Samedi soir, les ambassadeurs des Pays-Bas, du Danemark et le chargé d'affaires de la Grande-Bretagne en Iran ont été convoqués au ministère iranien des Affaires étrangères : il s'agissait pour l'Iran de signifier à ces diplomates son indignation et sa protestation : les chefs de la milice terroriste Al-Ahwaziya qui a revendiqué haut et fort l'attaque terroriste du 22 septembre contre le défilé militaire ont leurs bureaux à Londres, à Copenhague et à Amsterdam, soit des villes où ils se plaisent à tenir de temps à autre des réunions.
Le directeur général du département européen au ministère iranien des Affaires étrangères a rencontré en pleine nuit et séparément les ambassadeurs des Pays-Bas et du Danemark et le chargé d’affaire par intérim de l’ambassade britannique à Téhéran pour leur faire part de la "vive protestation" de la RII contre la présence dans ces pays des commanditaires voire de certains auteurs de l’attentat terroriste d’Ahwaz.
« Le ministère a rappelé aux ambassadeurs de ces deux pays européens ainsi qu'au chargé d'affaire britannique que l’Iran avait déjà mis en garde contre la présence des terroristes dans leurs pays respectifs, en exigeant leur arrestation et leur comparution devant la justice. Il est inadmissible que le nom d'Al-Ahwaziya ne figure pas sur la liste noire européenne, alors que ses éléments se livrent à des pires actions terroristes», a indiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qassemi.
Mais qu'exige Téhéran désormais?
L'Iran exige aux trois pays européens non seulement de condamner avec la plus grande fermeté l’attaque terroriste à Ahwaz mais aussi d'arrêter et d'extrader vers l'Iran les "commanditaires et les auteurs de ce crime barbare afin qu'ils soient traduits en justice". Le directeur général du département européen du ministère des Affaires étrangères a ajouté :
« Dès que Daech commet un acte terroriste en Europe, c'est tout le continent qui se mobilise. Les auteurs de l’attentat d’hier à Ahwaz ont eu le comportement pareil à celui de Daech en Europe. Il n'existe pas de bons et de mauvais terroristes et l'Europe ne devra pas discriminer les citoyens des pays du monde suivant leur nationalité ».
À part la France qui a vivement condamné l'attaque terroriste contre le défilé militaire des forces armées iraniennes, laquelle a coûté la vie aux 25 personnes dont une majorité de civils, l'Europe est bien silencieuse. La Grande-Bretagne dont les médias ont eu l'outrecuidance d'interviewer le numéro deux de la milice dans les heures suivant la tuerie d'Ahwaz s'est contentée d'un ridicule tweet sur la page de twitter de son chargé d'affaire à Téhéran. Ni l'Allemagne ni l'Italie ne figurent pas non plus sur la liste des États ayant réagi à une attaque terroriste qui a visé les femmes et les enfants.
Pour toute réponse, les ambassadeurs des Pays-Bas et du Danemark ont exprimé leurs regrets en affirmant qu’ils iraient informer leurs gouvernements respectifs, pourtant si attachés au respect des droits de l'homme. Les diplomates ont toutefois déclaré être prêts à " échanger des renseignements destiné à identifier les commanditaires et les auteurs de l'attaque terroriste".
Et la Grande-Bretagne?
En l'absence de l'ambassadeur, le chargé d’affaire par intérim de l’ambassade britannique a été convoqué au ministère où il lui a été signifié qu'il était inacceptable que « le porte-parole d'un groupuscule terroriste comme Al-Ahwaziya soit autorisé à revendiquer librement la responsabilité de son crime sur l’antenne d’une chaîne de télévision à Londres et que l'Iran se réserve le droit d'y réagir ».
En réponse, le diplomate a condamné l'attentat et exprimé ses regrets et s'est livré à une plaidoirie en faveur de la diplomatie britannique :
« L'ambassadeur qui se trouve maintenant à Londres, a condamné, il est vrai avec un peu retard, l'attaque à Ahwaz. Parallèlement, les responsables du ministère britannique des Affaires étrangères ont pris des positions similaires. Il faut faire face à de tels actes terroristes, où qu’ils se produisent puisque le terrorisme dépasse les frontières ».
Selon les analystes l'attaque terroriste à Ahwaz a très clairement mis au jour les limites du concept de "droits de l'homme" en Europe : alors que la lutte contre le terrorisme sert souvent d'alibi aux ingérences militaristes et guerrières au Moyen-Orient, les pays européens restent très sélectifs quand il s'agit de s'engager, ne serait-ce qu'au stade de la parole, contre les auteurs de la terreur. Les Pays-Bas, le Danemark et la Grande-Bretagne dont le territoire a servi de base-arrière et au QG à la milice Al-Ahwaziya devront réparer cette grave erreur en ouvrant leurs archives au renseignement iranien, en extradant les chefs terroristes, affirme-t-on à Téhéran.
Beaucoup de pays ont condamné l’attaque terroriste d’Ahwaz. Entre autres, le gouvernement d'union nationale de l’Afghanistan a vivement condamné l’attentat dans un communiqué. Le communiqué du palais présidentiel de Kaboul « condamne sérieusement l’attentat terroriste qui a provoqué la mort de plusieurs citoyens iraniens et appelle aux efforts conjoints dans le cadre de la lutte contre le phénomène funeste qu’est le terrorisme ».
La Malaisie, l’Indonésie et les Philippines ont eux aussi condamné l’attaque terroriste du 22 septembre à Ahwaz.