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Affaire Khashoggi: l'impact sur les Émirats arabes unis

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Mohammed ben Zayed (G) accueille Mohammed ben Salmane à l'aéroport d'Abou Dhabi, le 13 décembre 2017. (Archives)

Les temps sont durs pour le couple MBS/MBZ: après avoir provoqué un séisme au cœur du pouvoir de ben Salmane, le sang de Khashoggi commence à entacher le royaume de Ben Zayed. Il est vrai que depuis les révélations faites sur l'implication du clan Salmane dans ce meurtre, les dirigeants émiratis se font trop discrets. De Mohammed ben Zayed, éminence grise de Mohammed ben Salmane, on attendait un appui plus ferme, plus direct. Or, l'intéressé s'est contenté jusqu'ici de ne manifester que sa sympathie et son soutien verbal à MBS. C'est que l'affaire risque également de faire des "victimes" aux Émirats arabes unis (EAU).

Mais ce n'est pas tout: certains analystes voient à travers le soutien "réservé" d'Abou Dhabi à MBS, l'écho de combats "fratricides" qui opposent depuis des mois les EAU à l'Arabie saoudite au Yémen.

Mohammed ben Zayed souhaite-t-il secrètement se débarrasser, par affaire Khashoggi interposée, de son "frère et rival" saoudien ? Ce n'est pas si simple: une sénatrice américaine vient de demander une enquête sur l'assassinat des chefs de tribu des régions occupées du sud du Yémen par "les forces recrutées sur l'ordre des Émirats arabes unis". La sénatrice fait allusion aux mercenaires que les Émirats ont chargés de liquider des chefs tribaux yéménites, pro-Riyad.  

Elizabeth Warren, sénatrice démocrate du Massachusetts, a demandé l'ouverture d'une enquête sur le compte des "escadrons de la mort" recrutés et financés par les EAU, lesquels "ont tué des chefs yéménites". Ces escadrons sont commandés pour la plupart par des "vétérans de guerre américains". 

"Si le rapport selon lequel ces Américains ont coordonné des mercenaires rémunérés pour tuer des personnes à l'étranger est exact, cela soulève des questions quant à la responsabilité pénale potentielle des participants et de tous les responsables du gouvernement américain qui auraient pu être au courant de ces activités ou qui les auraient approuvées", a écrit Mme Warren dans une lettre au ministère de la Justice datée du 19 octobre et publiée pour la première fois par BuzzFeed News.

Mme Warren a cité les précédents rapports de BuzzFeed selon lesquels les EAU avaient engagé en 2015 la société américaine Spear Operations Group pour procéder à des assassinats au Yémen. La société aurait engagé d’anciens soldats américains d’opérations spéciales pour finaliser le contrat. 

Cité par BuzzFeed, Abraham Golan, fondateur de la société, l'a bien reconnu: "Il y avait un programme d'assassinats ciblés au Yémen. Je l’ai dirigé. Il a été approuvé par les Émirats Arabes Unis au sein de la coalition."

Les EAU travaillent aux côtés de l'Arabie saoudite dans une guerre au Yémen, guerre soutenue par les États-Unis, l’OTAN, et Israël. Dans sa lettre, Mme Warren a évoqué la loi de 1996 sur le terrorisme, qui interdit à "une personne résidant sur le sol américain de comploter pour assassiner, kidnapper ou mutiler quelqu'un à l'étranger" et réclame une enquête immédiate. Mais la sénatrice n'en reste pas là: elle a aussi envoyé une lettre supplémentaire au secrétaire d'État Mike Pompeo, demandant "des informations indiquant si un responsable du département d'État était au courant de la participation directe d'Américains" aux assassinats.

La réaction du département d'Etat a été immédiate, empreinte d'une feinte surprise: un porte-parole du département d'État a confirmé avoir reçu la lettre de Warren, prétendant avoir été pris au dépourvu "des affirmations selon lesquelles des sociétés privées avaient recruté d'anciens militaires américains pour participer au type d'opérations décrites dans les récents reportages des médias".

Le département d'Etat veut-il refaire le coup du "fake news" ? Quoi qu'il en soit, l'implication des sociétés privées américaines au Yémen et ailleurs est de notoriété publique. Seulement, ce déni pourrait permettre que les Émirats se trouvent eux aussi en ligne de mire, dans le sillage de l'Arabie de Ben Salmane. 

Le département de la Justice des États-Unis n'a pas immédiatement répondu à la demande de la sénatrice américaine mais les semaines à venir pourraient être riches en événements surtout que l’Amérique s'approche à grand pas des élections mi-mandat.

Le reportage de BuzzFeed évoque l'assassinat des dignitaires et des hauts membres du parti al-Islah (Frères musulmans) de Yémen par les éléments de la société américaine Spear Operations Group. En dépit de leur complicité avec Riyad, les Émirats continuent à vouer aux gémonies le parti frériste de Yémen. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV