou et Pékin défient depuis quelques années le pouvoir militaire américain. Contrairement à la Russie, affectée par les sanctions internationales, la Chine ne cesse d’étendre sa sphère d’influence dans les zones contestées en mer de Chine et les régions de haute tension avec les États-Unis.

L’avenir de cette concurrence fait froid dans le dos : même les observateurs les plus prudents s’attendent à l’avènement d’une seconde Guerre froide et à une nouvelle « course à l’armement ».

De son côté, l’administration Trump estime qu’avec la menace d’un retrait ou son retrait effectif du FNI, elle sortirait haut la main des négociations avec les grandes puissances balistiques.

Les prochaines évolutions nous diront si le monde entrera dans une nouvelle course aux armements ou si la Chine consentira à signer le traité FNI.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV